E. Quelques observations au sujet de la terminologie

Les contacts avec les personnes handicapées exigent-ils des compétences particulières?

Communiquer avec des personnes handicapées est affaire de personnes et non de handicaps. Lorsque la communication s’opère dans des conditions d’égalité, aucune compétence particulière n’est requise. Les personnes handicapées ne sont pas des personnes «spéciales»; elles se perçoivent peut-être comme telles (ou, plus vraisemblablement, comme les victimes d’une discrimination) lorsqu’il n’y a aucun aménagement pour faciliter leurs échanges avec autrui. Mais si l’environnement a été convenablement adapté (accessoires fonctionnels, interprètes de la langue des signes, accompagnateurs) et que les comportements sont conformes à l’approche sociale et/ou à l’approche fondée sur les droits de l’homme, la communication peut être facile. Les aménagements devraient être considérés non pas comme spéciaux mais comme normaux ou, pour reprendre un terme de la Convention, comme universels.

Dans la rue, les rapports avec les personnes handicapées exigent du bon sens et du respect; dans un milieu professionnel, ils demandent du professionnalisme. Ni plus ni moins que ce qu’attendent de nous nos connaissances ou nos clients non handicapés. Lorsque les règles sont les mêmes pour tout le monde et que chacun est le bienvenu, les rapports s’en trouvent facilités.

Selon la personne que nous devons rencontrer, quelques dispositions et une certaine préparation peuvent se révéler nécessaires. Cela est vrai de toutes sortes d’entretiens et de réunions, et fait partie de notre activité professionnelle quotidienne. Tous les obstacles physiques et linguistiques ont-ils été éliminés? Et les barrières psychologiques?

Dans notre comportement et notre manière d’agir, ne partons pas du principe que les personnes handicapées sont héroïques ou courageuses simplement parce qu’elles ont un handicap. Cela ne fait que souligner la différence. Les personnes handicapées ont leurs forces et leurs faiblesses, exactement comme toutes les autres.

Terminologie

La terminologie employée pour parler des personnes handicapées ou pour communiquer avec elles n’est pas moins importante. Certains mots, certaines expressions peuvent être blessants, déstabilisants et/ou superficiels. Les personnes ne se définissent pas en fonction de leur handicap. Une terminologie adéquate favorise le respect et traduit une meilleure appréciation du handicap. Communiquer convenablement avec toutes les catégories d’interlocuteurs est important. Savoir le faire est essentiel pour les participants qui sont quotidiennement au contact de personnes handicapées, interviennent auprès des autorités pour défendre et réaffirmer leurs droits, conduisent des entretiens ou rédigent des rapports.

Les personnes handicapées et les organisations qui les représentent ont choisi certains termes, telle l’expression «personnes handicapées»; il est alors important de respecter leur choix. Mais la définition d’une terminologie acceptable comporte toujours le risque d’une dérive vers le «politiquement correct», qui peut nuire à la liberté et à la fluidité des propos. Il ne faut cependant jamais oublier que certains termes peuvent renforcer les stéréotypes et offenser les personnes handicapées. Si nous n’employons pas les mots qui conviennent, comment pouvons-nous espérer faire évoluer les mentalités?

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