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LA COMMISSION DES DROITS DE
L'HOMME PORTE SON ATTENTION
SUR LA PROMOTION DES DROITS
DES FEMMES ET LA LUTTE CONTRE
LA VIOLENCE À L'ÉGARD DES FEMMES

Arrière

13 Avril 1999


SOIR
HR/CN/99/35
13 avril 1999



Plusieurs délégations présentent les mesures prises
par leurs gouvernements pour promouvoir la condition de la femme


La Commission des droits de l'homme a poursuivi, ce soir, son débat sur l'intégration des droits fondamentaux des femmes et l'approche sexospécifique, qui porte également sur la question de la violence contre les femmes.

De nombreuses délégations participant au débat ont estimé que le protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes représente une contribution majeure à la promotion des droits des femmes en établissant une procédure de plaintes. Des intervenants ont également mis l'accent sur la nécessité d'adopter une approche sexospécifique à tous les niveaux de l'État. À cet égard, la volonté politique des États joue un rôle essentiel, a-t-il été noté. Les représentants de gouvernements ont décrit les mesures adoptées par leur pays en faveur de l'égalité des femmes, de la promotion de leurs droits et de la lutte contre la violation à leur égard. Des organisations non gouvernementales ont notamment souligné que la lutte contre la violence au sein de la famille passe par l'éducation des femmes et des hommes.

Les délégations des pays suivants ont fait des déclarations : Indonésie, République de Corée, Iraq, Nouvelle-Zélande, Géorgie, Haïti, Liechtenstein, Afghanistan, Myanmar, Nicaragua, Lituanie, Bélarus, Israël, République populaire démocratique de Corée, Brésil, République islamique d'Iran et Croatie.

Les organisations internationales suivantes ont pris la parole : Organisation internationale du travail, Comité international de la Croix-Rouge; Fonds des NationsUnies pour la population; Organisation des NationsUnies pour l'éducation, la science et la culture; Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant rouge; Organisation mondiale de la santé; Fonds de développement des NationsUnies pour la femme (UNIFEM). Ont également participé au débat les organisations non gouvernementales suivantes: Parti radical transnational, Christian Solidarity International, Association pour la liberté religieuse, Pax Romana, Human Rights Watch, Conseil international de la réhabilitation pour les victimes de la torture, Organisation mondiale contre la torture, Fédération internationale des ligues des droits de l'homme et Fédération mondiale des femmes des Églises méthodistes et unies.

Demain, à 10 heures, la Commission des droits de l'homme tiendra un débat spécial sur les droits de l'enfant.


Suite du débat sur les droits fondamentaux des femmes

MME LUCIA RUSTAM (Indonésie) a fait état de profonds désaccords de son gouvernement avec le rapport de la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, dont elle a estimé qu'il ressemblait à un rapport d'organisation non gouvernementale. Elle a noté que la Rapporteuse spéciale présente des cas individuels avant l'explication du contexte général. Cette approche peut donner une image erronée de la réalité et donne l'impression que la Rapporteuse spéciale a déguisé la vérité. En outre, l'Indonésie estime que le rapport se fonde sur des préjugés en ce qui concerne la politique du gouvernement dans ce domaine et ne tient pas compte de ses efforts pour redresser la situation. Tous les cas mentionnés sont traités à partir d'un a priori qui semble avoir dirigé les relations de la Rapporteuse spéciale avec les autorités gouvernementales lors de sa visite. En effet, elle a fait montre de plus d'enthousiasme dans ses relations avec des sources non gouvernementales, comme le reflète le rapport. Sur le plan juridique, le rapport stipule de façon générale que les lois indonésiennes sont insuffisantes pour protéger les femmes contre la violence et fait croire que l'Indonésie n'a pas de culture des droits de l'homme, ce qui est une négation totale de la culture et des traditions anciennes de ce pays. Enfin, la longue section du rapport sur la situation à Aceh et en Irian Jaya est indûment sélective et tend à faire croire que la Rapporteuse spécial s'est rendue dans ces régions, ce qui n'est pas le cas.

En ce qui concerne les recommandations du rapport, la représentante de l'Indonésie les a considérées comme non pertinentes, obsolètes et inapplicables. En particulier, la recommandation sur la liberté des organisations non gouvernementales est illogique, a-t-elle estimé, soulignant la liberté d'action que le Gouvernement offre à ces organisations. En conclusion, la représentante a déploré que la Représentante spéciale ait livré ses observations à la presse avant de les livrer à la Commission, ce qui est en totale contradiction avec son mandat. Elle a estimé en outre que lors de leurs missions sur le terrain, les rapporteurs spéciaux devraient s'attacher à tenir un dialogue constructif avec les Gouvernement dans un esprit d'impartialité, de justice, de responsabilité et de transparence.

M. HO-YOUNG AHN (République de Corée) a salué les efforts du Haut-Commissariat aux droits de l'homme en ce qui concerne l'intégration des droits des femmes dans le travail de la Commission. Pour que cette intégration soit complète, l'approche sexospécifique doit être intégrée aux politiques mises en oeuvre par chaque État et se traduire dans la vie quotidienne de chaque individu, a souligné le représentant. Le représentant a regretté que les droits des femmes soient trop souvent relégués au second plan, du fait de nécessités économiques et politiques plus pressantes.

La République de Corée a continué de prendre des mesures concrètes afin de promouvoir la parité hommes-femmes dans chaque secteur de la société. Parmi ces mesures figurent la mise en application de la «loi d'interdiction de la discrimination contre les femmes et mesures d'indemnisation» et l'entrée en vigueur de la «loi spéciale sanctionnant la violence conjugale», a précisé le représentant. La République de Corée se félicite également de l'aboutissement des négociations sur le Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Le représentant salue la prochaine tenue de la session extraordinaire de l'Assemblée générale des NationsUnies intitulée «Femmes 2000; égalité des sexes, développement et paix pour le XXIème siècle».


M. SAAD HUSSAIN (Iraq) a déclaré que son gouvernement accordait une attention particulière à la situation des femmes, trouvant son inspiration dans un Islam vrai et tolérant ainsi que dans la civilisation et l'héritage de l'Iraq. Il a adopté de nombreuses législations qui garantissent le droit des femmes à la santé, à l'enseignement, au travail, à la participation politique et à tout ce qui est apte à améliorer leur condition économique et sociale, à l'élimination de la pauvreté et du chômage. Ces législations permettent une plus grande participation et une meilleure protection des femmes tout en permettant de franchir les barrières sociales et culturelles et de promouvoir l'égalité entre les sexes dans les différents secteurs de la vie. De plus, la Constitution iraquienne contient une règle constitutionnelle portant sur l'élimination de la discrimination contre les femmes. Le Gouvernement iraquien cherche aussi à développer le rôle des organisation non gouvernementales dans ce domaine, a fait valoir le représentant.

Les progrès réalisés pour la protection des femmes en Iraq sont toutefois confrontés au grand défi de l'embargo économique et ses conséquences matérielles et psychologiques. Les maladies dues à l'embargo annihilent les progrès réalisés par les femmes au cours des ans. Les difficultés de l'économie et le bas niveau de vie augmentent le phénomène d'exclusion d'un grand nombre de femmes en ce qui concerne l'accès à l'enseignement à cause des salaires insuffisants, ce qui, à son tour, les prive de participation à la vie publique.

M.ROGER BALL (Nouvelle-Zélande) a estimé que le protocole facultatif se rapportant à la Convention contre toute forme de discrimination à l'égard des femmes représente une contribution majeure à la promotion des droits des femmes. Toutefois, la Nouvelle-Zélande est préoccupée par les graves abus qui persistent et en particulier les cas fréquents d'exploitation sexuelle des femmes et des fillettes. Les conséquences dévastatrices des conflits sur les femmes à travers le monde doivent également être prises en compte dans toute évaluation des progrès réalisés dans les droits des femmes. Rappelant que la responsabilité première de la promotion des femmes incombe à chaque pays, M.Ball a néanmoins souligné que la communauté internationale doit jouer un rôle important pour sensibiliser l'opinion à ces problèmes et dénoncer les violations persistantes des droits des femmes. À cet égard, il s'est prononcé en faveur d'une approche sexospécifique dans toutes les activités des Nations Unies.

M.Ball a en outre appelé l'attention sur les questions de violence contre les femmes, exhortant les États à appliquer les recommandations de la Rapporteuse spéciale sur la question. La Nouvelle-Zélande attache également une grande importance au droit des femmes de contrôler leur sexualité et leur santé génésique. M.Ball, rappelant l'attachement de son pays à la promotion et à la protection des droits des femmes, a déploré que la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes ne soit pas encore parvenue à la ratification universelle.

MME RUSUDAN BERIDZE (Géorgie) a attiré l'attention sur les principales mesures prises par son pays pour la promotion et la protection des droits des femmes. Ainsi, le Président géorgien a créé une Commission d'État pour l'élaboration d'une politique gouvernementale en faveur du développement des femmes. Il a approuvé un Plan d'action pour l'amélioration de la condition de la femme. Enfin, il a mis en application un projet conjoint de développement en faveur des femmes élaboré par la Géorgie et le Programme des Nations Unies pour le développement, a indiqué MmeBeridze.

La représentante géorgienne a toutefois reconnu que les femmes ne participent pas encore suffisamment au processus de prise de décision. En outre, les conflits survenus en Abkhazie et en Tskhinvali ont provoqué le déplacement de 250 000 personnes et la mort de milliers de personnes, principalement des femmes et des enfants. La représentante a déclaré que la connaissance des droits de l'homme n'est pas encore satisfaisante et qu'il est nécessaire de mener de nombreuses actions d'information et de formation, en particulier dans le domaine des droits des femmes.

MME MOETSI DUCHATELLIER (Haïti) a déclaré que des progrès ont été réalisés dans la lutte pour une meilleure protection et pour la défense des droits fondamentaux de la femme. Cependant, si cette évolution est indéniable dans certains pays, on constate que dans d'autres régions du monde la situation ne s'est guère améliorée et s'est même détériorée.

La représentante haïtienne a exprimé sa vive préoccupation devant la progression alarmante de la traite des femmes et des fillettes aujourd'hui. Il est vrai qu'en raison du caractère clandestin du phénomène, il est difficile de connaître son ampleur avec exactitude. Néanmoins, il est admis que les victimes se comptent par centaine de milliers. Dans le contexte actuel caractérisé par une économie mondialisée, la libéralisation économique à outrance et la recherche acharnée du profit, des femmes et des fillettes sont considérées comme des produits négociables sur le marché. L'aggravation de ce phénomène est lié à la persistance au niveau mondial de ses racines profondes et en particulier de la pauvreté, des pénuries et de l'instabilité politique et économique. S'il est vrai que les femmes victimes de cette forme particulièrement abjecte de violence sont pour la plupart originaires des pays en voie de développement, la question affecte tous les États et il est essentiel de s'y attaquer d'urgence et de manière soutenue. Elle a salué et encouragé les efforts de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme qui a fait de la lutte contre la traite des femmes et des enfants aux fins d'exploitation sexuelle un combat prioritaire.

M.NORBERT FRICK (Liechtenstein) s'est félicité de l'adoption du protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toute forme de discrimination à l'égard des femmes qui peut contribuer efficacement à la défense de leurs droits. Il a toutefois estimé que l'arsenal juridique international n'est pas suffisant et que la volonté politique des États est indispensable. C'est dans cet esprit de coopération que le Gouvernement du Liechtenstein a invité MmeRadhika Coomaraswamy, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, à se rendre dans le pays et l'assure que tout sera fait pour appliquer ses recommandations.

M.Frick a en outre exprimé une préoccupation particulière en ce qui concerne la violence exercée contre les femmes lors de conflits armés. Il a également souligné le rôle des femmes en matière de diplomatie préventive et de rétablissement de la paix après un conflit. Estimant qu'il est parfois difficile de sensibiliser les opinions au problème de la violence, il a insisté sur la nécessité d'adopter des mesures préventives et une approche sexospécifique à tous les niveaux de l'État.

M.HUMAYUN TANDAR (Afghanistan) a dénoncé les décrets et les lois régressives anachroniques des Taliban qui ont instauré l'apartheid sexuel dans les régions d'Afghanistan qui se trouvent sous leur contrôle. Selon les Taliban, toutes ces mesures sont pour le bien de la femme, pour sa protection, pour la sauvegarde de sa chasteté et pour exprimer le respect qui lui est dû, a expliqué le représentant afghan.

Le représentant afghan a lancé un appel à la communauté internationale, à l'opinion internationale et à l'Organisation des NationsUnies afin qu'elle vienne en aide aux femmes afghanes victimes de cette répression et de cette violence. Il a déclaré que tous les États et peuples du monde musulman ont le devoir sacré de condamner l'impardonnable falsification du message de la religion islamique par les Taliban pour justifier leurs crimes.

MME CONSTANCE THOMAS (Organisation internationale du Travail) a noté que récemment, en juin 1998, les délégués de la Conférence internationale du travail ont réaffirmé leur foi dans l'indivisibilité des droits des femmes comme faisant partie des droits de l'homme lors de l'adoption de la Déclaration sur les principes et droits fondamentaux au travail. La déclaration repose sur la notion que tous les États, en tant que membres de l'Organisation internationale du travail, ont l'obligation de respecter un ensemble de principes et de droits même s'ils n'ont pas ratifié la Convention. Cet ensemble de droits concerne la liberté d'association, le droit à la négociation collective, l'abolition de toutes les formes de travail forcé ou imposé, l'abolition effective du travail des enfants et l'élimination de la discrimination dans l'emploi.

Alors qu'une attention particulière aux droits des femmes est de la plus haute nécessité, MmeThomas a émis l'espoir que l'intégration de l'égalité entre les sexes sera également traitée par la Commission dans le cadre des travaux préparatoires de la Conférence mondiale contre la discrimination raciale.

MME DAW EI EI TIN (Myanmar) a estimé que beaucoup restait à faire pour améliorer la condition des femmes, en particulier en ce qui concerne la violence à l'égard des femmes. À cet égard, le Myanmar a organisé une consultation régionale pour évaluer l'ampleur de ce phénomène. Toutefois, à l'exception de certains cas de violence, souvent dus à la désagrégation de la structure familiale, la violence à l'égard des femmes reste rare au Myanmar, où il est d'usage de protéger les femmes depuis leur naissance.

Le Gouvernement encourage les organisations non gouvernementales à oeuvrer pour la promotion de la femme et cherche pour sa part à renforcer les droits dont les femmes jouissent déjà au Myanmar, où la condition de la femme est déjà une des meilleures du monde, a déclaré MmeDaw Ei Ei Tin.

MME CAROLINA ORTEGA (Comité international de la Croix-Rouge - CICR) a indiqué que le rôle de son organisation est de s'assurer que les victimes de conflits armés reçoivent protection et assistance en fonction de leurs besoins. Concernant les femmes, le CICR doit d'abord s'assurer qu'elles bénéficient bien des mesures destinées à l'ensemble de la population, puis s'assurer que des mesures spécifiques destinées aux femmes ayant des besoins particuliers soient effectivement adoptées. Elle a également souligné que la femme est appelée à jouer de nouveaux rôles dans les conflits armés et qu'elle voit souvent s'ajouter à ses tâches traditionnelles la responsabilité de la survie de sa famille.

MME CECILIA SANCHEZ REYES (Nicaragua, au nom du Groupe des pays d'Amérique centrale) a affirmé que l'engagement des pays de l'Amérique centrale en faveur de la protection des femmes s'étend à tous les domaines. Les gouvernements de ces pays ont élaboré des politiques pour lutter contre l'exclusion des femmes. Ces pays continueront de renforcer la participation des femmes à la vie de la société. Elles sont d'ailleurs de plus en plus présentes dans tous les domaines, a fait valoir la représentante, notamment au niveau institutionnel.

La représentante a souligné que la situation des femmes et liée à l'état de développement de son pays, ce qui réduit considérablement la marge de manoeuvre. Néanmoins, les pays d'Amérique centrale ont mis en oeuvre des programmes de santé spécifiquement destinés aux femmes. L'accès au crédit de financement pour les micro-entreprises est favorisé. La représentante a en outre déclaré que les pays d'Amérique centrale déploient des efforts pour lutter contre la violence conjugale et promulguer des lois qui protègent la femme et la fillette à l'intérieur de la cellule familiale.

M.BASHIR MUNTASSER (Fonds des Nations Unies pour la population - FNUAP) a estimé que le défi de la prochaine décennie est la mise en pratique du droit à la santé génésique. À cet égard, les pays en développement ont fait des progrès historiques en matière d'amélioration de la santé et de baisse de la natalité. Toutefois, dans beaucoup de pays, en particulier en Afrique, la fertilité et la mortalité demeurent élevées du fait de l'accès limité des femmes aux services de santé génésique et du manque de ressources. M. Muntasser a insisté sur la nécessité d'assurer la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels des femmes, qui contribueront à leur responsabilisation et à leur capacité de s'opposer aux grossesses forcées, à l'avortement ou à la stérilisation.

Depuis sa création, le FNUAP coopère avec les pays pour les aider à formuler et à appliquer des politiques et programmes conformes aux principes de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Il a également établi une étroite collaboration avec le Haut-Commissariat aux droits de l'homme et organisé plusieurs activités conjointes au niveau national et international.

M.AUDRIUS NAVIKAS (Lituanie) a exprimé le soutien de son Gouvernement à la déclaration conjointe de l'Union européenne. Il a déclaré que la Constitution lituanienne prévoit l'égalité de suffrage entre les hommes et les femmes depuis 1922. Les récentes élections parlementaires et locales organisées en Lituanie ont montré la représentation croissante des femmes aux niveaux administratif et politique. Il est à noter que le Gouvernement lituanien a adopté un Programme de promotion des femmes suivi d'un Plan d'action visant sa mise en application. Le représentant a ajouté qu'il existe 45organisations de femmes en Lituanie. Enfin, M.Navikas a signalé la création par son Gouvernement d'une Commission gouvernementale sur les problèmes des femmes et d'un département pour la défense de l'égalité des chances sur le marché du travail.

MME ANNAR GASSAM (Organisation des NationsUnies pour l'éducation, la science et la culture - Unesco) a fait observer que la violence à l'encontre des femmes commence dès le ventre de la mère, contre la femme qui porte l'enfant et contre le foetus féminin. Les femmes n'ont pas le même accès à la santé que les hommes. Les médecins ne doivent pas devenir complices de pratiques visant à détruire le foetus simplement parce qu'il est celui d'une fille, a déclaré Mme Gassam. La représentante de l'Unesco a par ailleurs dénoncé le recours au viol systématique dans les conflits armés, qui a atteint des proportions alarmantes, notamment dans l'ex-Yougoslavie.

En Afghanistan, la situation des femmes ne fait que empirer en raison de la suppression délibérée de leurs droits par les autorités actuelles. L'Unesco, en association avec le bureau humanitaire de la Communauté européenne, a organisé une rencontre à Paris en décembre sur le rôle des femmes afghanes dans l'histoire de leur pays pour que l'opinion publique se mobilise sur le déni quotidien des droits des femmes en Afghanistan.

MME RASHIM AHLUWALIA (Fédération internationale des société de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge) a exprimé sa vive préoccupation devant la violence qui s'exerce contre les femmes, en particulier en période de conflit. La Fédération a d'ailleurs examiné les conséquences de cette violence qui entraîne des traumatismes durables et rappelle que le viol est considéré comme un crime de guerre voir un crime contre l'humanité dans certains cas. Elle a souligné la nécessité de veiller à ce que les femmes soient informées de leurs droits et que les États assurent le respect de ces droits. Pour sa part, la Fédération cherche à faire face aux conséquences de la violence contre les femmes dans plusieurs pays et réfléchit aux moyens d'éradiquer ce phénomène. À cet égard, elle a indiqué qu'il ne serait pas possible de faire cesser cette violence sans la participation des hommes. Il faut s'attaquer aux facteurs contribuant à cette violence, en particulier la pauvreté. Mme Ahluwalia a suggéré que le respect des droits des femmes soit inclus au nombre des indicateurs de développement.

MME TAMARD KHARASHUN (Bélarus) a salué les progrès importants réalisés par la communauté internationale en matière de droits de l'homme mais a estimé que l'application complète des instruments internationaux en ce qui concerne textes les droits des femmes est loin d'avoir été réalisée. Il est nécessaire de tenir compte de tous les aspects sexospécifiques au niveau national et international. Au Bélarus, les femmes composent le groupe social le plus important, a rappelé la représentante. Il s'agit aussi du groupe qui a ressenti le plus douloureusement la période de transition, a-t-elle souligné.

Face à cette dégradation des conditions dans le domaine économique, de la santé et de l'emploi pour les femmes, les autorités du Bélarus ont adopté un plan gouvernemental destiné à l'amélioration de la condition de la femme, qui a permis une amélioration de la participation des femmes à la vie politique et sociale. Le Bélarus a également engagé des mesures de lutte contre la violence contre les femmes, lutte à laquelle le Gouvernement fait participer toute la société.

MME TAMAR RAHAMIMMOFF (Israël) a fait valoir que, depuis la création d'Israël, les femmes ont les même droits que les hommes. En 1998, après de nombreux débats, une nouvelle loi a été adoptée pour faire avancer les droits des femmes. Une loi a mis en place l'Autorité pour la promotion de la condition des femmes, dont le but est de protéger les droits des femmes et d'empêcher la discrimination contre les femmes. Mais la lutte dans ce domaine n'est pas le seul fait du gouvernement, et il y a environ cent organisation non gouvernementales dans le pays qui défendent les droits des femmes dans différents domaines: éducation, législation, assistance aux familles monoparentales, par exemple.

La représentante israélienne a assuré que le problème de la violence contre les femmes reçoit une attention particulière dans son pays. Des programmes de plus en plus nombreux ont pour but de porter assistance à la fois aux victimes et aux auteurs d'actes de violence contre les femmes. Des projets communautaires ont pour but d'éduquer et de sensibiliser le public sur ce problème. MmeRahamimmoff a par ailleurs affirmé que la loi de 1998 sur le harcèlement sexuel est très avancée. Ses dispositions touchent le harcèlement sous toutes ses formes, y compris par la parole ou l'écriture.

M.CHOE MYONG NAM (République populaire démocratique de Corée) a attiré l'attention de la Commission sur le fait que le Japon n'a jamais reconnu ses crimes passés, ni présenté des excuses ou songé à indemniser ses victimes. En effet, le crime du Japon à l'égard du peuple coréen est l'un des pires que l'humanité ait connu, a déclaré le représentant, qui a évoqué la déportation de toute la jeunesse coréenne, mais surtout l'utilisation de 200 000 femmes coréennes comme esclaves sexuelles. Le Japon a cherché par tous les moyens à échapper à sa responsabilité en niant les crimes contre l'humanité commis par le Japon et en refusant de verser toute indemnisation aux victimes malgré les recommandations faites en ce sens lors de la par la Conférence internationale du travail. Le Japon doit liquider son compte avec son passé criminel en faisant des excuses formelles et en versant des indemnisations pour ces crimes.

M. ANTONIO NASCIMENTO PEDRO (Brésil) a comparé les efforts déployés par la Commission des droits de l'homme pour assurer l'intégration de la perspective sexospécifique à l'action entreprise par le Gouvernement brésilien sur le plan interne. Le Brésil considère comme une priorité d'encourager la participation des femmes au processus de décision et a pris des mesures concrètes à cet effet. Le représentant a néanmoins reconnu que les femmes sont toujours sous-représentées dans les postes à haute responsabilité.

Les mesures législatives et leur compatibilité avec le concept de «perspective génésique» représentent également un outil pour s'attaquer au problème de la représentation des femmes, a déclaré le représentant brésilien. Le Brésil souhaite participer activement au processus «Beijing plus 5» a ajouté le représentant.

MME FILIPPA BERG (Organisation mondiale de la santé - OMS) a déclaré que les femmes ont le droit de prendre les décisions qui leur conviennent concernant leur reproduction. Les femmes ont le droit à l'éducation, à l'information, aux services de santé qui leur permettront de protéger leur santé et celle de leur famille. Elles ont aussi le droit à l'égalité et à la non-discrimination sexuelle. Elles ont le droit à la vie privée et à la liberté de ne pas avoir une sexualité faite de violence et de coercition

La représentante de l'OMS a déploré que les droits génésiques des femmes leur sont souvent refusés. Chaque année, au moins 120millions de femmes qui ne veulent pas être enceintes n'ont aucun moyen de l'empêcher. Chaque année, on compte 330 millions de nouveaux cas de maladies sexuelles qui peuvent être traitées et un adolescent sur vingt est infecté. Chaque année, le virus VIH contamine 5,2 millions de personnes, dont la moitié a moins 24 ans. Entre 5 et 15% de ces maladies sont liées à la pauvreté. La représentante a reconnu que la dimension des droits de l'homme et la justice sociale de ces problèmes de santé doivent être pris en compte si l'on veut réaliser des progrès en matière de santé.

MME ZAHRA ZAHERI (République islamique d'Iran) a estimé que la persistance de discriminations à l'égard des femmes, de leur exploitation sexuelle et de la violence à leur égard exige une action internationale concertée. Sur le plan national, l'Iran a initié diverses mesures pour assurer la promotion des femmes. À cet égard, elle a cité un certain nombre de mesures et de statistiques montrant la participation croissante des femmes à la vie sociale et politique, l'effort fourni pour les protéger, en particulier contre la violence, et l'augmentation de leur niveau général d'éducation. À cet égard, elle a souligné le fait que le nombre de femmes accédant à l'université cette année était supérieur de 4% à celui des hommes.

En outre, la représentante a exprimé sa vive préoccupation face à la situation des femmes et des enfants dans les conflits armés et a évoqué tout particulièrement les souffrances des femmes arabes et de leurs enfants dans les territoires occupés par Israël, ainsi que des femmes et des enfants du Kosovo. Elle a également exprimé sa préoccupation face aux tendances croissantes dans les pays européens à adopter des législations restrictives concernant l'exercice par les femmes musulmanes de leur devoirs et obligations religieuses.

MME ROXANNA CARRILLO (Fonds de développement des Nations Unies pour la femme - UNIFEM) a rappelé que son organisation assiste à la fois les gouvernements et les organisations non gouvernementales dans leur travail sur le terrain pour mettre en oeuvre, notamment, les recommandations du Rapporteur spécial sur la violence à l'égard des femmes. L'UNIFEM lutte également contre la violence contre les femmes en diffusant des informations et en facilitant la création de réseaux, a déclaré la déléguée. Pour être efficace et mettre fin à la violence contre les femmes, toute action entreprise doit prendre en compte toutes les dimensions de la violence contre les femmes, de ses causes et de ses conséquences, a-t-elle souligné.

MME LORE DRAGIC (Croatie) a estimé que l'égalité entre les sexes ne sera possible que si les femmes participent plus activement à la vie politique et si elles accèdent aux postes de décision. Le Gouvernement croate est conscient de la nécessité de prendre des mesures pour éliminer les stéréotypes qui restreignent le rôle des femmes à celui de la femme au foyer pour prendre des actions spécifiques dans le but d'augmenter le nombre de femmes qui participent à la vie politique. Elle a fait part de l'intention de son gouvernement de nommer un médiateur pour aider à promouvoir l'égalité entre les hommes et les femmes. L'égalité complète entre hommes et femmes ne pourra être atteinte qu'en travaillant de concert pour que les hommes et les femmes se comprennent mieux, en coordonnant les activités au niveau local et national et grâce aux organisations non gouvernementales.

MME CHIARA STEINDLER (Parti radical transnational) a déclaré que la condition de la femme continue de se détériorer en Afghanistan. Les Taliban ont recours à une interprétation étroite et erronée de l'Islam pour mener une politique de discrimination sans précédent à l'égard des femmes. Les restrictions appliquées aux libertés fondamentales des femmes, notamment leur liberté de mouvement et d'habillement, s'exercent par le truchement de mauvais traitements et de voies de faits. Toute tolérance de ces pratiques, basées sur une fausse interprétation de la charia, par la communauté internationale revient à saper le système et les principes du droit international, a-t-elle estimé. À cet égard, elle a déploré l'appui fourni aux Taliban par certains États et institutions des Nations Unies au risque de leur offrir une légitimité. Elle a estimé que les programmes d'aides et de coopération devraient être suspendus jusqu'à ce que le Gouvernement afghan respecte les droits tant de l'homme que des femmes et a appelé la Commission à condamner par une résolution les pratiques abusives en Afghanistan.

MME JANE TASCA (Christian Solidarity International) a dénoncé les mutilations génitales, précédemment considérées comme des «pratiques inoffensives» par M.Leonardo Franco dans son premier rapport complet à la Commission. La représentante a signalé que 82% des femmes soudanaises sont victimes de mutilations des organes génitaux. MmeTasca a suggéré à la Commission d'utiliser les mécanismes des NationsUnies afin de mettre un terme aux graves violations des droits de l'homme commises au Soudan. Elle a proposé que la Commission prenne des mesures urgentes lutter contre l'esclavage et la vente de femmes, les viols de fillettes et d'enfants et la mutilation sexuelle de femmes.

M.GIANFRANCO ROSSI (Association internationale pour la liberté religieuse) a déclaré que le Programme d'action de Beijing souligne l'importance de réaliser l'égalité des droits des hommes et des femmes, mais reconnaît aussi que tout extrémisme dans le domaine religieux peut exercer un effet négatif sur les femmes et les conduire à la violence et à la discrimination. Au Népal, en Israël, en Afghanistan, en Arabie saoudite, en Iran les droits des femmes sont violés sur la base de la religion. En ce qui concerne l'Islam, le représentant a rappelé qu'en tant que message divin, l'Islam proclame l'égalité en droit de l'homme et de la femme, et que l'inégalité qui existe actuellement est basée sur la doctrine, c'est-à-dire sur l'ensemble des opinions et avis des juristes. Il a prié la Commission de continuer à soutenir pleinement les femmes qui luttent pour leurs droits.

MME ILKA BAILEY-WIE BECKE (Pax Romana) a attiré l'attention de la Commission sur les violations des droits des femmes au Pérou, dénonçant un programme de stérilisation forcée, en particulier des femmes autochtones, ainsi qu'un programme similaire en Indonésie. Mais elle a surtout mis l'accent sur la pratique des viols en Indonésie et l'impunité de leurs auteurs. Soulignant que ceux-communauté internationale sont souvent des membres des forces militaires et de groupes paramilitaires, elle a estimé impératif que ces groupes soient retirés des régions d'Aceh, de Papouasie occidentale et du Timor oriental. Elle a également appelé le Gouvernement indonésien à appliquer les recommandations du Rapporteur spécial sur la violence à l'égard des femmes. Elle a en outre dénoncé la guerre menée par les Taliban contre les femmes en Afghanistan. En conclusion, elle a appelé tous les gouvernements à coopérer avec le Rapporteur spécial pour éradiquer la violence à l'égard des femmes au sein du foyer et a demandé au Rapp
orteur spécial de continuer à dénoncer les pratiques illégales de stérilisation des femmes.

MME WIDNEY BROWN (Human Rights Watch) a dénoncé les violations des droits des femmes commises dans les prisons des États-Unis, en particulier dans l'État du Michigan. Elle a appelé le Gouvernement des États-Unis à ratifier la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et à prendre des mesures concrètes pour mettre un terme à ces graves violations. Elle lui demande de créer et de mettre en oeuvre des mécanismes efficaces pour recevoir les plaintes d'abus sexuels dans les prisons fédérales et locales.

MME JANET RODENBURG (Conseil international de réhabilitation pour les victimes de la torture) a déclaré que le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie a permis d'entamer des discussions sur la différence entre le viol à des fins politiques et le viol à des fins personnelles. Le viol à de fins politiques est perpétré par des militaires ou paramilitaires et utilisé comme un instrument de conquête. Les femmes étant généralement considérées comme des objets en temps de paix, cette attitude est renforcée en temps de guerre. Les femmes sont vues comme étant la propriété de l'ennemi. En dépit du fait que le viol politique est considéré comme un crime depuis 1949, les auteurs sont rarement punis. Le Tribunal pénal de la Haye a statué pour la première fois de l'histoire que le viol est un crime contre l'humanité, c'est-à-dire comparable à la torture et à l'esclavage. Ce qui signifie aujourd'hui qu'au sens légal, les victimes de viol politique sont plus protégées que par le passé.

MME CARIN BENNINGER-BUDEL (Organisation mondiale contre la torture) a attiré l'attention de la Commission sur la situation des femmes en détention. Les femmes détenues sont particulièrement en danger et la violence qui s'exerce à leur encontre est spécifique, notamment du fait que leurs gardiens sont souvent des hommes. Harcèlement sexuel, attaques, viols sont monnaie courante. Au Pakistan, le viol et la violence sexuelle par la police sont une des violations les plus constantes des droits des femmes. La représentante a également dénoncé les violations des droits des femmes en Iran, où la pratique de la lapidation est maintenue et où une sévère ségrégation entre les sexes est imposée. En Afghanistan, la torture publique des femmes par flagellation est l'exemple le plus frappant de violence contre les femmes.

MME JEANNE BILONDA (Fédération internationale des ligues des droits de l'homme) a suggéré que les États consacrent les moyens financiers nécessaires pour mettre en place des infrastructures d'accueil permanent des femmes victimes de mauvais traitements et former des agents capables d'apporter le soutien psychologique et juridique dont ces femmes ont besoin. La lutte contre la violence au sein de la famille passe aussi par l'éducation des femmes et des hommes, mais surtout des petits garçons dès leur plus jeune âge. Car le phénomène de la violence au foyer trouve sa source dans des sociétés où le fait de battre une femme est considéré comme un acte normal, voire une marque de virilité, a souligné la représentante.

MME RENATE BLOEM (Fédération mondiale des femmes des églises méthodistes et unies), au nom de 31 autres organisations) a demandé que le mandat de la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes soit renouvelé et étendu pour qu'elle puisse procéder à une analyse approfondie de la violation des droits économiques, sociaux et culturels en tant que cause de la violence contre les femmes et proposer des mesures qui pourraient aider à éliminer la violence contre les femmes. Elle a tenu a souligner les progrès que représente l'établissement de la Cour internationale de justice pour lutter contre les pires violations dont les femmes sont l'objet. L'éradication de la violence contre les femmes, la responsabilisation des femmes et la promotion de l'égalité génésique n'est pas seulement une préoccupation éthique mais aussi une solution au développement.
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