AVANT-PROPOS

La Convention relative aux droits des personnes handicapées et son Protocole facultatif ont été adoptés le 13 décembre 2006 et sont entrés en vigueur le 3 mai 2008. Leur adoption a été l’aboutissement d’une vigoureuse revendication des personnes handicapées qui, à travers le monde, demandaient que leurs droits de l’homme soient respectés, protégés et mis en œuvre dans des conditions d’égalité avec les autres.

La Convention célèbre la diversité et la dignité humaines. Ce qu’elle affirme essentiellement, dans son préambule comme dans ses différents articles, c’est que les personnes handicapées sont fondées à jouir de la totalité des droits de l’homme et des libertés fondamentales sans discrimination. En interdisant la discrimination fondée sur le handicap et en disposant qu’il doit être procédé à des aménagements raisonnables pour garantir l’égalité avec les autres, la Convention encourage la pleine participation des personnes handicapées dans tous les domaines de la vie. En instaurant l’obligation de promouvoir une perception positive des personnes handicapées et une conscience sociale plus poussée à leur égard, elle remet en cause les habitudes et les comportements fondés sur des idées stéréotypées, des préjugés, des pratiques préjudiciables et la stigmatisation de ces personnes. En mettant en place un mécanisme d’examen des plaintes, le Protocole facultatif accorde aux personnes handicapées un droit égal à réparation pour toute violation des droits consacrés par la Convention.

Il est important de noter que la Convention et son Protocole facultatif remettent en cause la manière dont le handicap était perçu jusque là – c’est-à-dire comme un problème médical, un motif d’apitoiement ou l’objet d’actions caritatives – et instituent une nouvelle approche, fondée sur les droits de l’homme, qui vise à permettre aux sujets de ces droits de décider du cours de leur existence.

À la faveur de ce changement historique de paradigme, la Convention ouvre des perspectives inédites et appelle un renouveau de la réflexion. Sa mise en œuvre exige des solutions novatrices. Si nous voulons prendre un bon départ, il faut que les objectifs, les concepts et les dispositions de la Convention soient bien compris de toutes les parties prenantes – des agents de la fonction publique aux parlementaires et aux juges, des représentants des fonds, programmes et institutions spécialisées du système des Nations Unies aux spécialistes de secteurs tels que l’éducation, la santé et les services d’appui, des organisations de la société civile au personnel des institutions nationales de défense des droits de l’homme, en passant par les employeurs, les représentants des médias, les personnes handicapées elles-mêmes, les organisations qui les représentent et le grand public.

Si les ratifications de la Convention et de son Protocole facultatif ont progressé rapidement, il n’en va pas de même de notre connaissance des moyens de leur donner effet et d’en surveiller l’application. C’est pour relever ce défi que le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a élaboré le présent Guide de formation relatif à la Convention et à son Protocole facultatif. Il s’accompagne de huit modules de formation conçus pour informer et préparer les personnes qui participent à la ratification, à la mise en œuvre et au suivi de l’application des deux instruments. S’il s’adresse principalement aux animateurs des cours de formation consacrés à la Convention et au Protocole facultatif, il part cependant du principe que chacun de nous a un rôle à remplir. Il convient de donner une large diffusion à ce jeu de matériels de formation; il devrait être utilisé par tous ceux qui souhaitent s’associer à cette entreprise essentielle: mieux faire connaître les droits des personnes handicapées, assurer la mise en œuvre effective de ces droits et, en dernière analyse, bâtir une société favorisant l’inclusion de tous.

Navanethem Pillay

Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme