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Déclarations Haut-Commissariat aux droits de l’homme

Déclaration de la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Louise Arbour, à l’issue de sa visite en Haïti

17 Octobre 2006



Port-au-Prince, 17 octobre 2006


Alors que s’achève ma courte visite en Haïti, permettez-moi de partager avec vous certaines de mes impressions sur la situation des droits humains dans ce pays.
Il me fait d’autant plus plaisir de le faire en ce jour d’importance où l’on célèbre la mémoire de Dessalines, fondateur de la nation haïtienne, qui rassembla le pays tout entier autour d’un idéal de liberté et de dignité de la personne.

Cette visite m’a permis de rencontrer le Président de la République, le Premier Ministre et autres principaux dirigeants du pays, ainsi que d’échanger avec de nombreux secteurs de la société haïtienne. Les échanges ont toujours été chaleureux et très instructifs, et je tiens à remercier tous ceux qui par leur collaboration m’ont permis de réussir ce déplacement et qui ont bien voulu partager avec moi leur évaluation de la situation des droits de la personne dans ce pays, les défis à relever et les projets en cours pour y arriver.

J’ai aussi eu la chance de me rendre aux Gonaïves. Cette brève visite m’a permis de me livrer à une meilleure évaluation de la situation sur le terrain. J’ai découvert là-bas une région meurtrie, frappée par de nombreux désastres, naturels comme humains, mais où une population courageuse lutte dans des conditions très difficiles et ne baisse pas les bras.

Le constat que l’on peut dresser de la situation des droits humains dans le pays est globalement préoccupant. On parle beaucoup des violations des droits civils et politiques, tel que les exécutions extrajudiciaires et la détention arbitraire, mais la situation dans le domaine économique et social est également alarmante, et mérite qu’on y consacre la même énergie.

Rappelons, en cette journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, que les conditions de vie indécentes que subissent les populations les plus pauvres constituent des violations des droits de l’homme. Le droit à la nourriture, à la santé, à un logement convenable ne sont pas respectés pour une très grande tranche de la population haïtienne. J’ai encouragé le Gouvernement et mes collègues de la MINUSTAH à déployer des efforts considérables pour travailler à la pleine réalisation de ces droits fondamentaux. Les conditions de vie difficiles pour la population générale se reflètent dans les conditions de détention inacceptables des gens emprisonnés partout au pays. Aux Gonaïves, j’ai pu constater la gravité de cette situation. Des dizaines de gens sont détenus dans des conditions quasi inhumaines et une grande majorité d’entre eux se retrouvent dans cette situation sans même encore avoir été condamnés, en violation du droit haïtien et du droit international des droits de l’homme.

Il y a là de nombreux problèmes en Haïti qui ne peuvent rester sans solution.
L’optimisme est toutefois permis, car il ressort des rencontres avec les autorités concernées une réelle volonté d’affronter ces problèmes et de régler les violations des droits humains liées à la violence, à l’impunité et à l’absence d’état de droit.
J’ai encouragé le Gouvernement à tenter de procurer des résultats visibles et tangibles, pour permettre aux gens d’espérer et ainsi inciter les mentalités à évoluer, à se convaincre qu’une autre voie est possible, et de toute façon nécessaire.

Certains gestes hautement symboliques mais aussi efficaces peuvent être envisagés, comme par exemple la ratification par Haïti d’instruments de droits de l’homme importants visant a la protection des plus vulnérables. Je pense entre autres à la Convention contre la torture, au Pacte relatif aux droits économiques, sociaux et culturels ainsi que la Convention sur les droits des travailleurs migrants. L’adhésion par ce pays à ces instruments de base permettrait d’envoyer un signal clair à la population haïtienne et la communauté internationale de la volonté de ce Gouvernement de protéger sa population. Il est frappant, en particulier, de constater la situation grave des enfants dans ce pays, tant quant à la violence dont ils sont trop souvent l’objet qu’au manque d’accès aux services essentiels auxquels ils ont droit, particulièrement une éducation publique gratuite, au moins au niveau du primaire, ainsi que des soins de santé adéquats. Le respect d’une société toute entière passe en premier par le respect de ses enfants.

Mon bureau, représenté ici par la section des droits de l’homme de la MINUSTAH, a la volonté d’apporter tout son soutien et sa contribution à ce mouvement de réforme en Haïti et s’engage à appuyer le Gouvernement et à travailler avec la société haïtienne, particulièrement aux cotés de nos partenaires haïtiens défenseurs des droits de l’homme, pour les soutenir dans leur lutte contre l’injustice et la consolidation de l’état de droit en Haïti.

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