A. Comment fonctionne le handicap
Le handicap est souvent perçu comme une situation inhérente à la personne – un état de santé qui contraint une personne à
être dans un fauteuil roulant ou à prendre des médicaments, par exemple. Or, comme le montre le présent module, le handicap,
dans la conception moderne, s’analyse comme la conjonction de l’état d’une personne (le fait d’être dans un fauteuil roulant
ou d’être malvoyant, par exemple) et de facteurs environnementaux (des mentalités peu réceptives ou des bâtiments inaccessibles)
qui, ensemble, génèrent le handicap et nuisent à la participation d’une personne à la vie de la société. Ainsi:
- Être dans un fauteuil roulant (facteur personnel) et vivre dans une ville dont les immeubles sont accessibles (facteur environnemental)
permet de participer à la vie de la collectivité dans les mêmes conditions que n’importe qui d’autre: il n’y a pas ou peu
de handicap;
- Avoir une déficience intellectuelle (facteur personnel) et vivre dans une collectivité qui considère que les personnes ayant
ce type de déficience ne peuvent pas voter (facteur environnemental défavorable) est source d’exclusion sociale et de déni
du droit de vote: il y a un handicap.
Les facteurs personnels sont multidimen-sionnels et peuvent être à la fois physiques et socioéconomiques. Citons à titre d’exemple:
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Les facteurs physiques: le genre, l’appartenance ethnique, la déficience (physique, visuelle, auditive, intellectuelle, mentale), la taille et le
poids, etc.;
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Les facteurs socioéconomiques: la fortune, la classe, l’insertion dans la société, le niveau d’instruction, etc.
La conjugaison des facteurs personnels peut rendre le handicap plus lourd ou au contraire plus léger. Ainsi, une personne
qui a un handicap physique mais qui est fortunée pourra peut-être accéder à l’enseignement supérieur et, par là, trouver un
emploi. Cela peut accroître sa participation à la vie de la société et alléger jusqu’à un certain point le poids de son handicap.
Les facteurs environnementaux se répartissent en quatre catégories au moins, à savoir:
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L’accessibilité: villes avec ou sans déclivités, accessibilité des immeubles (rampes, toilettes, écriteaux en braille, etc.), de l’information
(sites web, présentation des documents sous des formes qui en facilitent la lecture), des transports publics, etc.;
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Le droit/la politique: existence d’une protection contre la discrimination ou, au contraire, déni des droits au motif du handicap, politiques en
faveur des pauvres, politiques qui prennent expressément en compte les droits des personnes handicapées ou qui, au contraire,
ne se préoccupent pas de ces personnes, etc.;
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Facteurs socioéconomiques: milieu rural/milieu urbain (les questions d’accessibilité s’y posent dans des termes différents), richesse/pauvreté, réceptivité
de la collectivité à la question du handicap, ouverture de la société au changement, etc.;
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Services: services accessibles à tous ou services séparés (services de santé, institutions éducatives, centres de jeunesse), services
de réadaptation à base communautaire, services d’accompagnement social, coût acceptable des services, etc.;
Les facteurs environnementaux peuvent eux aussi se conjuguer d’une manière qui alourdit le handicap ou qui l’allège. L’attention
grandissante prêtée au handicap se traduit souvent par la coexistence de facteurs environnementaux positifs et négatifs. Ainsi,
il pourra arriver qu’une école soit pourvue d’une rampe d’accès, mais que les moyens de transport restent inaccessibles, si
bien qu’un enfant ayant un handicap physique ne pourra pas se rendre dans cet établissement alors même que le milieu scolaire
est ouvert.
La combinaison de tous ces facteurs détermine la mesure dans laquelle une personne peut participer à la vie de la société
et, partant, la mesure dans laquelle le handicap existe.