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LA COMMISSION DES DROITS DE
L'HOMME POURSUIT SON DÉBAT
SUR LES DROITS DE L'ENFANT

Arrière

15 Avril 1999


SOIR
HR/CN/99/40
15 avril 1999



Plusieurs intervenants souhaitent l'adoption d'un instrument fixant
l'âge minimum pour le recrutement dans les forces armées à 18 ans


Poursuivant son débat sur les droits de l'enfant, la Commission des droits de l'homme a entendu, cet après-midi, de nombreuses demandes émanant de pays et d'organisations non gouvernementales soutenant la proposition d'adopter un protocole facultatif portant sur les enfants dans les conflits armés qui fixerait, en particulier, l'âge minimum pour le recrutement dans les forces armées à 18 ans au lieu de 15 ans, comme il est stipulé dans la Convention relative aux droits de l'enfant. Plusieurs ont en outre souhaité que le Groupe de travail chargé de l'élaboration de ce protocole termine ses travaux d'ici l'an 2000.

Certaines délégations ont par ailleurs regretté la lenteur des travaux sur le protocole facultatif à la Convention sur les droits de l'enfant portant sur la vente, la prostitution des enfants et la pornographie impliquant des enfants, tout en saluant les progrès réalisés et en proposant, en particulier de tenir compte de la nécessité de lutter contre la pornographie et la publicité pour le commerce sexuel des enfants sur l'Internet.

Les représentants des États observateurs suivants ont pris la parole : Honduras, Malte, Myanmar, République islamique d'Iran, Saint-Siège, Ouganda, Lituanie, Australie, Slovénie, Suisse, Nicaragua, Israël, Costa Rica, Bélarus. Sont également intervenus les délégations de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, du Comité international de la Croix-Rouge, de l'Organisation des NationsUnies pour l'éducation, la science et la culture, de l'Organisation mondiale de la santé, du Fonds des NationsUnies pour l'enfance, ainsi que les représentants des organisations non gouvernementales suivantes : Union internationale de la jeunesse socialiste, Association pour l'éducation d'un point de vue mondial, Christian Solidarity International, Pax Romana, Human Rights Watch, Organisation mondiale contre la torture, Fédération mondiale des femmes des Églises méthodistes et unies (au nom d'autres Organisations), Association américaine de juristes, Fédération internationale Terre des Hommes, Mouvement mondial des mères, Confédération internationale des syndicats libres, International Educational Development, Comité consultatif mondial de la société de amis (au nom d'Amnesty international), International Save the Children Alliance et Défense des enfants-International.

La Commission devrait terminer son débat sur les droits de l'enfant au cours de la séance de nuit quelle tient de 21 heures à minuit.


Suite du débat sur les droits de l'enfant

MME GRACIBEL BU FIGUEROA (Honduras) a indiqué que 51% de la population du Honduras étant composée d'enfants, les droits de l'enfant sont une préoccupation constante du Gouvernement qui établit des stratégies pour promouvoir le développement, l'égalité et la transformation de la société. Elle a indiqué que le cyclone Mitch a provoqué un accroissement de la pauvreté qui, avec la détérioration de l'environnement, sont les facteurs principaux qui affectent le développement des enfants, À cet égard, elle a indiqué que 67% des enfants du Honduras vivent dans l'extrême pauvreté.

Face à cette situation, le gouvernement met en place des programmes et des plans visant à promouvoir le respect des droits de l'enfant et, en coopération avec des organisations internationales ou non gouvernementales, s'attache à réhabiliter les centres de jeunesse pour créer un environnement sain et sûr et de bonnes conditions de vie pour les enfants et les adolescents.

MME RASHIM AHLUWALIA (Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge) a exprimé sa préoccupation face au grand nombre d'enfants recrutés comme enfants-soldats qui sont victimes des mines terrestres antipersonnel et sont séparés de leurs familles. Suite aux déplacements forcés et à leur course éperdue pour fuir les zones de combats, les enfants se retrouvent souvent seuls et sont victimes d'exploitation, d'abus sexuels et d'autres formes de violence. Un grand nombre d'entre eux sont abandonnés en raison de leur handicap et du coût élevé de leur réadaptation ou sont victimes de discrimination en matière d'accès à l'éducation. La représentante a par ailleurs exprimé sa préoccupation face au phénomène des enfants des rues qui frappe quasiment tous les pays. Rappelant que sa Fédération a mis au point un Plan d'action sur les enfants dans les conflits armés, la représentante a insisté sur l'urgente nécessité de parvenir à un accord sur des normes internationales pour le recrutem
ent et la participation d'enfants dans les conflits armés.

MME JACQUELINE AQUILINA (Malte) a déclaré que tous les États n'ont pas tous les moyens de fournir aux enfants les moyens de réaliser leurs droits économiques, sociaux et culturels. Le Gouvernement maltais a récemment annoncé qu'il envisageait la mise en place d'une «Commission familiale» dont le but est de mettre en oeuvre des politiques visant à renforcer l'unité familiale. Elle se concentrera aussi sur les besoins spécifiques des enfants qui souffrent des conséquences de la séparation des parents après un divorce et le renforcement de services de soutien. En conclusion, la représentante maltaise a demandé de ne pas oublier les enfants du Kosovo, les milliers et les milliers d'enfants réfugiés qui se sont enfuis vers l'Albanie et la Macédoine et qui sont la plupart du temps séparés de leurs familles et soudainement privés d'une vie stable et normale. La Convention sur les droits de l'enfant s'applique à eux aussi.

M.U LINN MYAING (Myanmar) a estimé que les États, qu'ils soient ou non parties à la Convention, ont le devoir de protéger les droits de l'enfant comme ceux des femmes qui représentent les groupes les plus vulnérables des sociétés. Le Gouvernement du Myanmar attache une importance prioritaire à la protection et à la promotion des droits de l'enfant. Il a ainsi adhéré à la Convention et adopté un certain nombre de lois dans ce sens. D'importants succès ont été remportés en particulier en matière d'éducation et de lutte contre l'analphabétisme, a fait observer le représentant, ajoutant que l'éducation est l'un des éléments essentiels des projets de développement des zones frontalières. Les dépenses en matière d'éducation ont été multipliées par 4, ce qui démontre la volonté du gouvernement d'assurer le droit des enfants à l'éducation en dépit des difficultés qu'il rencontre en tant que pays en développement et à économie en transition.

M.ALI KHORRAM (République islamique d'Iran) a souligné que les principes juridiques internationaux n'auront pas d'effet sans la volonté politique des États et la pleine participation de la société civile. Le nombre croissant d'enfants victimes d'exploitation sexuelle, commerciale et économique, victimes du tourisme sexuel, du travail des enfants et du recrutement comme enfants-soldats est injustifiable. Le représentant iranien a déclaré que les auteurs de ces crimes ne doivent pas bénéficier de l'impunité. La protection des droits de l'enfant relève à la fois des niveaux national et international et exige de raviver les valeurs essentielles de la famille et des structures communautaires, ainsi que les institutions susceptibles de promouvoir les droits et les intérêts de l'enfant.

Le représentant iranien a regretté que la communauté internationale n'ait pas encore été en mesure de mettre un terme à l'élaboration des projets de protocoles additionnels portant sur la vente d'enfants et sur l'implication des enfants dans les conflits armés. En ce qui concerne la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie impliquant des enfants, l'insuffisance de normes internationales suffisantes en la matière se fait cruellement ressentir. Tout en approuvant le mouvement pour relever l'âge minimum de participation des enfants aux conflits armés, la République islamique d'Iran estime que d'autres considérations, telle que la distinction entre la formation militaire et la participation proprement dite au conflit, devraient être prises en compte dans le cadre de la mise au point du protocole portant sur l'implication des enfants dans les conflits armés.

M. DANIEL HELLE (Comité international de la Croix-Rouge) a souligné que les enfants représentent une catégorie importante des victimes des conflits armés. Ce n'est pas seulement parce qu'ils représentent une partie importante de la population, mais aussi parce qu'ils font partie des plus vulnérables. Trop souvent les enfants sont séparés de leur famille, ils ont été témoins d'atrocités ou été forcés d'en commettre. Ces enfants ont en général le plus grand mal à se réadapter au sein de la société. Le Comité international de la Croix-Rouge a accueilli avec satisfaction l'intérêt grandissant de la communauté internationale pour la souffrance des enfants affectés par les conflits armés. En ce qui concerne le protocole facultatif sur la participation des enfants dans les conflits armés, le représentant a réitéré son souhait de le voir adopté et a regretté qu'un consensus ne se soit pas encore dégagé. Pour lui, le protocole devrait interdire la participation directe et indirecte des enfants aux hostilités. Plus important encore, il devrait s'appliquer à toutes les parties à un conflit armé. En outre, le représentant a accueilli avec satisfaction l'adoption du Statut de la Cour internationale pénale qui devrait aider à s'assurer que les enfants de moins de 15 ans ne pourront participer aux hostilités.

M.GIUSEPPE BERTELLO (Saint-Siège) a souligné l'importance des travaux des deux groupes de travail chargés de préparer deux projets de protocoles facultatifs concernant, respectivement, la participation des enfants dans les conflits armés et la vente, la prostitution et la pornographie impliquant des enfants. À cet égard, il a rappelé que l'abus des enfants exploités sexuellement est un crime grave et estimé que l'adoption du protocole serait un réponse adéquate, avant tout, aux exigences de clarté et de justice en faveur de ces victimes, mais aussi un geste de solidarité et de sympathie et un sursaut éthique. Rappelant, en outre, que des dizaines de milliers d'enfants sont utilisés comme soldats dans les conflits armés, ce qui a des conséquences dramatiques, privant ces enfants d'une enfance et d'une éducation normales, mais aussi leur apprenant l'agressivité et la violence, M.Bertello a estimé que l'adoption d'un protocole facultatif dans ce domaine revêtait une importance fondamentale et urgente pour la protection des enfants, surtout les plus pauvres. Il a souhaité que les participants aux deux groupes de travail fassent preuve de souplesse et du sens du compromis nécessaires pour aboutir à des textes qui puissent bientôt être adoptés par consensus.

M. HAROLD ACEMAH (Ouganda) a affirmé que son pays est fermement engagé en faveur de l'application de la Convention relative aux droits de l'enfant. Rien ne peut être plus douloureux pour l'Ouganda que les enlèvements systématiques, la torture, la détention, l'esclavage, la mutilation et les meurtres perpétrés contre les enfants, comme cela est la cas depuis douze ans dans le nord du pays. Comme l'affirme le rapport du Secrétaire général sur l'enlèvement d'enfants dans le Nord de l'Ouganda, depuis 1986, une bande armée s'appelant elle-même l'Armée de résistance du Seigneur (Lord's Resistance Army -LRA) a enlevé plus de dix mille enfants âgés de 14 à 16 ans dont plus de la moitié depuis 1995. Le représentant ougandais a dénoncé les activités d'un terroriste notoire, Osama bin Laden, qui achète des enfants esclaves à la LRA et les utilisent dans les plantations de marijuana du Soudan qui servent à financer son réseau terroriste international. Le Gouvernement du Soudan doit assumer sa responsabilité pour ces abominations et chacun sait que la LRA n'existe que grâce à l'appui qu'elle reçoit des ennemis du peuple pacifique de l'Ouganda. Le Gouvernement et le peuple ougandais, pour leur part, sont disposés à assurer la libération et le retour des enfants enlevés par tous les moyens nécessaires.

M. AUDRIUS NAVIKAS (Lituanie) a rappelé que, le 3 juillet 1995, son pays a ratifié la Convention sur les droits de l'enfant. Le texte a été traduit en Lituanien et a été diffusé par des organisations non gouvernementales qui oeuvrent à la protection et à la promotion des droits de l'enfant dans le pays. Par ailleurs, le Conseil des affaires de l'enfance a été établi sous la juridiction du Président de la République. Un programme commencé en 1994 pour aider les enfants issus de milieux sociaux défavorisés, qui ont augmenté de façon sensible ces dernières années, a aidé des enfants par milliers. Malheureusement, le programme manque encore d'efficacité, de rapidité et d'une approche réellement constructive pour la protection des droits et des libertés des enfants. Le représentant lituanien a par ailleurs indiqué que l'enseignement, du secondaire aux niveaux d'éducation supérieure, est gratuit. En outre il existe dans son pays un programme pour les enfants ayant des incapacités mentales. Tout est fait pour que tous les enfants puissent participer davantage à la société.

MME LIVNAR GASSAM (Organisation des NationsUnies pour l'éducation, la science et la culture - Unesco) a attiré l'attention de la Commission sur l'explosion d'images pornographies impliquant des enfants sur l'Internet. À cet égard, elle a évoqué la réunion qui s'est tenue à Paris, sous l'égide de l'Unesco, en janvier dernier, réunissant un grand nombre d'experts sur le thème des abus sexuels, de la pornographie impliquant des enfants et de la pédophilie sur l'Internet. À l'issue de cette réunion, une Déclaration et un Programme d'action ont été adoptés et il a été reconnu que le développement de la pédophilie sur l'Internet constituait un «cybercrime» qu'il fallait combattre. La nécessité d'examiner les conditions socio-économiques permettant le développement de la pédophilie et de la prostitution infantile à travers le monde a également été soulignée. Il a en outre été noté qu'un cadre juridique international était nécessaire pour combattre ces activités. Ce combat nécessite une coalition de tous les acteurs et des enfants eux-mêmes dans un effort de sensibilisation aux dangers de cette nouvelle technologie et des mesures pour punir les responsables de tels actes et protéger les enfants de cette «toile dangereuse», a déclaré MmeGassam, appelant à la coopération de tous les acteurs nationaux et internationaux, des organisations non gouvernementales, des familles et des médias, ainsi que du Rapporteur spécial sur la vente d'enfants, la prostitution et la pornographie impliquant des enfants.

M. ERIC VAN DER WAL(Australie) a souligné que les progrès réalisés dans le domaine des technologies de l'information permettent d'accéder facilement à la pornographie impliquant des enfants. En outre, des enfants, en divers lieux à travers le monde, sont de plus en plus fréquemment impliqués au premier rang des conflits armés. L'Australie est particulièrement préoccupée par le phénomène de l'exploitation du travail des enfants car il met en danger la vie même des enfants et entrave leur développement. L'Australie apporte son aide pour surmonter la cause profonde du travail des enfants, à savoir la pauvreté, par le biais de ses programmes d'aide au développement.

Les efforts déployés par l'Australie pour lutter contre l'exploitation sexuelle des enfants comprennent l'élaboration d'un plan national d'action contre ce phénomène qui devrait être prêt pour l'an 2000. L'an dernier, l'Australie a signé des mémorandums d'accords avec les Gouvernements des Fidji et des Philippines pour lutter contre l'exploitation sexuelle des enfants. Elle espère que les travaux du Groupe de travail chargé d'élaborer un protocole portant sur la vente d'enfants pourront aboutir avant l'an 2000, marquant ainsi le dixième anniversaire de l'entrée en vigueur de la Convention relative aux droits de l'enfant. L'Australie est déçue par la lenteur des négociations au sein du Groupe de travail chargé de l'élaboration du protocole sur la participation des enfants aux conflits armés.

MME EVA TOMIC (Slovénie) a soutenu les propositions faites ce matin par le Représentant spécial du Secrétaire général sur les enfants dans les conflits armés, M.Olara Otunnu, pour venir en aide aux besoins des enfants réfugiés du Kosovo. Elle a souhaité l'entrée en vigueur rapide des statuts de la Cour pénale internationale, qui a juridiction sur les cas d'implication d'enfants dans les conflits armés. Elle a toutefois regretté qu'il n'ait été possible que de limiter l'âge du recrutement des enfants à 15 ans dans le cadre des travaux sur le protocole facultatif relatif à l'implication des enfants dans les conflits armés. La Slovénie souhaite l'interdiction du recrutement avant l'âge de 18 ans.

M. JEAN-DANIEL VIGNY (Suisse) a estimé que la situation des enfants les plus vulnérables nécessite une protection juridique accrue. À cet égard, la Suisse est favorable à l'élaboration au plus tard en l'an 2000, de nouvelles normes plus contraignantes concernant en particulier l'implication des enfants dans les conflits armés, notamment pour porter l'âge minimum d'enrôlement et de participation dans les hostilités à 18 ans. La participation des enfants dans les conflits armés pouvant être considérée comme la pire forme de travail des enfants, la Suisse soutient également une référence explicite à ce problème dans la convention qui doit être adoptée par l'Organisation internationale du travail sur l'élimination des pires formes de travail des enfants. Par ailleurs, la Suisse a exprimé sa déception face aux lenteurs des travaux sur le protocole facultatif portant sur la vente, la prostitution et la pornographie impliquant des enfants et invite les participants à accélérer leurs travaux en vue de l'adoption du protocole en l'an 2000.

Le représentant de la Suisse a en outre déploré le manque de respect des droits des enfants en situation de conflit avec la loi et a préconisé l'application des instruments internationaux, en particulier concernant l'administration de la justice pour mineurs. Enfin, il a estimé qu'il était temps de créer les conditions nécessaires pour que les enfants puissent faire entendre leur voix pour défendre directement leurs droits.

MME CECILIA SANCHEZ (Nicaragua) a souligné que les enfants et les adolescents représentent 53% de la population de son pays et que la catastrophe naturelle du passage de l'ouragan Mitch a eu un impact direct sur les conditions de vie des enfants du pays. Pour pallier ces effets, le Gouvernement a adopté le programme intitulé «Retour à la joie». Le 23 novembre 1998, est entré en vigueur le Code de l'enfant et de l'adolescent, a en outre indiqué la représentante, qui a précisé que des efforts sont actuellement déployés pour assurer sa mise en oeuvre. Elle a souligné que le Nicaragua progresse dans la recherche de stratégies permettant de faire face au phénomène du travail des enfants. Le pays mène ainsi à bien cinq programmes pour venir en aide aux enfants qui travaillent dans l'Ouest du Nicaragua, cette région étant aussi la zone qui a été la plus durement touchée par l'ouragan Mitch.

MME EFUA DORKENOO (Organisation mondiale de la santé) a tenu à attirer l'attention de la communauté internationale sur la pratique des mutilations génitales des fillettes à un moment où un certain nombre de pays semblent faire marche arrière par rapport à leurs engagements passés. Ces mutilations touchent 130millions de femmes dans le monde. Bien que ses incidences en matière de santé et des droits de l'homme posent de graves problèmes, peu d'actions ont été prises dans la perspective sanitaire ou des droits de l'homme des fillettes. Elles sont pourtant deux millions à être victimes de ces pratiques tous les ans. Ces mutilations ont des conséquences sur la santé des femmes toute leur vie durant et cela renforce l'inégalité dont souffrent les femmes et les fillettes dans les communautés concernées par ces pratiques. Après une explication de la façon et des moyens par lesquels ces mutilations génitales sont opérées, la représentante a indiqué les différents instruments internationaux condamnant ces pratiques. Elle a ensuite réaffirmé la nécessité d'une protection efficace des droits de l'homme des fillettes, y compris de leur droit à l'intégrité physique.

MME LETITIA CASATI (Paraguay) a appelé à l'adoption rapide d'un protocole facultatif relatif aux enfants dans les conflits armés. Elle a indiqué que son gouvernement était engagé, en coopération avec les acteurs de la société civile, à protéger et à promouvoir les droits des enfants à travers un programme national. En matière d'éducation, l'accent est mis sur l'amélioration de l'éducation primaire. Un programme destiné à améliorer la qualité de vie des mères et des nouveaux-nés a en outre été lancé. Elle a toutefois déploré que l'aggravation de la situation économique pousse de plus en plus d'enfants à travailler. Le Gouvernement paraguayen déploie des efforts en direction des enfants des rues et de leurs familles pour remédier à ce problème. De nombreuses associations mènent aussi des activités de promotion de l'éducation. L'élimination de l'exploitation des enfants sous toutes ses formes, la création d'un environnement économique et social favorable, l'éradication du travail des enfants, l'améliorat
ion de l'éducation primaire et une attention sanitaire adéquate sont les défis à relever pour garantir les droits de l'enfant. Ces efforts nécessitent la coopération de tous, a-t-elle conclu.

MME TAMAR RAHAMIMOFF (Israël) a souligné que si, en théorie, tous les enfants devraient jouir de chances égales en matière d'éducation et entrer dans la vie sur un pied d'égalité, dans la réalité, des disparités existent entre les enfants issus de milieux socio-économiques élevés et ceux qui sont moins privilégiés. Malheureusement, en Israël, 22% des enfants vivent dans la pauvreté, a reconnu la représentante. Dans le domaine de la justice, la représentante israélienne a par ailleurs déclaré qu'un nombre important de décisions de justice font référence à la Convention relative aux droits de l'enfant. Le système judiciaire reconnaît le droit de l'enfant à la dignité humaine, à faire entendre son opinion et à ne pas être soumis au châtiment corporel dans le cadre de mesures d'éducation. En outre, des améliorations législatives significatives ont été apportées et de nouveaux programmes sociaux ont été mis au point pour lutter contre les abus contre les enfants et la violence au sein de la famille, ainsi que pour traiter les questions relatives aux soins de santé, au traitement des mineurs détenus et au travail des enfants. Parmi les mesures prises au niveau législatif, il convient de relever que les responsables d'abus sexuels contre des enfants mineurs encourent des peines plus dures et que l'interrogatoire de mineurs en l'absence d'un parent est interdit.

MME NORA RUIZ DE ÁNGULO (Costa Rica) a déclaré que son pays accorde la plus haute importance à l'adoption des projets de protocoles portant respectivement sur la vente des enfants et la participation des enfants dans les conflits armés. Elle a souligné que la vie des enfants et leur protection est un droit qui commence dès leur conception. Le Costa rica a toujours orienté sa politique vers le bien-être des enfants. Récemment, l'Assemblée législative a pris des mesures qui aggravent les peines prévues par le code pénal pour lutter contre l'exploitation sexuelle des enfants. Le Costa Rica, comme une grande partie des pays ayant des ressources limitées, a besoin de la coopération internationale dans ce domaine. Il faut des méthodes nouvelles pour lutter de façon efficace dans ce domaine, aussi avons nous besoins de ressources et d'experts, a-t-elle déclaré.

MME LESLEY MILLER (Fonds des NationsUnies pour l'enfance - UNICEF) a estimé que l'examen par la Commission d'un point de son ordre du jour consacré aux droits de l'enfant constituait un contribution importante allant dans le sens d'une approche globale. Alors que sera bientôt célébré le dixième anniversaire de la Convention relative aux droits de l'enfant, elle a déploré que des enfants et des femmes soient en train de mourir ou de fuir au Kosovo, tandis que d'autres sont les victimes de violences inouïes dans de nombreux pays en situation de conflit. C'est pour faire face à la poursuite et à l'aggravation de ces abus intolérables que l'UNICEF a proposé l'adoption d'un agenda pour la paix où les droits des enfants figurent parmi les priorités. En effet, la guerre reste un obstacle majeur à la réalisation des droits de l'homme et en particulier de ceux de l'enfant, a-t-elle rappelé. Pour réaliser les droits des enfants, il faut une collaboration et une mobilisation de tous, y compris des enfants eux-mêmes
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M.SERGEI ANOSHKO (Bélarus) a souligné que son pays a adopté un Plan d'action national pour les droits de l'enfant portant sur la période 1995-2000 et qu'une Commission nationale pour les droits de l'enfant a été créée en 1996, dont l'une des tâches essentielles est de contrôler la mise en oeuvre des droits de l'enfant énoncés dans la Convention relative aux droits de l'enfant. Plusieurs sous-programmes ont par ailleurs été mis au point en ce qui concerne les enfants victimes de la catastrophe de Tchernobyl, les enfants handicapés et les enfants orphelins. Malgré tous ces efforts, a reconnu le représentant du Bélarus, la criminalité et le chômage augmentent alors que le nombre des divorces et des familles monoparentales s'accroît.

M.PEMA LHUNDUP (Union internationale de la jeunesse socialiste) a indiqué qu'au Tibet, le droit des enfants est fréquemment violé, et que, par conséquent, les parents décident souvent d'envoyer leurs enfants en exil. En 1998, d'après les informations reçues, 1190 enfants tibétains se sont enfuis du Tibet. Aujourd'hui le plus jeune détenu politique, Gedhun Choekyi Nyima, le 11ème Panchen Lama est toujours détenu en Chine. Il a disparu en 1995 à l'âge de 6 ans et, depuis, la Chine refuse de dire où il se trouve. «En raison des craintes suscitées par la disparition de notre dirigeant spirituel, je fais partie des Tibétains faisant la grève de la faim à l'extérieur du Palais des Nations Unies», a-t-il déclaré, en précisant qu'il en était à son onzième jour de grève de la faim. «Si je meurs dans cette campagne, je n'aurai pas de regret car cette campagne à Genève est une des seules manières non violentes laissées au peuple tibétain pour alerter le monde de la souffrance actuelle du peuple tibétain».

M.DAVID LITTMAN (Association pour l'éducation d'un point de vue mondial) s'est félicité du rapport sur les enfants dans les conflits armés et a souligné la nécessité de leur accorder une protection spéciale. En particulier, il a attiré l'attention sur le sort des enfants handicapés dans ce genre de situation. Les enfants handicapés mentaux ont des besoins spéciaux et doivent jouir d'un environnement pacifique. La majeur partie des conflits se déroule, en outre, dans des pays pauvres où les structures et les soins disponibles sont déjà limités et deviennent inexistantS dans le contexte des conflits. Il a insisté sur la nécessité de reconnaître tous les droits et en particulier les droits des enfants handicapés et de prendre en considération tous les handicaps.

MME JANE TASCA (Christian Solidarity International) a attiré l'attention de la Commission sur les souffrances endurées par les enfants victimes de la guerre au Soudan. Elle a indiqué que depuis le début de l'année, Christian Solidarity International a participé à la libération de plus de trois mille enfants qui étaient réduits à l'esclavage au Soudan. Christian Solidarity International demande à la Commission, au Haut Commissariat aux droits de l'homme et au Fonds des NationsUnies pour l'enfance de mettre sur pied un programme visant à localiser les esclaves et les autres enfants enlevés au sud du Soudan pour être amenés dans le Nord et à assurer leur retour.

M.MARIA-JOSEPH PARES (Pax Romana) s'est déclaré préoccupé par la définition du concept de vente des enfants dans la version actuelle du projet de protocole facultatif sur la vente d'enfants la prostitution des enfants et la pornographie impliquant des enfants. Il est difficile de croire que les nations les plus civilisées aient besoin de qualifier un crime aussi horrible. Le représentant a par ailleurs souligné que l'une des plus graves atrocités dans le monde est la guerre. Les enfants n'ont pas leur place dans la guerre. Concernant le projet de protocole sur l'implication des enfants dans les conflits armés, il est impératif d'augmenter l'âge du recrutement de 15 à 18 ans et cette règle devrait s'appliquer aux recrues tant volontaires que forcées. Il ne faut pas faire de différenciation entre la participation directe ou indirecte. Enfin, aucune réserve ne doit être admise au protocole, a-t-il déclaré.

M.JOANNA WESCHLER (Human Rights Watch) a mis l'accent sur la violence persistante contre les enfants qui a souvent pour conséquence des blessures physiques, des traumatismes psychologiques et parfois la mort. Malgré l'interdiction de la violence contre les enfants par les mécanismes internationaux, elle continue de s'exercer, souvent dans l'impunité. Human Rights Watch est préoccupé par le fait que les systèmes internationaux sont incapables de répondre à ce problème de façon satisfaisante et estime qu'il faudrait nommer un rapporteur spécial sur la violence contre les enfants afin d'attirer l'attention sur ce problème. Afin de ne pas empiéter sur le mandat du Représentant spécial du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés, celui-ci ne s'occuperait pas de la violence dans le cadre des conflits armés mais examinerait par exemple les abus de la police, des autorités carcérales ou en charge des orphelinats, les châtiments corporels, l'usage de la peine de mort contre les enfants et l'échec de l'État à empêcher la violence domestique.

MME LUZ MELO (Organisation mondiale contre la torture) a souligné que la violence contre les enfants et les violations des droits de l'enfant se poursuivent à travers le monde comme l'illustre la situation au Kirghizistan où des interrogatoires sont menés sur des enfants en dehors de la présence de leurs parents, de leurs tuteurs ou de leurs avocats. Au cours des mois de février et mars derniers, au Guatemala, plusieurs enfants des rues ont été victimes de détention arbitraire, de violence sexuelle et de meurtre. Elle a par ailleurs rappelé qu'en 1993, six enfants et deux jeunes adultes avaient été assassinés par des membres de la police militaire lors du massacre de Candelaria, au Brésil, au sujet duquel les procédures judiciaires sont encore loin d'être achevées. Déplorant le manque de possibilités offertes aux enfants pour porter plainte au niveau international pour violations de leurs droits énoncés dans la Convention relative aux droits de l'enfant, le représentant a demandé à la Commission de nommer un rapporteur spécial sur la violence contre les enfants.

MME RENATE BLOEM (Fédération mondiale des femmes des Églises méthodistes et unies et d'autres organisations) a noté que dès leur conception les fillettes font l'objet de discrimination. Quatre ans après Beijing, il y a des pays qui dénient aux femmes leurs droits fondamentaux. Il y a des techniques de sélection dès le foetus. Par ailleurs, de très nombreuses jeunes filles n'ont pas accès aux informations et aux services sociaux leur permettant de protéger leur vie sexuelle. Elles sont vulnérables et sont victimes de viols et dans certains pays elles sont six fois plus atteintes du sida que les garçons. En ce qui concerne le droit à l'éducation, il est courant que les parents refusent à leur filles d'aller à l'école. Les jeunes filles sont forcées de se marier. La représentante a en outre noté que les travail des fillettes est le plus souvent caché. Elle a souhaité la pleine application de la Convention relative aux droits de l'enfant.

MME PATRICIA MORAN (Association américaine de juristes) a exprimé sa profonde inquiétude face à la situation de centaines de millions d'enfants victimes de la misère, de la guerre, des trafiquants en tous genres, de l'exploitation sexuelle et de l'exploitation du travail des enfants à travers le monde. Elle a évoqué la prolifération des sites sur Internet offrant des annonces d'adoption en échange de sommes d'argent ou d'annonces concernant des ventes d'organes. Elle a en outre exprimé son inquiétude face à l'attitude des pays riches au sein du Groupe de travail chargé de l'élaboration d'un protocole facultatif sur la vente, la prostitution et la pornographie impliquant des enfants, qui s'opposent à l'inclusion du trafic d'organes et des ventes aux fins d'adoption dans le protocole. En outre elle a soulevé le problème de définition des différents termes et demandé que le protocole donne une définition générale de la vente ou de la traite des enfants et des définitions particulières de ce que sont les «modalités spécifiques» et les «délits autonomes». Elle a demandé aux pays riches de ne pas confondre l'intérêt supérieur des enfants avec l'intérêt supérieur des riches et de cesser de faire obstruction aux travaux du Groupe de travail.

MME DAGMAR WALTER (Fédération internationale Terre des Hommes) a souligné que la Fédération a récemment publié une étude aux Pays-Bas sur les pires formes du travail des enfants qui, dans ses conclusions, établit une corrélation entre ces formes de travail et le nombre d'enfants travailleurs appartenant à des groupes vulnérables. Elle a en outre jugé alarmant le nombre croissant d'enfants issus de minorités ethniques et de groupes tribaux qui subissent la prostitution forcée. Les enfants réfugiés et migrants sont de plus en plus fréquemment victimes de l'industrie du sexe, a-t-elle souligné. Elle a affirmé que des exemples de trafic d'enfants existent au Cambodge, au Myanmar, au Laos et au Népal. Le nombre de fillettes et de jeunes filles du Népal travaillant comme prostituées en Inde est évalué à 200000. Elle a par ailleurs attiré l'attention de la Commission sur la situation des enfants de la tribu Akha, dans le Nord de la Thaïlande, qui appartiennent à une minorité ethnique marginalisée et sont de plus en plus fréquemment forcés de subir des situations qui ressemblent fort à l'esclavage.

MME JULIET SAYEGH (Mouvement mondial des mères) a déclaré que les droits des enfants font partie des plus hautes priorités dans toute société voulant assurer la paix, la sécurité et une meilleure vie pour les enfants des générations futures. Elle a noté que la plupart des rapports ont montré que les droits des enfants sont loin d'être réalisés dans la plupart des pays. Une implication plus importante de la communauté internationale est essentielle si on veut leur fournir une meilleure protection aux enfants qui en ont besoin. La représentante a déclaré que des familles saines font des communautés saines et des communautés saines crééent des nations saines et un monde sain.

MME BELLAMY (Confédération internationale des syndicats libres) a dénoncé le travail des enfants et leur exploitation économique sous ses pires formes. Dans de nombreux pays, la mise en application des normes et des législations reste un problème majeur. La crise économique mondiale entraîne la recrudescence du travail des enfants et la mondialisation, sans une vraie dimension sociale, est un obstacle de plus au combat contre l'exploitation des enfants. Cette exploitation est une insulte à l'humanité qui met en péril l'éducation, la santé, le développement et l'équilibre psychique de ces enfants. Elle a estimé qu'il fallait prendre en compte le problème de l'extrême pauvreté mais qu'il ne fallait pas faire de la pauvreté un prétexte pour faire travailler les enfants alors que des milliers d'adultes sont au chômage. Elle a appelé à prendre des mesures efficaces pour éradiquer les formes extrêmes du travail et aller de l'avant dans le combat contre l'exploitation des enfants. À cet égard, elle a estimé que les deux protocoles facultatifs en cours d'élaboration allaient dans ce sens. Elle a annoncé le lancement d'une campagne internationale contre le travail des enfants et d'une Charte contre le travail des enfants.

MME CLAIR WALTON (International Educational Development) a souligné que l'hypothèse selon laquelle le VIH/Sida peut être transmis par allaitement maternel a été critiquée en raison du manque de données scientifiques venant étayer cette thèse. En revanche, des preuves suffisantes attestent des dangers qu'il y a à ne pas allaiter les enfants: les NationsUnies ont estimé que l'allaitement maternel pourrait sauver la vie de 1,5 million des d'enfants de moins de cinq ans. La communauté internationale devrait donc réévaluer ses politiques actuelles en ce qui concerne le VIH/Sida et d'allaitement des enfants ainsi qu'en ce qui concerne le traitement du VIH/Sida en général. La représentante a souligné, en particulier, que les enfants réagissent différemment des adultes aux médicaments tels que l'AZT.

M. RACHEL BRETT (Comité consultatif mondial de la société de amis (Quakers) et Amnesty international) a expliqué que l'implication des enfants dans les conflits armés n'expose pas seulement les enfants au danger d'être tués ou blessés, mais viole aussi la plupart des autres droits des enfants. Cette participation des enfants aux conflits armés n'est pas inévitable, il y a de nombreuses façons de l'éviter par l'application des normes régionales, locales et internationales. Aussi longtemps que certains gouvernements refuseront de considérer leur propre recrutement et d'établir un âge minimum à 18 ans pour le recrutement, volontaire ou non, les enfants continueront de participer aux hostilités, a-t-il déclaré.

MME EVA LAFTMAN (International Save the Children Alliance) a attiré l'attention de la Commission sur la situation des enfants soldats, filles comme garçons et l'augmentation de leur implication dans les conflits en cours, notamment en Colombie, en République démocratique du Congo, au Soudan, en Sierra Leone ou à Sri Lanka. Elle a estimé que la protection de ces enfants doit être renforcée et que les programmes de réhabilitation et de réintégration des enfants ayant participé à des conflits armés doivent être soutenus. Elle a insisté sur la nécessité d'une norme claire établissant l'âge limite de recrutement et de participation à des hostilités à 18 ans. À cet égard, elle s'est félicitée des efforts menés dans ce sens par le Groupe de travail chargé d'élaborer un protocole facultatif relatif aux enfants dans les conflits armés. Elle a également salué l'adoption du Statut de la Cour pénale internationale qui établit la responsabilité individuelle criminelle pour l'enrôlement ou l'utilisation des enfants dans les conflits armés. Elle a appelé la Commission et tous les États à adopter ces instruments et à appliquer leurs dispositions au plus vite.

MME VALÉRIE PASCAL (Défense des enfants-International) a souligné la nécessité urgente de disposer de définitions dans le cadre des travaux du Groupe de travail chargé d'élaborer un projet de protocole additionnel se rapportant à la Convention relative aux droits de l'enfant et portant sur la vente d'enfants. Elle a également insisté sur la nécessité pour ces définitions d'être suffisamment larges pour permettre leur acceptation universelle. À cet égard, elle a rappelé que nombre de mécanismes et d'organes des NationsUnies se sont prononcés en faveur d'une définition établissant qu'un enfant s'entend d'un individu de moins de 18 ans.
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