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Le Conseil des droits de l'homme entend de nombreux hauts dignitaires dans le cadre de son débat de haut niveau

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03 آذار/مارس 2014

3 mars 2014

Le Conseil des droits de l'homme a poursuivi, cet après-midi, le débat de haut niveau entamé ce matin en entendant les ministres des affaires étrangères de l'Albanie, de la Croatie, du Canada, du Congo, de l'Érythrée, du Guatemala, de l'Ex-république yougoslave de Macédoine, des Maldives, du Viet Nam, du Venezuela et du Yémen, ainsi que le Ministre de la justice et des droits de l'homme de l'Angola s'exprimant au nom de la Communauté des pays de langue portugaise.

Sont également intervenus le Ministre d'État aux affaires étrangères et au Commonwealth du Royaume-Uni, les Secrétaires d'État aux affaires étrangères de la Slovaquie et de la Slovénie, le Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, le Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, le Sous-Secrétaire aux affaires politiques du Ministère des affaires étrangères des Philippines, le Sous-secrétaire d'État aux affaires étrangères de la Pologne, le Ministre adjoint pour la coopération internationale du Qatar et le Directeur général des affaires juridiques de la Suède, ainsi que le Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population, le Secrétaire général de l'Organisation de la coopération islamique et le Secrétaire général de l'Union interparlementaire.

Les responsables gouvernementaux ont présenté les mesures prises par leur administration en faveur de la promotion et de la protection des droits de l'homme, tant au niveau national qu'international, et ont abordé les questions qu'ils jugent prioritaires dans le cadre des travaux du Conseil, en particulier au cours de la présente session.

La situation des droits de l'homme en Ukraine, en République populaire démocratique de Corée, en Syrie, au Soudan du Sud et en République centrafricaine a retenu l'attention de plusieurs dignitaires, qui ont appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités morales et juridiques sur ces questions.

En fin de séance, les délégations de la République populaire démocratique de Corée, de l'Ukraine, de l'Égypte, de la Fédération de Russie, de Djibouti et du Japon ont exercé le droit de réponse s'agissant de déclarations faites au cours de la journée.

Le Conseil des droits de l'homme tiendra demain à 9 heures une réunion-débat de haut-niveau sur l'intégration des droits de l'homme dans le système des Nations Unies, avant de poursuivre son débat de haut niveau à partir de midi.

Suite du débat de haut niveau

M. OSMAN SALEH MOHAMMED, Ministre des affaires étrangères de l'Érythrée, a déclaré qu'aucune question n'avait attiré autant l'attention des États membres des Nations Unies que la promotion et la protection des droits de l'homme. Et pourtant, il existe une différence considérable entre ce qui a été promis et écrit, et ce qui a été réalisé à ce jour. Il est donc essentiel de regarder quelles sont les lacunes et quels sont les obstacles. Pour le ministre, de nombreuses résolutions depuis la mise en place du Conseil des droits de l'homme ont été adoptées, qui touchent à presque tous les aspects de la vie et qui, pour beaucoup, ouvrent la voie vers un monde meilleur. Mais, en même temps, il a dénoncé dans les débats des «tentatives continuelles pour imposer des questions qui ne relèvent pas des droits de l'homme». Toutefois, quelles que soient les divergences de perception et malgré des «abus», l'amélioration de l'homme et le développement humain prévaudront et guideront notre avenir.

Le Ministre érythréen des affaires étrangères a rappelé que son pays avait récemment présenté son rapport national dans le cadre du deuxième cycle de l'Examen périodique universel, rappelant que ce mécanisme donne à chaque État l'occasion de voir dans quelle mesure il remplit ses obligations à l'égard de son peuple. Dès lors, on ne comprend pas pourquoi on singularise certains États en dehors de ce mécanisme qui est le plus efficace pour la protection et la promotion des droits de l'homme. Il a ainsi dénoncé le fait que, lors de ses sessions de septembre 2012, mars 2013 et juin 2013, le Conseil avait adopté des résolutions condamnant l'Érythrée pour violations des droits de l'homme avant qu'une vérification sur place ait été effectuée, jugeant inacceptable cette procédure, et infondées les résolutions. Il a en outre dénoncé le rôle joué dans la rédaction de ces résolutions d'organisations non gouvernementales qui n'ont «aucune importance sur place» ou d'États ne «connaissent rien ou pas grand-chose à la situation sur le terrain» et sont ouvertement hostiles à son pays. Il a rappelé que l'Érythrée avait demandé sans équivoque que le Conseil des droits de l'homme mette fin aux résolutions de pays et a conclu en réaffirmant l'attachement de son pays aux droits de l'homme.

MME HOORIA MASHHOYR AHMED, Ministre des affaires étrangères du Yémen, a reconnu les difficultés que rencontrait son pays en matière des droits de l'homme, tout en soulignant que quelques progrès avaient été enregistrés, notamment grâce à un dialogue inclusif. Ce processus a abouti à l'adoption d'une constitution qui n'exclut personne, a-t-elle ajouté. Il s'agit maintenant de la mettre en œuvre et de répondre aux besoins des plus faibles. La ministre a ensuite indiqué que son pays avait positivement accueilli la http://www.un.org/french/documents/view_doc.asp?symbol=S/RES/2140%282014%29résolution 2140 du Conseil de sécurité, qui reconnaît l'importance du travail déjà accompli par les autorités yéménites de transition, avant de demander au Conseil de sécurité de se pencher sur les groupes opposés à ce processus, qui, dans certains cas, refusent aux Yéménites le droit à la vie. Il faut que les pays qui financent ces groupes terroristes changent de point de vue, a-t-elle ajouté.

Alors que le Yémen a des besoins spécifiques, notamment pour que sa population parvienne à un niveau de vie décent, les autorités souhaitent que les fonds du pays ne soient plus pillés. Le Gouvernement yéménite organisera en conséquence prochainement des élections et prépare la ratification de nombreux instruments internationaux, dont le Statut de Rome. Il prépare en outre l'adoption de lois sociales, dont une fixant un âge minimum pour le mariage, une autre sur la justice transitionnelle, ainsi qu'une loi contre le terrorisme, a encore déclaré la ministre.

M. LUIS FERNANDO CARRERA CASTRO, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a rappelé que le Guatemala avait signé un Accord de paix en 1996, qui a permis de mettre fin à un conflit armé. Ainsi, depuis 17 ans, l'Accord définit le Guatemala du XXIe siècle et reconnaît notamment le caractère multiculturel et pluriethnique de la nation guatémaltèque. Le Gouvernement est engagé à respecter l'Accord de paix, qui se décline en trois pactes politiques, a précisé le ministre. Le premier prévoit le renforcement des institutions judiciaires et la lutte contre l'impunité, le deuxième organise la lutte contre la faim et la pauvreté et le troisième vise à renforcer les ressources fiscales de l'État et à améliorer la compétitivité du pays.

La lutte contre l'impunité est un pilier de la paix, de la sécurité et de la justice, a souligné le ministre guatémaltèque. À cet égard, le Gouvernement s'est engagé à renforcer et professionnaliser les forces de police, à développer les capacités techniques des institutions gouvernementales, à renforcer les poursuites pénales pour fraude fiscale et à renforcer les capacités pour juger les auteurs de violations des droits de l'homme. Les autorités travaillent également à prévenir la violence. M. Carrera Castro a enfin estimé que le peuple guatémaltèque doit aujourd'hui se réconcilier et lutter contre l'impunité et l'injustice. Citant Nelson Mandela, le ministre a souligné pour conclure que «le Guatemala, comme l'Afrique du Sud, a droit à la réconciliation».

M. NIKOLA POPOSKI, Ministre des affaires étrangères de l'Ex-république yougoslave de Macédoine, a remercié les États qui ont permis à son pays de devenir membre du Conseil en 2014 et a réitéré l'engagement de son pays en faveur d'un Conseil des droits de l'homme efficace et crédible qui soit le principal pilier du système des Nations Unies en matière de droits de l'homme. Le ministre a exprimé sa grave préoccupation face à l'escalade de la violence en Ukraine et a déclaré que l'arrêt immédiat du bain de sang et des violences était la priorité du moment. Il a salué les efforts conjoints de la communauté internationale pour faire réussir au plus vite les efforts en ce sens. Le ministre a dénoncé la situation en Syrie comme «une des crises humanitaire et des droits de l'homme les plus lamentables de l'histoire récente», qui devrait rester une des principales priorités des organes des droits de l'homme du système des Nations Unies. C'est pourquoi, a-t-il expliqué, son pays faisait partie du groupe d'États qui ont demandé dès janvier 2013 au Conseil de sécurité de référer la question à la Cour pénale internationale ou, pour le moins, d'adresser à toutes les parties un message sans équivoque concernant le respect des droits de l'homme et du droit international humanitaire. M. Poposki a de nouveau demandé un arrêt immédiat des atrocités et des violations du droit international. La Syrie doit respecter ses obligations et veiller à la poursuite des responsables. Concernant la République populaire démocratique de Corée, M. Poposki a apporté son ferme soutien aux travaux de la commission d'enquête et annoncé que son pays soutiendrait la résolution présentée lors de la présente session sur la situation des droits de l'homme dans le pays. Il a en outre demandé que les titulaires de mandats de procédures spéciales puissent se rendre en Iran et annoncé que son pays soutiendra la résolution du Conseil des droits de l'homme en ce sens. Il soutiendra en outre les efforts pour renforcer la reddition de comptes et la réconciliation à Sri Lanka et se portera auteur de la résolution sur le Myanmar.

M. Poposki a rendu hommage à la Haut-Commissaire, Mme Navi Pillay, «voix des populations opprimées partout dans le monde», et a réaffirmé son soutien à un Haut-Commissariat aux droits de l'homme indépendant, ainsi qu'aux différentes procédures spéciales. Il a estimé que l'Examen périodique universel constituait l'un des outils les plus précieux pour l'évaluation des droits de l'homme et a rappelé que son pays était passé récemment par le deuxième cycle, ajoutant qu'il examinera de très près les recommandations qui lui ont été faites en février dernier. Le ministre a également fait valoir que son pays avait désormais présenté des rapports à tous les organes conventionnels des droits de l'homme et avait ratifié le Protocole facultatif au Pacte des Nations Unies sur les droits économiques, sociaux et culturels. Il a expliqué les efforts que son pays compte poursuivre pour renforcer les droits de l'homme, y compris pour que les organes nationaux des droits de l'homme soient conformes aux Principes de Paris. M. Poposki a conclu en rappelant que si la quête des droits de l'homme était sans fin, cette quête n'en méritait pas moins qu'on lui consacre les plus grands efforts.

MME DUNYA MAUMOON, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a rappelé les positions de son pays depuis qu'il est membre du Conseil du droits de l'homme, notamment en faveur du droit du peuple palestinien, de la liberté d'expression ou encore des personnes victimes de discriminations. Les Maldives ont été la voix des sans voix, des plus faibles, et des petits États insulaires, a souligné la ministre. Elle a aussi estimé que le droit du peuple palestinien doit être davantage et mieux défendu. Leur drapeau devrait flotter aux côtés des autres aux Nations Unies et une plaque portant leur nom devrait être présente ici dans cette salle.

Mme Maumoon a également souligné la maturité démocratique dont ont fait preuve les nouvelles autorités des Maldives, avec notamment l'adoption depuis novembre dernier de deux lois «historiques» relatives à la traite des personnes et à la torture. Ces changements démocratiques se font sans que se perde l'identité religieuse du pays, a encore déclaré la ministre. S'adressant aux pays partenaires, elle leur a demandé d'aider les Maldives sans les juger, ni tenter de les transformer à leur image. Il faut au contraire travailler dans un esprit de coopération, a-t-elle conclu.

M. MOHAMMED BIN ABDULRAHMAN BIN JASSIM AL-THANI, Ministre adjoint chargé de la coopération internationale du Qatar, a exprimé la satisfaction de sa délégation s'agissant du rôle croissant du Conseil et de ses efforts inlassables visant à promouvoir la coopération internationale et le respect des valeurs et des principes des droits de l'homme. Toutefois, a relevé le Ministre, en dépit des réalisations du Conseil, de nombreuses situations tragiques se prolongent, notamment en Palestine et en Syrie. Le Qatar salue la proclamation par l'Assemblée générale de 2014 comme Année de solidarité avec le peuple palestinien. Malheureusement, bien que de nombreuses parties soient persuadées que la paix au Moyen-Orient est un facteur de développement de la région, Israël continue d'entraver tous les efforts régionaux et internationaux visant à réaliser la paix et mettre un terme à l'occupation subie par le peuple palestinien depuis 1948, a souligné M. Al-Thani.

Par ailleurs, il est certain que la Syrie viole les droits de l'homme et mène une politique systématique de massacres et de destruction des infrastructures, a-t-il poursuivi, en relevant que plus de 150 000 personnes ont été victimes de tueries de masse, de crimes de guerre et d'autres crimes contre l'humanité. Le Qatar condamne les bombardements de la population civile de façon indiscriminée. «La communauté internationale n'oubliera pas que le Gouvernement syrien a utilisé des armes chimiques à la Ghouta et dans d'autres villes syriennes», a-t-il encore souligné. La communauté internationale doit agir conformément au droit international et aux résolutions des Nations Unies pertinentes pour résoudre la crise syrienne. M. Al-Thani a aussi condamné fermement les violations des droits de l'homme systématiques et continues subies par la minorité musulmane des Rohingya au Myanmar, dont l'exemple le plus récent a eu lieu le 14 janvier 2014 dans l'État de Rakhine. Il a appelé les autorités du Myanmar à assumer leurs obligations légales et à mettre un terme à l'impunité. Par ailleurs, le ministre qatarien a exprimé son inquiétude devant la détérioration de la situation en République centrafricaine, appelant ses autorités et la communauté internationale à assumer leurs responsabilités pour traiter les violations des droits de l'homme et lutter contre l'impunité. Enfin, il a déploré les attaques visant des journalistes, appelant à la pleine mise en œuvre du Plan d'action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes.

M. YERZHAN ASHIKBAYEV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a estimé que le Conseil devait agir de manière à maintenir et renforcer la confiance des États dans ses activités. L'utilisation de sources d'information fiables et vérifiées, ainsi que l'engagement constructif des États en faveur du dialogue, conduit de manière respectueuse et sur un pied d'égalité, sont d'une grande importance à cet égard. De même, est-il important d'accorder une grande attention à ce que l'ordre du jour des droits de l'homme ne soit pas politisé.

Le Kazakhstan estime nécessaire d'optimiser le programme de travail et l'ordre du jour du Conseil, a déclaré M. Ashikbayev. Il a jugé indispensable de synchroniser les ordres du jour et programmes de travail des organes conventionnels et des mécanismes intergouvernementaux afin d'éviter de submerger les délégations et les services de conférence. Il s'est dit partisan d'une évaluation du Haut-Commissariat afin d'identifier ses succès et ses difficultés et d'améliorer ainsi ses méthodes de travail. Par ailleurs, M. Ashikbayev a estimé nécessaire d'évaluer les progrès et le suivi dans la mise en œuvre des résolutions, leur adoption devant se faire sur une base biennale ou triennale. Enfin, au vu des implications budgétaires inévitables, le Kazakhstan est convaincu qu'une approche coordonnée et équilibrée est nécessaire dans la création de nouveaux mandats. Par ailleurs, le vice-ministre a évoqué l'action de son pays au sein du Conseil et fait valoir les réalisations du Kazakhstan en matière de droits de l'homme.

M. JOE COSTELLO, Ministre d'État au ministère des affaires étrangères et du commerce de l'Irlande, a souligné que le rapport de la commission d'enquête sur la République populaire démocratique de Corée donne des détails sans précédent sur les atrocités qui ont été commises dans le pays. Ses conclusions et recommandations doivent être prises très au sérieux et l'Irlande appuiera fermement les efforts de suivi. M. Costello a ensuite évoqué les violations des droits de l'homme élémentaires en Ukraine. Tout en se disant soulagé de l'arrêt des violences, il a appelé à une enquête urgente, transparente et impartiale sur les actes de violences perpétrés afin que leurs auteurs soient poursuivis. Soulignant l'importance d'empêcher que ne s'établisse un climat d'impunité, il a souhaité que le panel mis en place par le Conseil de l'Europe puisse commencer à travailler au plus tôt et bénéficie de la coopération nécessaire. Il s'est dit très préoccupé par les événements du week-end et a jugé essentiel le respect de l'intégrité territoriale et de l'indépendance de l'Ukraine. L'Irlande a contribué à alléger les souffrances du peuple syrien et les 26 millions de dollars promis pour la période 2011-2014 en font un des plus généreux contributeurs par habitant à la réponse humanitaire en faveur de ce pays, a déclaré M. Costello, qui s'est félicité de la résolution du Conseil de sécurité qui demande aux parties de faciliter le passage de l'aide humanitaire, jugeant essentielle qu'elle soit respectée par toutes les parties.

La promotion et la protection des droits de l'homme est au centre de la coopération irlandaise au développement, a poursuivi le ministre irlandais, qui a rappelé que le futur programme de développement pour l'après 2015 devait être conforme à l'esprit de la Déclaration du Sommet du Millénaire. Les principes d'égalité, de non-discrimination, notamment pour ce qui est lié au genre, de transparence et de reddition de comptes devront être au centre de tous les objectifs de ce programme et il est important que soient prises en compte les demandes légitimes des citoyens à participer aux prises de décision. Le ministre a ensuite expliqué les initiatives nationales prises pour mettre en œuvre la double vision d'un monde libéré de la peur et du besoin, en limitant d'une part la mortalité et la morbidité chez les enfants de moins de cinq ans, et d'autre part en créant un espace pour la société civile. Il a rappelé que, dans de nombreuses parties du monde, la société civile a été ces dernières années l'objet de pressions croissantes et que l'espace de son engagement a été limité, voire réduit, du fait de législations et de pratiques répressives. M. Costello a rappelé les initiatives prises lors de la session de septembre dernier du Conseil par l'Irlande et un groupe de pays avec un projet de résolution qui invite pour la première fois le Conseil a considérer l'espace accordé à la société civile comme une préoccupation liée aux droits de l'homme . Le premier débat formel sur cette question aura lieu la semaine prochaine, a rappelé M. Costello, qui a souhaité que cette discussion stimule les débats. Le ministre a également déploré les menaces et représailles dont font l'objet des membres de la société civile qui tentent de coopérer avec les Nations Unies. La société civile est plus nécessaire que jamais, a-t-il insisté. Il a dénoncé comme la plus importante jamais connue la discrimination fondée sur le sexe, qui renforce toutes les autres inégalités. Il a également rappelé que son pays lutte contre toutes les discriminations liées à l'orientation ou l'identité sexuelles, s'est dit très préoccupé par l'adoption de lois répressives contre les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres et a cité en exemple l'ampleur et la rapidité des changements réalisés par l'Irlande dans ce domaine. La communauté internationale doit dépasser le stade des mots et prendre des mesures pour réaliser pleinement les droits dans ce domaine. En conclusion, le ministre a affirmé que l'Irlande s'engageait à protéger les modestes acquis dans la promotion des droits de l'homme et à encourager les progrès.

M. PETER JAVORCIK, Secrétaire d'État au Ministère des affaires étrangères et européenne de la Slovaquie, a relevé que le peuple ukrainien venait de montrer son désir profond de liberté et de démocratie. Il est du devoir de la communauté internationale de soutenir l'Ukraine, et la Slovaquie est prête à apporter son aide. Malgré les efforts déployés par le Conseil et ses mécanismes, la situation des droits de l'homme reste critique. Ainsi, la Slovaquie est préoccupée par la situation alarmante des droits de l'homme en Syrie. Il est nécessaire de mettre un terme aux massacres pour démarrer la recherche d'une solution politique. Il est également urgent d'agir s'agissant de la République populaire démocratique de Corée et les recommandations contenues dans le rapport de la Commission d'enquête sur ce pays doivent bénéficier du suivi adéquat. Par ailleurs, les chiffres relatifs aux réfugiés et déplacés internes au Soudan du Sud sont alarmants; une réponse d'urgence est nécessaire pour fournir des abris à ceux qui ont fui leur domicile.

Le Secrétaire d'État slovaque a relevé le rôle indispensable de la société civile dans la promotion de la démocratie, des droits de l'homme et de l'état de droit, en appelant à renforcer la participation des organisations non gouvernementales aux travaux du Conseil. Par ailleurs, l'Examen périodique universel a prouvé son potentiel au cours des dernières années et il sera nécessaire de poursuivre son amélioration à la fin du cycle actuel, dans deux ans. M. Javorcik a encouragé les États à ratifier le Protocole facultatif à la Convention sur les droits de l'enfant instituant une procédure de plainte, qui entrera prochainement en vigueur. Enfin, il a indiqué que le Gouvernement slovaque mettait actuellement au point une Stratégie nationale pour la promotion et la protection des droits de l'homme, qui reflète les obligations internationales de la Slovaquie en matière de droits de l'homme.

M. BOGDAN BENKO, Secrétaire d'État aux affaires étrangères de la Slovénie, s'est dit convaincu qu'il n'est possible de parvenir à la paix et à la sécurité internationale que par le respect des droits de l'homme, raison pour laquelle ceux-ci sont fermement enracinés dans la politique étrangère slovène. Bien qu'elle ne soit pas actuellement membre du Conseil, la Slovénie y demeure un observateur actif et un ferme défenseur de son action et de son mandat et y plaide en faveur d'un suivi le plus efficace possible de la situation dans divers pays.

À cet égard, la Slovénie est bouleversée par les conclusions du rapport de la Commission internationale d'enquête pour la République populaire démocratique de Corée. Compte tenu de la gravité de ce rapport, elle estime que la communauté internationale devrait y répondre de manière appropriée. Par ailleurs, la Slovénie se félicite de la désignation d'une nouvelle experte indépendante pour la République centrafricaine. Elle estime en outre que la communauté internationale devrait s'inquiéter de la situation au Soudan du Sud. En ce qui concerne la situation en Ukraine, la Slovénie estime que la stabilisation à long terme de ce pays n'est possible que par l'intermédiaire d'un dialogue inclusif et par la priorité donnée à des processus et des institutions démocratiques susceptibles de garantir l'état de droit et les droits de l'homme pour tous les citoyens. S'agissant des troubles récents en Bosnie-Herzégovine, elle plaide en faveur d'une approche plus active de l'Union européenne. En conclusion, M. Benko a rendu un vibrant hommage à l'action et à la personnalité de Mme Navi Pillay.

M. HUGO SWIRE, Ministre d'État aux affaires étrangères et au Commonwealth du Royaume-Uni, a déclaré que les populations du monde entier attendent du Conseil des droits de l'homme qu'il défende leurs droits fondamentaux, leurs libertés et leur dignité. Il s'est félicité de la réélection de son pays au Conseil. Le Royaume-Uni travaillera à la protection des plus vulnérables et à la promotion de causes mondiales telles que la fin des violences sexuelles en période de conflit, la pleine participation des femmes dans la consolidation de la paix et l'universalité des libertés d'expression et de religion ou de croyance. M. Swire a salué l'Initiative «Les droits avant tout» du Secrétaire général, estimant qu'en ignorant les violations des droits de l'homme, on sème les graines des futurs conflits et des crises humanitaires. Quand les pays montrent des dispositions sérieuses à travailler avec le Conseil, il faut leur tendre la main, a déclaré M. Swire, qui a cité l'exemple de la Somalie. Il a remercié la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, les Rapporteurs spéciaux et tous ceux qui renseignent sur l'état des droits de l'homme dans le monde. Il s'est aussi félicité du fonctionnement de l'Examen périodique universel. En même temps, on ne peut se taire face à la situation dans les pays qui ne respectent pas les droits de l'homme, a déclaré M. Swire, qui a dénoncé le fait que Sri Lanka n'ait pas été en mesure de mettre en place des commissions d'enquêtes indépendantes et crédibles sur les allégations de violations des droits de l'homme par les deux parties durant le conflit. Il a rappelé que Sri Lanka n'avait pas non plus accepté l'assistance technique extérieure, y compris du Conseil. Il est temps pour le Conseil d'agir et d'appuyer la création d'une enquête indépendante, qui permettra d'ouvrir la voie à une véritable réconciliation.

Le Ministre d'État britannique a souligné que la Commission d'enquête sur la Syrie a pu recueillir des preuves essentielles. S'il condamne tous les auteurs de violations de droits de l'homme, M. Swire a rappelé qu'il incombait en premier lieu aux États d'assurer la protection de leurs propres citoyens. Au lieu de cela, le Gouvernement syrien terrorise sa population. Le Royaume-Uni demande la reconduction du mandat de la commission d'enquête et l'adoption de mesures pour s'assurer que les auteurs de violations des droits de l'homme seront poursuivis en justice. Pour être crédible, le Conseil doit traiter de la situation dramatique des droits de l'homme en Syrie et s'accorder sur une résolution. M. Swire a aussi attiré l'attention sur les résultats de la Commission d'enquête sur la République populaire démocratique de Corée, ajoutant que ce pays avait trop longtemps refusé d'honorer ses obligations internationales; le Conseil ne peut rester les bras croisés et doit agir. Concernant l'Ukraine, le Royaume-Uni appelle au respect de l'indépendance, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du pays. M. Swire a d'autre part dénoncé toutes les lois et mesures discriminatoires à l'encontre des personnes du fait de leur orientation sexuelle, ainsi que la culture de l'impunité face aux violences sexuelles commises en période de conflit. Tout en se félicitant des mesures prises sur ce dernier point, il a rappelé qu'un sommet mondial sur la question avait été convoqué à Londres au mois de juin. Au XXIe siècle, le monde ne saurait comprendre que certains pays n'appuient pas cette initiative, a déclaré M. Swire, qui a conclu en insistant sur l'efficacité de l'action collective des États.

M. BENEDETTO DELLA VEDOVA, Secrétaire d'État aux affaires étrangères de l'Italie, a souligné l'importance d'assurer la cohérence entre les politiques internes et externes en matière de droits de l'homme. Le monde fait face aujourd'hui à de nombreux défis, souvent liés à des violations des droits de l'homme. Les normes des droits de l'homme qui sont faibles entrainent instabilité et conflit, a estimé M. Della Vedova en donnant l'exemple de la situation actuelle en République centrafricaine. Il faut identifier les causes profondes du conflit qui alimentent la violence sectaire. S'agissant du Mali, il est nécessaire de se préoccuper du nord du pays, où l'extrémisme n'a pas été éradiqué. La communauté internationale doit s'attacher à poursuivre le dialogue et l'inclusion sociale pour lutter contre la pauvreté, l'instabilité et l'extrémisme au Sahel, a insisté M. della Vedova.

Le Secrétaire d'État italien a appelé à poursuivre l'aide aux réfugiés et déplacés syriens, et a jugé urgent d'assurer l'accès des acteurs humanitaires. Une pression efficace doit être exercée auprès de toutes les parties au conflit pour qu'elles respectent les règles fondamentales du droit humanitaire. Une solution politique est en outre nécessaire pour garantir l'intégrité du pays. Concernant la Libye, où la transition est complexe, le Conseil doit soutenir les autorités libyennes dans leurs efforts visant à établir un État fondé sur le droit. Une conférence internationale aura lieu à Rome dans trois jours pour discuter de la situation dans le pays, a rappelé M. della Vedova. Au Soudan du Sud, seule une solution politique permettra un règlement durable du conflit. L'Italie se félicite de toute initiative que le Conseil pourrait prendre à ce sujet. La situation en Ukraine devrait pour sa part faire réfléchir le Conseil sur les principes de liberté d'expression et de manifestation. La communauté internationale doit surveiller de près la transition de pouvoir qui se mettra en place dans les semaines à venir pour éviter une justice sélective. M. della Vedova a par ailleurs déclaré que des élections crédibles et justes avaient eu lieu en Afghanistan, permettant à ce pays de poursuivre son chemin vers la démocratie et le respect des droits de l'homme. Il a salué les progrès enregistrés dans ce pays, notamment s'agissant de la situation des femmes. Au Myanmar, les efforts des autorités pour faire avancer le processus historique de réconciliation doivent être soutenus, a par ailleurs estimé le Secrétaire d'État.

M. PHAM BINH MINH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a indiqué qu'en tant que nouveau membre du Conseil, son pays entendait jouer sa part avec le plus haut niveau de responsabilité, ce qui implique de contribuer de manière substantielle aux travaux de cette instance. Il a souligné que le Viet Nam, «partenaire fiable», était disposé à débattre en toute franchise et à œuvrer de manière constructive dans tous les domaines liés aux droits de l'homme, y compris la sécurité sociale, le développement durable, les droits sociaux, économiques et culturels, ainsi que les droits des groupes vulnérables. Il entend susciter un plus grand intérêt du Conseil aux besoins spécifiques des pays en développement.

Le Viet Nam mène une politique de protection et de promotion des droits de l'homme, ce qui est démontré par sa législation, ses politiques et ses succès actuels, illustrés par un taux de croissance tournant autour de 6 ou 7%. Ces dernières années, malgré les difficultés économiques dues en partie au contexte mondial, non seulement le Viet Nam n'a pas taillé dans ses programmes de sécurité sociale mais encore il a renforcé son État providence. À titre d'exemple, en 2011-2012, plus d'un milliard de dollars ont été dépensés en allocations d'assurance santé en faveur des pauvres et des minorités ethniques, des soins pour les enfants de moins de six ans, ainsi qu'en aides ou en exemptions de dépenses de cantine pour les enfants de milieu pauvre ou appartenant à des minorités. Le Viet Nam entend tirer parti de son appartenance au Conseil en 2014-2016, qui reflète la confiance et la reconnaissance de ses partenaires, pour s'inspirer des bonnes pratiques et de l'expérience de la communauté internationale en matière de promotion et la protection des droits de l'homme, a conclu le Vice-Premier Ministre.

M. IYAD AMEEN MADANI, Secrétaire général de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), a déclaré que le Conseil a la responsabilité de garantir la protection des droits de l'homme dans le monde. C'est dans ce contexte que l'OCI appelle les autorités de la République centrafricaine et du Myanmar à protéger les minorités religieuses, notamment les musulmans, victimes respectivement de purification ethnique et de discrimination, a dit M. Madani. Il a ensuite déploré qu'en dépit des nombreuses résolutions, aucune évolution ne pouvait être constatée sur la question palestinienne. La confiscation des terres, la construction du «mur d'apartheid», le blocus de Gaza et toutes les autres violations des droits de l'homme dans ces territoires persistent et doivent être traitées avec la plus grande urgence, a-t-il plaidé, accusant par ailleurs Israël, puissance occupante, de mépriser le droit international.

M. Madani a en outre prévenu que l'islamophobie, si elle n'est pas traitée d'urgence, risque de conduire à des situations incontrôlables. L'adoption de la résolution 16/18 du Conseil des droits de l'homme est dans ce cadre un premier pas, mais il est temps de la mettre en œuvre, a-t-il poursuivi, appelant toute les parties à tenir un dialogue important sur ce sujet, en particulier en ce qui concerne les limites du droit d'expression dans le cadre de la promotion de la haine et de l'intolérance religieuse. Le Secrétaire général de l'OCI a également appelé à la protection de la notion de famille qui, a-t-il ajouté, réunit un homme et une femme, avant de mettre en garde contre toutes les tentatives pour la dénaturer.

M. DITMIR BUSHATI, Ministre des affaires étrangères de l'Albanie, a déclaré que l'histoire nous apprend qu'aucune nation n'a progressé ou prospéré sans assurer le respect des droits de l'homme. Les violations des droits de l'homme systématiques et continues qui ont lieu en Syrie démontrent ce qui peut arriver lorsque la communauté internationale reste indécise. Mais la Syrie n'est pas la seule situation qui nous préoccupe actuellement, a-t-il déploré. En Ukraine, il est crucial qu'un processus politique basé sur des valeurs démocratiques, le respect des droits de l'homme, des minorités et de l'état de droit soit lancé pour remplir les aspirations du peuple ukrainien. Les violations des droits de l'homme commises en Ukraine doivent être l'objet d'enquêtes et les responsables doivent être poursuivis, a-t-il ajouté. L'Albanie salue le rapport récent de la Commission d'enquête sur la situation des droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée, et appelle à une enquête complète de la situation par un tribunal international.

M. Bushati a rappelé que l'Albanie s'est transformée au cours des 20 dernières années d'un régime totalitaire vers une démocratie dotée d'une économie de marché. La promotion et la protection des droits de l'homme est devenue, au cours des années, non seulement une priorité nationale, mais également une partie de la politique étrangère de l'Albanie, a-t-il souligné. C'est pourquoi les autorités ont lancé, en décembre 2009, une invitation permanente aux procédures spéciales. En conclusion, le ministre a évoqué la candidature de l'Albanie au Conseil des droits de l'homme pour la période 2015-2017, une grande responsabilité mais également une chance pour poursuivre la démocratisation de son pays.

M. BASILE IKOUÉBÉ, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la République du Congo, a rappelé «la nécessité de politiques vigoureuses et soutenues en matière de prévention, dont les coûts sont infiniment inférieurs à ceux des opérations de maintien de la paix». Pour lui, «la crise en République centrafricaine est une tragique illustration de la déliquescence de l'État, quand, des années durant, les acteurs politiques n'arrivent à mettre en place des mécanismes appropriés de gestion post-conflit». La République du Congo se félicite de la nomination de Mme Marie-Thérèse Aissata Keita-Bocoum en qualité d'Expert indépendant pour la République centrafricaine. Alors que l'accent doit être mis sur la lutte contre l'impunité, c'est dans cet esprit que le gouvernement congolais a arrêté sur son territoire, le 25 février dernier, trois éléments des milices anti-balaka. Dans son rôle de médiateur, le Président Denis Sassou-Nguesso reste profondément engagé dans la recherche de solutions durables de sortie de crise, a déclaré le ministre.

Par ailleurs, la République du Congo, soucieuse des droits des migrants, appelle les États qui ne l'ont pas encore fait à adhérer à la Convention internationale sur la protection des droits des travailleurs migrants et de leurs familles. M. Ikouébé a estimé qu'une «réflexion au plan international ayant pour base des politiques nationales responsables et une gestion concertée des flux migratoires est nécessaire». Le gouvernement de Brazzaville s'est doté de structures chargées de mobiliser la diaspora congolaise et les Congolais de l'étranger, en élaborant et en mettant en œuvre une politique nationale cohérente en matière de migration, a ajouté le ministre. Après avoir énuméré un certain nombre d'autres actions, notamment dans la lutte contre la traite des personnes, le chef de la diplomatie congolaise a sollicité un soutien accru en vue d'accompagner son pays dans l'introduction de la formation en matière des droits de l'homme dans toutes les sphères de la vie nationale.

MME LYNNE YELICH Ministre d'État chargée des affaires étrangères et consulaires du Canada, citant une étude, a chiffré à 74% la part de la population mondiale vivant dans des pays où leurs droits fondamentaux sont menacés. Alors que de tous aspirent à la paix et au bien-être, de nombreux défis persistent ou éclosent, notamment la haine religieuse, a observé la ministre, qui a affirmé que son pays continuera de défendre les droits des minorités. Elle a appelé la communauté internationale à traduire les auteurs de ces actes en justice.

Mme Yelich s'est ensuite alarmée de la situation des droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée, estimant que l'on peut fermer les yeux, mais pas dire que l'on ne savait pas. Les autorités iraniennes ont également été appelées à garantir la protection et la promotion de tous les droits de l'homme dans leur pays. Enfin, le Canada a fermement condamné le déploiement de forces militaires russes en Ukraine, territoire souverain, a insisté la ministre, qui a dénoncé une violation du droit international. Mme Yelich a ensuite rappelé que le développement d'un pays dépend de l'égalité entre hommes et femmes. Dans ce contexte, elle a appelé tous les États qui maintiennent une domination masculine ou accordent une faible place aux femmes, à remédier à cette situation, citant le combat courageux menée par la jeune militante des droits de l'homme pakistanaise Malala Yousafzai. Les mariages précoces et forcés doivent parallèlement être combattus, de même que les discriminations basées sur l'orientation sexuelle.

M. BABATUNDE OSOTIMEHIN, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a déclaré que de nombreux progrès ont été réalisés depuis la Conférence du Caire de 1995, notamment en matière de mortalité maternelle et d'éducation des filles. Cependant, les informations disponibles font état d'inégalités et de discriminations persistantes dans de nombreux pays et les communautés les plus pauvres de tous les pays connaissent des difficultés importantes. Ainsi, pour M. Osotimehin, les préoccupations de la Conférence du Caire restent pertinentes. Les femmes et les jeunes filles n'ont pas suffisamment accès à l'éducation et aux services de santé sexuelle et génésique, et de nombreuses personnes en sont exclues dès leur naissance.

Le Conseil des droits de l'homme a un rôle clé à jouer pour combler les lacunes en matière de mortalité et de morbidité maternelles, qui constituent des questions de santé mais aussi de justice sociale. «Les droits de l'homme ne doivent pas être l'apanage des favorisés», a plaidé M. Osotimehin. Alors que le programme de développement pour l'après 2015 est discuté, il est nécessaire de faire respecter les droits de l'homme et de célébrer la diversité, a rappelé le Directeur exécutif.

M. ELÍAS JAUA MILANO, Ministre des affaires extérieures du Venezuela, a rappelé que son pays rejetait catégoriquement l'utilisation des droits de l'homme à des fins étrangères à leur nature véritable et en tant que moyen visant à promouvoir des intérêts politiques, en particulier de la part de puissances qui portent ainsi atteinte à la compréhension entre les nations, affaiblissant les principes et normes de la Charte des Nations Unies. Face à ce qu'il a appelé une campagne internationale de mensonges et de faussetés qui présente le Venezuela comme étant en proie au chaos et à la guerre civile, le ministre s'est dit contraint de parler au nom du droit à la paix et à la dignité dont jouit un peuple libre comme le sien. Le Venezuela est libéré de l'analphabétisme, comme l'a reconnu l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), a rappelé M. Milano. Il est aussi libéré de la faim vue comme une fatalité, comme l'a reconnu l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Par ailleurs, la pauvreté a diminué de 25% en dix ans, le taux d'extrême pauvreté ne touchant plus que 5% de la population, a fait valoir le ministre.

Le chef de la diplomatie vénézuélienne a contesté les actions de propagande et d'agitation en matière de communication menées par de puissantes corporations médiatiques nationales et transnationales privées. La communauté internationale doit savoir que cette agression contre la démocratie est de nature politique et idéologique et que son objectif est le renversement d'un gouvernement légitime, a-t-il expliqué. Le ministre a reconnu qu'à l'instar de toute société, le Venezuela rencontrait des problèmes et des défis, parmi lesquels la sécurité citoyenne et le développement économique productif. C'est la raison pour laquelle le gouvernement du Président Nicolas Maduro mène inlassablement un dialogue sans exclusion, dans le cadre de la Constitution et de la législation. C'est dans ce cadre que tous les secteurs de la vie nationale ont été conviés à une Conférence nationale pour la paix. Le Venezuela demande à la communauté internationale d'épauler l'effort de l'État démocratique vénézuélien à défendre la paix et l'égalité obtenues par sa population.

M. ANDERS RONQUIST, Directeur général des affaires juridiques de la Suède, a rappelé que son pays s'est toujours opposé au refus par certains États d'appliquer entièrement la convention relative aux droits de l'enfant sous prétexte de considérations culturelles ou religieuses. Soulignant aussi que la Convention contient des droits civils et politiques pour les enfants, le représentant s'est inquiété de la situation des droits de l'enfant en République Populaire Démocratique de Corée. Il a notamment déploré que le droit à l'alimentation leur soit dénié. Dans ce contexte, M. Ronquist a exprimé le soutien de la Suède au travail de la Représentante spéciale du Secrétaire général sur la violence à l'égard des enfants, Mme Marta Santos Pais, en particulier ses efforts pour appuyer les plans nationaux de lutte contre la violence faite aux enfants.

M. Ronquist a également indiqué qu'il y a 35 ans que son pays a pénalisé les violences faites aux enfants, notamment les châtiments corporels, y compris dans le cadre familial. De plus en plus de pays suivent cette tendance, s'est-il félicité, tout en déplorant que certains pays prennent le chemin inverse, notamment l'Afghanistan qui a adopté une loi restreignant les procédures de témoignages devant la justice dans les cas de violence faite aux enfants. Un tel texte va à l'encontre de la Convention, a-t-il ajouté. Le représentant s'est également félicité de l'attention accrue accordée aux mariages précoces et forcés, notamment au Niger, au Tchad et au Bangladesh. Alors que la Convention relative aux droits de l'enfant célèbre ses 25 ans, il est temps de renforcer la détermination à protéger leurs droits, a-t-il conclu.

M. ARTHUR NOWAK-FAR, Sous-Secrétaire d'État aux affaires étrangères de la Pologne, s'est dit extrêmement préoccupé par la situation en Ukraine, appelant toutes les parties à respecter les normes internationales et l'intégrité du pays. Le déploiement des forces militaires russes en Crimée constitue une violation des obligations internationales qui s'imposent à la Fédération de Russie, a-t-il ajouté, avant d'estimer que seuls le dialogue pacifique et la négociation permettront de trouver une solution durable à cette crise. L'année 2014 marque des anniversaires importants pour la Pologne : 25 ans depuis la chute de l'Union soviétique et 10 ans depuis l'accession de la Pologne à l'Union européenne. Le pays reste fortement engagé en faveur du renforcement de la démocratie, l'état de droit et la bonne gouvernance, a souligné M. Nowak-Far. À ce titre, les conférences organisées dans le cadre du Dialogue de Varsovie pour la démocratie permettent à la société civile, au monde académique et au monde politique de débattre des meilleures manières de promouvoir et protéger les droits de l'homme.

En conclusion, M. Nowak-Far a porté son attention sur la situation des droits de l'homme dans le monde, en déplorant que la crise se poursuive en Syrie, tout comme les violations des droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée, en Iran et au Bélarus.

M. RUI JORGE CARNEIRO MANGUEIRA, Ministre de la justice et des droits de l'homme de l'Angola, s'exprimant au nom de la Communauté des pays lusophones, a souligné que celle-ci avait créé en son sein un réseau des institutions nationales des droits de l'homme avec l'appui du Haut-Commissariat aux droits de l'homme. Un des défis de la Communauté lusophone touche au droit à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, a-t-il expliqué. Les États membres sont unanimes face à l'importance d'une réponse adéquate pour que la population mondiale puisse jouir du droit humain à une alimentation adéquate. Face à cet objectif, ils progressent dans l'élaboration d'une Stratégie de sécurité alimentaire et nutritionnelle. Dans le cadre de ce combat, les pays lusophones ont récemment lancé une campagne intitulée «Juntos contra a fome» («Ensemble contre la faim»), se donnant pour objectif d'en finir avec ce fléau à l'horizon 2025. Par ailleurs, la Communauté lusophone a adopté une résolution en faveur de l'abolition de la peine de mort chez ses membres.

Le ministre angolais a évoqué par ailleurs la situation en Guinée-Bissau, soulignant que la population avait besoin de l'appui et du soutien de la communauté internationale pour faire progresser la démocratie. Enfin, en collaboration avec l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, il a rappelé que le 5 mai avait été déclaré Journée de la langue portugaise. C'est l'occasion, a-t-il observé, de réfléchir au rôle d'une langue utilisée comme moyen de communication par plus de 240 millions de personnes sur quatre continents. Il s'agit d'une juste mesure pour un idiome qui tend à acquérir une pertinence croissance dans la sphère des relations internationales, a-t-il conclu.

M. EVAN P. GARCIA, Sous-Secrétaire aux affaires politiques du Ministre des affaires étrangères des Philippines, a déclaré qu'en tant que membre fondateur du Conseil des droits de l'homme, les Philippines ont appuyé le travail de ce Conseil et mis en œuvre les droits de l'homme dans le pays. Ainsi, le processus de l'Examen périodique universel et les recommandations acceptées dans ce cadre ont abouti à la mise en place de nouveaux mécanismes institutionnels, notamment en matière de lutte contre le trafic des personnes ou le travail domestique. Le Gouvernement a également renforcé les droits civils et politiques des Philippins, notamment de ceux vivant à l'étranger, qui peuvent désormais s'inscrire et voter lors des élections. Le Gouvernement renforce en outre l'égalité entre citoyens, dont ceux membres de la communauté musulmane.

Les Philippines, qui sont candidats au Conseil pour la période 2016-2018, travaillent également avec d'autres sur l'intégration de la question des droits des migrants dans le système des Nations Unies, a assuré le Sous-Secrétaire.

M. ANDERS B. JOHNSSON, Secrétaire général de l'Union interparlementaire (UIP), a indiqué que l'UIP s'attache à sensibiliser les parlements au travail du Conseil et à la contribution qu'ils peuvent apporter à cette fin. En particulier, les parlements doivent contribuer au processus de l'Examen périodique universel, de sorte que les recommandations soient suivies de mesures concrètes. À cet égard, il a appelé le Conseil à solliciter systématiquement les parlements.

L'UIP, qui célèbre son 125ème anniversaire, est une organisation politique qui a été créée pour servir la paix et la coopération, a relevé M. Johnsson, avant de souligner qu'elle œuvre dans de nombreux pays à l'instauration et au renforcement de la démocratie. Seul le dialogue politique permet d'arrêter les conflits, dont les causes sont aujourd'hui multiples. «Un parlement qui représente véritablement la société dans toute sa diversité et qui dispose des moyens de représenter les points de vue de ses électeurs, mais aussi de demander des comptes au gouvernement, est un instrument des plus puissants pour prévenir les conflits, surmonter les divisions de la société et servir les droits de l'homme», a déclaré le Secrétaire général de l'UIP. C'est également dans ce même souci que l'UIP a proposé d'inscrire les droits de l'homme et la démocratie dans les objectifs du développement durable pour l'après 2015. En conclusion, M. Johnsson s'est félicité que le pourcentage de femmes parlementaires ait progressé de 1,5% dans le monde en 2013.

MME VESNA BATISTIÆ-KOS, Ministre adjointe au Directorat général pour les questions multilatérales et mondiales du Ministère des affaires étrangères et européennes de la Croatie, a indiqué que son pays était gravement préoccupé par la situation en Ukraine et a jugé essentiel que soit observée la plus grande retenue, afin d'empêcher une escalade supplémentaire de la crise, de la violence et des violations des droits de l'homme, et qu'une solution soit recherchée de manière pacifique. Il est essentiel d'engager un dialogue politique inclusif permettant de refléter les aspirations légitimes du peuple ukrainien pour son avenir dans le respect des valeurs démocratiques et des droits de l'homme, y compris les droits des minorités, a-t-elle expliqué. Il est essentiel également que la communauté internationale démontre sa solidarité avec le peuple ukrainien en cet instant et qu'elle s'unisse dans son effort d'assistance à l'Ukraine. La Croatie se félicite des initiatives actuelles à cet égard.

Mme Batistiæ-Kos a ensuite évoqué la situation ailleurs dans le monde, mentionnant particulièrement la Syrie. Le Conseil doit démontrer la solidarité de la communauté internationale avec le peuple syrien, a-t-elle souligné. Quant aux événements qui se déroulent dans son voisinage immédiat, la Croatie estime important que toute transition politique soit basée sur les principes démocratiques, l'état de droit et le respect des libertés fondamentales et des droits de l'homme, y compris l'égalité de genre. Celle-ci est en effet une des pierres de touche des droits de l'homme, a affirmé Mme Batistiæ-Kos.

M. HIROTAKA ISHIHARA, Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, s'est dit très préoccupé par la crise en Crimée. Dans ce contexte, il a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et de responsabilité mais aussi à respecter le droit international ainsi que l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Le vice-ministre s'est également inquiété de la situation des droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée, tel que documenté dans le rapport de la commission d'enquête internationale indépendante. De tels crimes contre l'humanité nécessitent une action de la communauté internationale, a ajouté le vice-ministre.

En tant que coauteur d'une résolution sur la situation des droits de l'homme de République populaire démocratique de Corée, le Japon regrette par ailleurs que le gouvernement nord-coréen n'ait toujours pas résolu toutes les questions relatives aux enlèvements, en dépit de ce que demande la communauté internationale. En conséquence, le Japon présentera à nouveau, et avec l'Union européenne, une résolution visant à établir un mécanisme de suivi au rapport de la commission. Le Japon, qui est également préoccupé par les autres crises dans le monde, notamment en Afrique, a décidé d'allouer 320 millions de dollars pour répondre aux conséquences des crises en Afrique, a annoncé M. Ishihara.

Droit de réponse

La République populaire démocratique de Corée a rejeté catégoriquement les interventions basées sur des préjugés politiques. Son représentant a déclaré que la République populaire démocratique de Corée n'était pas une marionnette prête à suivre le Royaume-Uni, les États-Unis et autres pays capitalistes qui souhaitent éliminer le socialisme de la face de la terre. Il est illogique que le Japon fasse la leçon à d'autres en matière de droits de l'homme, alors que ce pays a occupé la Corée pendant un demi-siècle, commettant des crimes contre l'humanité, dont l'esclavage sexuel pendant la guerre. Les pays occidentaux n'ont jamais reconnu les violations des droits de l'homme dont ils se sont rendus coupables, mais continuent de s'ingérer dans les affaires intérieures d'autres pays au prétexte de la promotion et de la protection des droits de l'homme.

L'Ukraine a apporté des précisions s'agissant de la déclaration de ce matin du Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, que le représentant a accusé d'avoir violé les principes de la Charte des Nations Unies en violant l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Des forces armées russes occupent actuellement la Crimée au prétexte de la protection de la minorité russophone, a ajouté le représentant, avant de souligner qu'aucune tension ethnique ou discrimination n'existe en Ukraine, comme le prouvent les rapports des mécanismes des droits de l'homme. Le Président Ianoukovitch a quitté le pays et n'y a plus sa place, conformément à la nouvelle Constitution, a-t-il ajouté, affirmant que les droits de l'homme sont au cœur des mesures prises par les nouvelles autorités ukrainiennes. À l'heure actuelle, le seul élément déstabilisant en Ukraine est la présence de 6000 soldats russes en Crimée. Le représentant ukrainien a conclu en appelant la Fédération de Russie à mettre un terme à l'occupation et à faire preuve de retenue.

L'Égypte a fait part de sa surprise face à la déclaration faite par la Grèce au nom de l'Union européenne, déclaration qui ne mentionne pas la menace terroriste sur son territoire. L'Égypte entend rassurer ses partenaires européens et autres amis et rappelle que le bureau régional du Haut-Commissariat aux droits de l'homme a son siège au Caire.

La Fédération de Russie a déploré le caractère partisan de certaines déclarations concernant la situation en Ukraine. Son représentant a fait état de nombreux cas d'arrestations arbitraires, de tortures et de prises d'églises et de synagogues par la violence de la part de groupes violents. Le 21 février dernier, un accord a été conclu avec le Président Ianoukovitch, sous les auspices de trois pays de l'Union européenne, accord qui n'a finalement pas été respecté. Certaines régions de l'est du pays, ainsi que la Crimée, craignent depuis lors d'être la cible d'attaques extrémistes. Des informations faisant état de l'envoi d'éléments extrémistes ont entraîné la création de milices d'autodéfense, particulièrement en Crimée, a expliqué le représentant russe, pour qui il n'est pas question que la marine russe s'ingère dans les affaires intérieures de l'Ukraine et de la Crimée. Toutefois, c'est à l'appel même des autorités de Crimée qu'une assistance a été fournie par l'armée russe. Si le Conseil de la Fédération a donné son aval à une éventuelle intervention militaire en Ukraine, cela ne signifie pas pour autant qu'une telle action soit imminente, celle-ci dépendant de l'évolution de la situation. La Russie n'entend pas en tout état de cause porter atteinte à l'intégrité territoriale de l'Ukraine.

Djibouti a rejeté les accusations et insinuations contenues dans la déclaration du ministre de l'Érythrée. Djibouti, qui a été un des co-auteurs avec les autres États africains de la résolution sur l'Érythrée, a observé que ce pays continue de refuser de coopérer avec le mécanisme onusien créé par ladite résolution. Si ce pays n'a rien à cacher, il ferait donc mieux de coopérer, a estimé le représentant.

Le Japon a déclaré que son pays a toujours et largement reconnu les souffrances qu'il a infligées aux pays de sa région durant la Deuxième Guerre mondiale. Depuis 70 ans maintenant, le Japon est un État de droit, a ajouté le représentant.

L'Ukraine a insisté sur la violation de son intégrité territoriale par des «mercenaires russes» qui ont violé les accords bilatéraux et multilatéraux existant. Le représentant a ensuite indiqué qu'une loi sur la suppression du russe comme seconde langue officielle de l'Ukraine n'est pas appliquée à ce jour et ne le sera pas, en attendant de nouvelles dispositions.

La République populaire démocratique de Corée a estimé que le Japon continuait de vouloir justifier les crimes commis dans le passé et de refuser de reconnaître sa responsabilité. Pour preuve, l'attitude des autorités japonaises s'agissant des viols pendant la guerre. Le Japon doit accepter sa responsabilité pour les crimes commis, présenter des excuses aux victimes et à leurs familles et enfin poursuivre les responsables.

Le Japon a indiqué que le sanctuaire Yasukuni, sujet de controverse, représente un signe que le Japon ne doit plus jamais faire la guerre à l'avenir et la preuve que la paix, la démocratie et les droits de l'homme sont des composantes importantes du Japon depuis la Seconde guerre mondiale. Le peuple japonais est épris de paix, a souligné le représentant, avant de conclure en appelant la République populaire démocratique de Corée à répondre de façon concrète et constructive aux questions de la Commission d'enquête qui la concernent.

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