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Communiqués de presse Haut-Commissariat aux droits de l’homme

LES DELEGATIONS EN FAVEUR DU RENFORCEMENT DE LA PROCEDURE D’APPEL GLOBAL POUR REMEDIER AUX ECARTS DE FINANCEMENT ENTRE CRISES MEDIATISEES ET CRISES OUBLIEES

17 Juillet 2002



Conseil économique et social
Session de fond de 2002
17 juillet 2002
27 et 28èmes séances plénières – matin et après-midi




Mme Mary Robinson appelle l’ECOSOC
à défendre les droits de l’homme des personnes vulnérables


Reprenant les travaux de sa session de fond de 2002, le Conseil économique et social (ECOSOC) a achevé aujourd’hui son débat consacré aux affaires humanitaires et en particulier à l’assistance économique spéciale, à l’aide humanitaire et aux secours en cas de catastrophe.

A l’issue du débat, après avoir fait état des conclusions issues de la cinquante-huitième session de la Commission des droits de l’homme qui s’est tenue à Genève en début d’année, Mme Mary Robinson a fait part à l’ECOSOC de la nécessité d’inscrire la situation des personnes vulnérables au centre de l’ordre du jour de ses travaux. En effet, les personnes touchées par le virus du sida, les handicapés, les peuples autochtones ainsi que les individus victimes du trafic des êtres humains, voient souvent leurs droits bafoués ou ignorés. L’ECOSOC se doit dans ce contexte de promouvoir les droits de l’homme de ces individus et d’appuyer les institutions créées pour leur venir en aide ou chargées de développer une expertise sur leurs besoins, notamment en termes juridiques.

La question des groupes vulnérables a d’ailleurs une nouvelle fois retenu l’attention de nombreuses délégations. La plupart ont à nouveau apporté tout leur appui à la notion de «culture de protection», mais certaines d’entre elles ont mis en garde contre les dangers que sa mise en oeuvre peut impliquer. C’est ainsi que la représentante de la République-Unie de Tanzanie a jugé irréaliste d’attendre qu’un pays submergé par des demandeurs d’asile soit capable de séparer les véritables réfugiés des combattants armés et a lancé un appel pour l’élaboration d’un cadre global d’assistance visant à appuyer les pays hôtes dans leurs efforts, notamment en termes financiers.

La question des carences financières dont souffre l’assistance humanitaire a d’ailleurs fait l’objet de nombreuses remarques, en particulier en ce qui concerne le renforcement de la procédure d’appel global en tant qu’outil de coordination, de planification stratégique et mécanisme de mobilisation des ressources. Cette procédure d’appel global a précisément été perçue par de nombreuses délégations comme le moyen de remédier aux écarts entre pays en matière de financement ainsi que de faciliter la transition de l’urgence au développement. Le rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire souligne notamment qu’un financement accru de l’aide humanitaire s’impose d’urgence dans un contexte où les courants d’aide humanitaire relevant de la procédure d’appel global ont chuté de 10% en dix ans. Comme l’a souligné la représentante de l’Indonésie, le déclin des ressources allouées risque en particulier d’exacerber les inégalités entre les crises, d’autant qu’il existe une tentation de n’allouer les ressources qu’aux crises médiatiques.

Concernant l’attention à apporter à la notion de transition des secours vers le développement, la nécessité d’approfondir la coopération avec les autres acteurs humanitaires et les organisations régionales a également été au centre de nombreuses déclarations, en particulier de celle de la représentante de l’Afrique du Sud qui a salué les efforts du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) pour renforcer la coopération avec les organisations régionales et en particulier avec la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) qui visent à assurer la transition de l’urgence vers le développement et surtout à renforcer les capacités nationales et régionales. Ces dernières permettraient notamment de consolider les mécanismes d’alerte rapide et, dans le cas de l’Afrique australe, de faire face à une nouvelle sécheresse pouvant résulter du phénomène El nino.

Les représentants des pays et organisations suivants ont pris la parole au cours du débat: Soudan, Organisation internationale du Travail (OIT), Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Organisation internationale pour les migrations (OIM), Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Mongolie, Algérie, Colombie, Nigéria, Bhoutan, El Salvador, Ukraine, Jamaïque, Namibie, République islamique d’Iran, Cameroun, Suriname, Ordre militaire souverain de Malte et FAO. La Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies, Mme Mary Robinson, est également intervenue.

L’ECOSOC ouvrira demain à 10 heures son débat général consacré à l’application et au suivi intégré des résultats des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies.



DÉBAT CONSACRÉ AUX AFFAIRES HUMANITAIRES

Mme DORA MSECHU (République-Unie de Tanzanie) a émis l’espoir que la situation de famine qui ravage en ce moment sa sous-région recevra la réponse qu’elle mérite. Elle a réitéré, à cet égard, le fait que le renforcement de la présence régionale doit aller de pair avec des mesures pour renforcer la capacité des gouvernements et des populations locales afin qu’ils acquièrent les compétences requises dans les domaines de la planification et de la coordination des efforts régionaux. Abordant la question de la culture de la protection, la représentante a jugé irréaliste d’attendre qu’un pays submergé par des demandeurs d’asile soit capable de séparer les véritables demandeurs des combattants armés au moment même où il lutte désespérément pour trouver des infrastructures d’accueil. Pour la représentante, la communauté internationale doit intervenir sous les auspices des Nations Unies. Le temps est venu pour les Nations Unies, a-t-elle insisté, d’élaborer un cadre global d’assistance et d’appuyer les pays hôtes dans leurs efforts.

Revenant à la situation de sa sous-région confrontée à une suite de catastrophes naturelles, la représentante a souligné que ce type de situations exige que l’attention soit accordée aux structures et aux ressources financières nécessaires. Le succès du travail de l’ONU en la matière réside dans une action coordonnée au sein et en dehors du système et parmi les pays hôtes. Il exige aussi des réponses, en temps voulu et efficaces, fondées sur les principes de neutralité, d’humanité et d’impartialité.

M. OMER BASHIR MOHAMED MANIS (Soudan) a indiqué que l’aide humanitaire devrait être fournie à la demande et avec l’autorisation du pays concerné selon les principes d’impartialité et du respect de l’intégrité territoriale. Les procédures d’appels consolidés ont montré leur efficacité mais la détérioration du niveau de réponse à ces appels est préoccupante. La diminution des montants alloués entraîne des difficultés. Le représentant a donc lancé un appel aux donateurs pour qu’ils changent cet état de fait. Certaines méthodes utilisées pour fournir l’aide humanitaire, a-t-il poursuivi, ne font qu’aggraver la situation et, trop souvent, les rares ressources disponibles sont utilisées pour couvrir le coût du transport aérien. Dans ce contexte, d’autres solutions pourraient être envisagées telles que le transport des biens par la route, par voie d’eau ou de chemin de fer. Il faudrait également essayer d’acheter les produits de l’aide humanitaire dans les pays concernés ou dans les pays voisins.

En ce qui concerne le problème des personnes déplacées sur le plan interne qui préoccupe au premier plan les responsables de l’aide humanitaire, le représentant a fait savoir qu’au Soudan par exemple, l’Etat a établi des principes liés à la règle de l’hospitalité qui caractérise la société soudanaise. Cette expérience s’étant avérée utile, il a lancé un appel pour que les Nations Unies tirent parti des expériences pour améliorer l’assistance. Nous nous félicitons, a-t-il poursuivi, de l’appel lancé par le Secrétaire général pour mettre en place des capacités aux niveaux local, régional et international et du travail mené par l’OCHA dans la région de la corne de l’Afrique qui a permis mettre sur pied un système d’alerte précoce efficace. Il faut en outre limiter les conséquences des catastrophes prévisibles et développer l’idée de la culture de protection fondée sur le concept de culture de la paix. Enfin, le représentant a évoqué la catastrophe humanitaire qui a lieu en Palestine et aurait souhaité que le rapport consacre quelques mots spécifiques à cette situation.


M. ISMAEL GASPAR MARTINS (Angola) a salué le fait que le rapport du Secrétaire général souligne les efforts du Gouvernement angolais pour assurer la réinsertion des populations déplacées et a assuré que son pays est déterminé à respecter les normes et principes du droit humanitaire international pour répondre à la crise en Angola. Il a appelé la communauté internationale à revoir son mécanisme d’assistance pour les secours d’urgence afin de faire en sorte que toutes les personnes dans le besoin puissent recevoir une aide. Les ressources financières ne devraient pas pour leur part être allouées uniquement en considérant la durée de la crise humanitaire, mais bien en tenant compte de son ampleur, de son impact et des besoins réels, a poursuivi le représentant qui a exhorté la communauté internationale à accorder la même attention à toutes les crises humanitaires, notamment celles qui se déroulent sur le continent africain. La crise humanitaire en Angola touche plus de 5 millions de personnes, a souligné M. Gaspar Martins, regrettant que, sur l’appel consolidé lancé par OCHA en début d’année pour financer 130 projets dans 13 secteurs en Angola, la réponse n’ait été à ce jour qu’à hauteur de 34%.

Les États membres des Nations Unies doivent prendre la mesure de la crise humanitaire que vit l’Angola et réagir de manière appropriée, a estimé le représentant, précisément aujourd’hui, à l’heure où le pays est sur le point de consolider un processus de paix et de travailler à la réconciliation. Il a précisé que les Nations Unies devraient contribuer à financer le processus de démobilisation et de réintégration de 85 000 anciens combattants de l’UNITA et de 300 000 membres de leurs familles. Il a souligné les efforts de son Gouvernement pour financer les programmes d’assistance humanitaire, le budget national reflétant clairement depuis deux ans l’allocation de ressources aux programmes de développement social, de la paix et de la réconciliation. Il a annoncé que le Gouvernement angolais et OCHA lanceront dans le second semestre de 2002 un appel conjoint pour l’aide d’urgence à l’Angola.

M. DONATO KINIGER-PASSIGLI, Organisation internationale du Travail (OIT), a rappelé que l’idée de déplacer toutes les barrières artificielles qui séparent encore les secours, la réhabilitation et le développement n’est pas neuve. Il a ensuite fait remarquer que l’Organisation internationale du Travail et son programme axé sur la réponse aux crises et sur la reconstruction est au premier plan des activités dans ce domaine au niveau mondial au cours de ces dix dernières années. Après avoir détaillé l’action de l’OIT dans plusieurs pays, il a estimé que l’un des enseignements tirés les plus importants est le manque de prise de conscience de l’importance de l’emploi dans les crises. Il a estimé qu’il faut faire plus afin de fournir à temps le financement des activités transitoires et de développement et de sensibiliser les donateurs pour qu’ils fournissent à temps les ressources nécessaires. La marginalité persistante des problèmes d’emploi en ce qui concerne les crises est également évidente dans les accords existants de coordination parmi les organisations opérationnelles.

L’OIT ne participe pas au travail du Comité permanent interinstitutions, qui est le principal mécanisme d’élaboration des politiques dans la sphère humanitaire. Il a demandé que l’on déploie tous les efforts afin qu’il en devienne membre. Cela permettrait de renforcer les efforts de ce Comité visant à mieux coordonner la réponse aux crises. L’OIT contribue aussi pleinement aux structures des Nations Unies mises en place sous la direction du Représentant spécial du Secrétaire général, comme en Afghanistan, au Timor oriental et au Kosovo. L’OIT a aussi développé sa propre méthodologie de réponse aux crises et a

rejoint les équipes de réserve des Nations Unies pour l’évaluation de la coordination en cas de catastrophe. Il a enfin expliqué que l’approche de l’OIT repose sur la conviction selon laquelle on ne peut penser et agir uniquement en termes d’assistance humanitaire traditionnelle pour relever le défi d’assistance à des millions de personnes démunies et à des groupes vulnérables. L’OIT, a-t-il expliqué, vise à promouvoir l’intégration socioéconomique de personnes affectées par les crises par le biais de programmes visant à développer la création d’emplois, la génération de revenus et l’intégration sociale.

M. KUNIO WAKI, Directeur exécutif adjoint du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a annoncé que l’unité d’aide humanitaire d’urgence du FNUAP est maintenant pleinement opérationnelle et contribuera à améliorer la coordination avec les autres organismes des Nations Unies pour ce qui concerne l’assistance aux groupes les plus vulnérables, à savoir les femmes et les enfants. Il a réaffirmé l’engagement du FNUAP en faveur du processus d’appel global et a appuyé les propositions du Secrétaire général concernant ce processus. Il a ajouté que, au cours de l’année écoulée, la coopération entre le FNUAP et les organisations non gouvernementales s’est intensifiée dans le domaine de la lutte contre le VIH/sida, notamment auprès des personnes déplacées et réfugiées. Le FNUAP a poursuivi sa coopération avec les gouvernements et les institutions des Nations Unies, et il a intensifié ses relations avec la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

M. Waki a prôné le renforcement des capacités nationales et locales comme cela a été fait au Timor oriental, soulignant que c’est là un moyen d’assurer la transition de l’aide d’urgence vers le développement. Il a donné l’exemple des soins assurés par le FNUAP pour les femmes et les enfants en Afghanistan et dans le Territoire palestinien occupé, et des mesures prises pour assurer la formation de sages-femmes et fournir l’équipement des maternités. La région des Grands Lacs est aussi une priorité pour le FNUAP qui a travaillé afin de remettre en état les maternités, de former le personnel de santé et de créer des espaces d’accueil pour la jeunesse. S’agissant de la pandémie du VIH/sida, il a insisté pour un engagement accru pour la prévention de ce fléau dans le contexte des conflits, recommandant le renforcement des efforts des Nations Unies pour former les membres des missions de maintien de la paix. Il a précisé que de telles opérations de formation ont déjà commencé en RDC et en Sierra Leone.

M. BRYNJUL MUGAAS, Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, s’est dit conscient des limites de l’approche de la Fédération qui traite les catastrophes naturelles comme des événements isolés alors que très souvent elles se produisent dans un contexte de changement global et d’un processus de développement. Il a ajouté que la Fédération plaidait en faveur d’une plus grande clarté concernant un cadre juridique d’action et qu’elle a lancé une étude sur les dispositions actuellement en vigueur et gouvernant la réponse internationale aux catastrophes, le projet «IDRL».

Ce projet se concentre sur l’accès aux populations vulnérables en facilitant les activités de réponses humanitaires. Le représentant de la Fédération a fait état des nombreux problèmes qui peuvent entraver une action rapide des travailleurs humanitaires, comme par exemple l’attente d’un visa ou le manque d’accès aux télécommunications ou encore l’ignorance des textes existants. Il n’y a encore aucun instrument juridique global régissant les activités en situation de catastrophes naturelles. Le Projet IDRL vise ainsi à faciliter une plus grande

prise de conscience, compréhension et mise en oeuvre des dispositions en cours, notamment en effectuant des études sur le terrain. Il ne vise pas à créer une «nouvelle loi» ou à établir une nouvelle convention, mais permettra de plaider plus efficacement pour un meilleur respect des normes internationales reconnues. En outre, la réponse aux catastrophes naturelles ne concerne pas seulement la facilitation de l’aide humanitaire par les Etats. Les acteurs humanitaires eux-mêmes sont responsables de leur conduite. Le projet vise enfin à inclure les Etats, les agences de l’ONU, les organisations non gouvernementales.

M. ROBERT G. PAIVA, Organisation internationale pour les migrations (OIM), a estimé que la contribution à la procédure d’appel global est un élément important de la participation de l’OIM au Comité permanent interorganisations. Il ne s’agit en effet pas seulement d’un outil de mobilisation des ressources mais également d’un outil de planification. Nous nous félicitons également de la création du groupe des déplacés internes au sein du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et nous estimons que cet effort interinstitutions mérite l’appui de la communauté internationale. L’OIM a d’ailleurs répondu à la demande de soutien du Coordonnateur des secours d’urgence en mettant à la disposition de ce groupe un membre expérimenté.

Les problèmes de financement rencontrés par l’OIM sont une grande source d’inquiétude dans la mesure où ils ont eu pour conséquence la suspension temporaire de certaines activités en Afghanistan. Il faut par conséquent que les pays donateurs déploient davantage d’efforts et qu’ils harmonisent leurs activités. En conclusion, le représentant a évoqué les allégations d’abus sexuel commis par certains personnels humanitaires et a lancé un appel pour une meilleure application du code de conduite déjà existant ainsi que pour une révision et un renforcement de certains de ses articles pertinents.

M. ALFATIH IBRAHIM HAMAD, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), s’est dit pleinement conscient de la hiérarchie des besoins humanitaires. Il a cependant indiqué que la question de l’aide humanitaire doit être abordée en considérant à la fois les impacts à court et à long termes. Sans soutien éducatif aux populations déplacées par les guerres, les conflits ethniques, l’aide humanitaire ne peut avoir qu’un impact éphémère sur le tissu social des sociétés assistées. Il a fait référence au rapport réalisé en 1996 par Graça Machel sur l’impact des conflits armés sur les enfants, dans lequel elle plaide pour un soutien donné à l’éducation dès la première vague de réponse humanitaire d’urgence. Il a souhaité que l’éducation devienne le quatrième pilier de l’aide humanitaire, ajoutant qu’elle ne bénéficiait pas de toute la considération adéquate de la part des donateurs.

L’UNESCO, a-t-il poursuivi, n’est pas membre du Comité permanent interorganisations pour les affaires humanitaires. Il a en outre estimé que les mécanismes d’appels consolidés interinstitutions pourraient être grandement améliorés si les donateurs se réunissaient annuellement pour examiner la question des déséquilibres dans la réponse humanitaire.


M. NILS KASTBERG, Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a rappelé qu’aujourd’hui, 20 millions de filles et garçons sont déplacés par des conflits armés, victimes de violations des droits de l’homme et de catastrophes naturelles. Les enfants ne sont pas seulement des victimes, mais sont devenus des cibles et des acteurs de guerre. Après avoir précisé les différents instruments juridiques qui définissent le cadre juridique pour la protection des droits des enfants, il a estimé que la protection est une composante centrale et indispensable de l’action humanitaire.

Lorsque des enfants sont déracinés par les conflits armés, l’éducation est un facteur clé pour leur assurer stabilité et sécurité, a-t-il expliqué, ajoutant qu’un environnement éducatif est un instrument de protection. En outre, la capacité à protéger les enfants est intrinsèquement liée à l’accès. Lorsque celui-ci a été possible, des progrès sont visibles avec des vies d’enfants sauvées et la protection de leurs droits. Le représentant a souligné l’avantage des mécanismes de coordination humanitaire établis par la résolution 46/182 de l’Assemblée générale. L’UNICEF ne peut pas tout faire tout seul, a-t-il cependant estimé. Il a en outre cité l’Afrique de l’Ouest comme un exemple de collaboration au sein de la communauté humanitaire. La réponse aux allégations d’abus sexuel de la part de travailleurs humanitaires a été prompte et centrée, a-t-il affirmé.

M. JARGALSAIKHANY ENKHSAIKHAN (Mongolie) a estimé qu’en matière d’assistance humanitaire, l’adoption d’une approche régionale et le renforcement des infrastructures d’une région donnée sont des éléments très importants. Il a aussi souligné l’importance du renforcement des capacités dans la prévention et la réaction face aux catastrophes aux niveaux local et national, ainsi que celle d’une meilleure coordination entre les organisations humanitaires régionales et internationales. Souscrivant également à la recommandation du Secrétaire général sur l’instauration d’une «culture de la protection», il a appuyé, à cet égard, la création du Groupe interorganisations des déplacés internes au sein du Bureau de la coordination des affaires humanitaires.

Le représentant a aussi appuyé le processus d’appels consolidés en tant que mécanisme de mobilisation des fonds et de coordination de l’assistance humanitaire. Il a émis l’espoir que la tendance au déclin des ressources sera inversée. Concluant sur la question de la transition des opérations de secours à l’action pour le développement, le représentant a jugé qu’en la matière l’importance de l’éducation ne peut être ignorée. L’éducation, a-t-il expliqué, est une composante essentielle de la prévention et de la faculté à surmonter les situations d’urgence.

M. ABDELAZIZ DJERAD (Algérie) a estimé que la cause humanitaire ne semble pas échapper, notamment à propos des situations complexes, aux conflits d’intérêts, aux logiques de puissance et à une sélectivité qui feint d’ignorer les principes de neutralité, d’universalité, d’humanité et d’impartialité. Il a en outre jugé utile, au regard des souffrances endurées, de concentrer les efforts sur les causes endogènes et exogènes des crises humanitaires qui frappent, en particulier, l’Afrique, au lieu de se livrer à des débats conceptuels stériles et de faire dans l’humanitaire «à la carte», ajoutant qu’il faisait surtout référence à la notion de «culture de protection» qui reste vague et ambiguë et qui a besoin, par conséquent, d’être davantage précisée et clarifiée. Il a également expliqué que l’assistance humanitaire revêt le caractère d’un devoir de solidarité que la communauté internationale, particulièrement les pays qui sont en train de le faire au vu des moyens dont ils disposent, se doit de prendre constamment en charge.


Il a en outre jugé inquiétant de constater aujourd’hui la tendance à la baisse des ressources pour répondre aux besoins humanitaires, qui risque à terme de paralyser les activités humanitaires de l’ONU et réduire à néant tout le système de coordination de l’aide humanitaire d’urgence. Il a estimé nécessaire que le système de coordination d’aide d’urgence puisse participer au renforcement des capacités nationales des pays affectés par les catastrophes. Il faut aussi que la communauté internationale accorde son attention à la transition de la phase des opérations de secours à celle du développement notamment pour les pays qui émergent d’une situation de crise. Il a conclu en indiquant que la problématique de l’humanitaire reste aujourd’hui entière et commande de ce fait qu’on s’attarde davantage sur le système d’assistance en vigueur mais surtout sur les normes et les standards internationaux qui gagnent à être enrichis.

M. JOSE NICOLAS RIVAS (Colombie) a estimé que l’assistance humanitaire devait s’inscrire dans une approche intégrée plus large qui couvre en même temps des programmes de reconstruction et de réhabilitation d’infrastructures sociales. Elle devrait également promouvoir une évolution vers le développement économique afin d’assurer la durabilité des acquis.

Le représentant a réaffirmé l’importance de certains principes devant guider l’assistance humanitaire, notamment la neutralité, l’impartialité et le respect du rôle central des États affectés notamment pour ce qui est de la coordination des efforts des agences humanitaires. Il a souligné l’importance de la transition des secours d’urgence vers l’action de développement, ajoutant que de l’assistance humanitaire devrait associer les communautés locales et renforcer les infrastructures et les capacités nationales. Il a encouragé la coordination accrue entre les agences humanitaires des Nations Unies et les autres organisations impliquées dans les secours d’urgence et soutenu la pertinence du processus d’appel global.

Il a réaffirmé l’engagement de la Colombie à respecter le droit humanitaire international et les droits de l’homme, et à protéger les civils. Il a insisté sur la question de la protection des groupes les plus vulnérables, en particulier les femmes et les enfants, qui peuvent jouer un rôle très positif dans le cadre des processus de paix. Il a expliqué que la Colombie a adopté une loi s’appliquant dans le cadre de la protection des populations déplacées et a précisé que cette politique est conduite directement par la présidence de la République. Le représentant a souhaité que la coopération se poursuive avec le PAM, le CICR et le HCR dans ce domaine.

M. M. K. IBRAHIM (Nigéria) a regretté que malgré les efforts déployés, l’Afrique continue d’être frappée par toute une série de catastrophes naturelles et de conflits armés qui sont aggravés par la propagation du VIH/sida. Dans ce contexte, une planification d’urgence améliorée permettrait de réduire l’impact de ces catastrophes. Il est donc encourageant de lire dans le rapport que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) continue de travailler avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) pour apporter une réponse intégrée et coordonnée aux urgences environnementales. Le Nigéria a connu récemment un grand nombre de catastrophes, notamment l’explosion d’une bombe à

Lagos, un accident d’avion dans le Kano et des confrontations entre communautés dans deux Etats de la Fédération. L’organisme chargé de la gestion des urgences a assumé ses responsabilités devant l’ampleur des conséquences de l’explosion de la bombe, il n’a pu répondre à tous les besoins. Le représentant a affirmé que des milliers de personnes sont toujours déplacées au Nigéria à cause des catastrophes récentes. Poursuivant sur l’aide apportée par la communauté internationale dans de telles situations, il a lancé un appel pour une consolidation des efforts coordonnés des Nations Unies et des Organisations non gouvernementales afin que les groupes vulnérables reçoivent une assistance.

En Sierra Leone, a fait remarquer le représentant, de nombreux militaires démobilisés se retrouvent à présent dans un état d’errance. Cet exemple montre que la planification et la mise en oeuvre de projets de développement doivent constituer la priorité des priorités de l’assistance humanitaire. En outre, les efforts des Nations Unies pour renforcer la coordination de l’aide humanitaire doivent s’appuyer davantage sur les initiatives de partenariats régionaux. Lorsqu’il y a catastrophe, les pays frappés doivent notamment pouvoir fournir une première aide avant l’arrivée de la communauté internationale car ce qui est le plus important est ce qui peut être fait dans les vingt-quatre premières heures.

M. OM PRADHAN (Bhoutan) a salué le travail accompli par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) pour surmonter les crises humanitaires, notamment en Afghanistan et en Afrique australe. Il a insisté sur le respect de la neutralité et de l’impartialité de l’assistance humanitaire avant de regretter la baisse constante des contributions en réponse aux appels globaux pour l’assistance humanitaire. Le Bhoutan est situé dans un des environnements les plus fragiles du monde, a-t-il indiqué, citant une étude du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) sur les conséquences du réchauffement de la planète pour les régions montagneuses de l’Himalaya où la fonte des glaces entraîne une érosion des sols et des inondations. Il a estimé que ces phénomènes ont des effets également sur l’Inde et le Bangladesh et sont dus le plus souvent au déboisement, avant de lancer un appel pour des mesures à long terme pour freiner la détérioration de l’environnement au plan régional. Il a fait valoir que les nouvelles technologies pouvaient permettre aux pays de la sous-région d’anticiper les conséquences du réchauffement de la planète.

Mme JEANETTE NDHLOVU (Afrique du Sud) a déploré la situation en Afrique australe où 12 millions de personnes sont menacées par la famine en raison de la sécheresse qui dure depuis près de trois ans. Elle a rappelé que des appels consolidés seront lancés le 18 juillet à New York afin de surmonter cette crise humanitaire et a souhaité que les États membres prennent toute la mesure de la détresse de cette région et répondent à ces appels. Elle a également mentionné l’appel d’urgence lancé par le Programme alimentaire mondial (PAM) et ajouté que l’Afrique australe pourrait être victime de la résurgence du phénomène El Nino et donc, faire face dans les années à venir à de nouvelles sécheresses. Elle a salué les efforts du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) pour renforcer la coopération avec les organisations régionales et en particulier avec la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) qui visent à assurer la transition de l’urgence vers le développement et surtout à renforcer les capacités nationales et régionales en matière d’alerte rapide, ceci afin de prévenir de nouvelles crises humanitaires.


La représentante a également salué la récente démarche conjointe de OCHA, du PAM et de la FAO consistant à conduire ensemble une mission d’évaluation des besoins par pays touché suite à la sécheresse et a assuré que l’Afrique du Sud travaillerait étroitement avec les Nations Unies dans la mise en place d’équipes de secours d’urgence et d’experts.

Insistant sur l’ampleur des flux de personnes déplacées et de réfugiés dus aux conflits armés, la représentante a estimé qu’il importe d’assurer la pérennité d’une culture de la protection pour les civils. Elle a encouragé les pays africains à intégrer dans leurs législations nationales les normes de protection des personnes déplacées et a interpellé les pays développés sur leur obligation de venir en aide aux pays en développement pour appuyer leurs efforts dans le domaine de la lutte contre la pauvreté et de la consolidation de la paix. Elle a mentionné le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique qui est un exemple de la détermination africaine à assumer le développement économique et social du continent.

Mme LAURA CRUZ (El Salvador) a appuyé l’idée selon laquelle l’action humanitaire ne signifie pas seulement répondre aux conséquences humanitaires des crises et des catastrophes mais également être préparé à leur gestion. C’est pourquoi le Groupe de référence interorganisations des Nations Unies sur la préparation aux situations d’urgence et la planification doit intégrer dans ses systèmes de planification régionale la prévention des catastrophes et la planification des réponses à apporter. La représentante a également plaidé en faveur de l’approfondissement de l’approche coordonnée et intégrée dans les plans nationaux et internationaux et s’est félicitée de la tenue de séminaires de travail régionaux sur l’amélioration de la coordination et de la communication entre les gouvernements et les institutions d’assistance humanitaire des Nations Unies.

El Salvador reconnaît en outre les problèmes qui se posent lors du déploiement de l’assistance humanitaire, notamment en termes d’accès aux populations vulnérables et se félicite de l’importance accordée par le Secrétaire général au concept de «culture de protection». Enfin, la représentante a estimé que la communauté internationale doit mobiliser davantage de ressources pour promouvoir l’assistance et la protection des populations, aussi bien en cas de catastrophe naturelle que de situation d’urgence humanitaire complexe.

M. MARKIYAN KULYK (Ukraine) a appuyé l’idée développée dans le rapport du Secrétaire général selon laquelle il est nécessaire de renforcer la capacité des Etats à faire face aux situations d’urgence complexes et à développer des compétences en matière de prévention et de réponse aux catastrophes naturelles. Il faut également renforcer l’accès aux populations vulnérables afin de mieux les protéger, en particulier dans le contexte de conflits armés. C’est pourquoi l’Ukraine appuie la promotion d’une culture de protection. Les personnes déplacées à l’intérieur des frontières, particulièrement les femmes, les enfants, les personnes âgées et les handicapés doivent pouvoir bénéficier d’une attention particulière.


L’Ukraine estime en outre que la procédure des appels consolidés est un instrument important pour la mobilisation des ressources et un élément clé de coordination et de planification stratégique. Le représentant a également fait savoir que son pays attache une importance toute particulière au rôle joué par les Nations Unies dans l’atténuation des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl et se félicite du rôle particulièrement important joué dans ce contexte par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Nous sommes en outre confiants dans la capacité de la nouvelle stratégie des Nations Unies à Tchernobyl (stratégie pour le relèvement), qui a été lancée cette année, à servir de cadre d’action efficace pour optimiser les réponses à cette catastrophe. Enfin, le représentant a lancé un appel pour une plus grande implication des donateurs dans la mise en oeuvre des projets visant à aider les pays touchés à répondre aux besoins humanitaires liés à la catastrophe de Tchernobyl.

M. O’NEIL FRANCIS (Jamaïque) a également estimé que les conséquences régionales des crises humanitaires exigent le renforcement des structures des régions. Il a ainsi appuyé la recommandation du Secrétaire général consistant à appuyer le renforcement des capacités à répondre aux crises humanitaires complexes et aux catastrophes naturelles. Soulignant la vulnérabilité des petits Etats insulaires en développement aux catastrophes naturelles, le représentant a accueilli avec satisfaction les processus de planification entrepris par les organismes des Nations Unies pour permettre l’identification des fonds susceptibles d’octroyer des fonds pour répondre aux catastrophes et les domaines, aux niveau local et national, nécessitant un renforcement des capacités.

Abordant la question des opérations humanitaires dans les zones de conflit, le représentant a jugé nécessaire pour les Nations Unies de renforcer son travail de prévention des crises. En la matière, a-t-il jugé, le Conseil économique et social a un rôle important à jouer. Pour ce qui est de l’accès des organisations humanitaires aux groupes vulnérables, le représentant a souligné l’urgence qu’il y a à promouvoir le respect du droit humanitaire international et des droits de l’homme. Poursuivant sur la question de la transition des opérations de secours à l’action pour le développement, il a dit l’importance qu’il a à faire en sorte que les stratégies humanitaires impliquent les structures et les institutions locales. Le représentant a conclu en émettant l’espoir que le débat que tient le Conseil servira de catalyseur pour identifier les moyens d’améliorer la cohérence des politiques, la mobilisation des ressources et l’efficacité opérationnelle du processus d’appels consolidés.

M.GERHARD THERON (Namibie) a rappelé que la Namibie est l’un des pays du sud de l’Afrique sujets à la sécheresse, ce qui entraîne des problèmes d’insécurité alimentaire. Le Gouvernement, a-t-il indiqué, est en charge des efforts visant à atteindre les groupes les plus vulnérables avec notamment l’Unité de gestion d’urgence «EMU». Cette unité coordonne avec succès les programmes de secours.


Le représentant a en outre expliqué que son Gouvernement est aussi activement impliqué au niveau régional en matière de secours humanitaires, notamment pour réinstaller les réfugiés en Angola. La combinaison des catastrophes naturelles, de famines, de pauvreté chronique et des effets dévastateurs du VIH/sida demande une action prompte de la part de toutes les organisations pertinentes et de la communauté des donateurs. Il s’est enfin dit préoccupé du déclin des financements humanitaires rassemblés par le biais des appels consolidés interagences. Il a appelé les gouvernements, les pays donateurs, les institutions financières et les agences humanitaires à reconnaître l’importance de fournir l’assistance d’urgence nécessaire aux plus vulnérables dans des situations d’urgence complexes.

M. NASROLLAH KAZEMI KAMYAB (République islamique d’Iran) a insisté sur l’importance de la transition entre les secours et le développement lors de l’élaboration et la mise en application des stratégies humanitaires. Il a prôné le renforcement du rôle de développement des Nations Unies pour lui permettre d’assister les pays les plus vulnérables en matière de renforcement des capacités locales et nationales. Le représentant a estimé que des capacités locales et nationales fortes permettaient de pouvoir mieux coordonner les interventions humanitaires dans les pays lorsque les crises interviennent. Il a recommandé des approches novatrices en matière de gestion nationale et régionale des catastrophes humanitaires ou des catastrophes naturelles, mentionnant le cas de son pays qui a connu un tremblement de terre récemment.

Le représentant a ensuite souligné la souffrance extrême des réfugiés et des déplacés, notamment les Palestiniens, en appelant les Nations Unies et les États membres à tout faire pour renforcer la coopération internationale visant à partager le fardeau avec les pays d’asile. Il a recommandé que l’approche juridique de ce que l’on entend par personnes déplacées soit clairement définie, de même que le rôle des Nations Unies dans la gestion de ce problème.

Mme CATHERINE MAHOUVE SAME (Cameroun) a souligné qu’au cours de la décennie écoulée, les conflits, les catastrophes naturelles et écologiques ont gagné en fréquence et en intensité, et provoqué des déplacements massifs de populations, d’innombrables actes de violence et des pertes considérables en vies humaines. Afin d’atténuer les effets des crises humanitaires, il importe de prévenir les conflits armés en s’attaquant à leurs causes profondes par l’instauration d’une culture de paix, de la démocratie, et du dialogue entre les civilisations, a jugé la représentante. Il conviendrait également de promouvoir des mesures de consolidation de la paix dans les périodes post-conflits et, s’agissant des catastrophes naturelles et écologiques, de prévoir les systèmes d’alerte rapide.

Le continent africain est secoué depuis des années par de nombreux conflits destructeurs qui minent son développement et la pandémie du sida est venue aggraver cette situation, a-t-elle déploré. Le Cameroun, convaincu que la paix, la sécurité et la stabilité politique sont des éléments interdépendants qui sous-tendent le développement, appuie fortement les capacités régionales de réaction aux crises, a-t-elle déclaré. Elle s’est réjouie du mécanisme précieux qu’est le Comité consultatif permanent des Nations Unies sur les questions de sécurité en Afrique centrale et a mentionné la création par la Communauté économique de l’Afrique centrale d’un organe spécifique de prévention, de gestion et de règlement des conflits. Elle a estimé que la communauté internationale doit manifester plus de solidarité dans son appui financier et logistique à l’Afrique

et au tiers monde dans les situations de crise. La tâche humanitaire la plus urgente consiste à sauvegarder les victimes civiles et les agents d’organismes d’aide humanitaire dans un environnement où ils sont parfois délibérément pris pour cible, soulignant à cet égard la nécessité de promouvoir la culture de protection de la population civile et de prendre des dispositions pour faciliter le travail des acteurs humanitaires sur le terrain. Le Cameroun appuie en outre l’instauration de procédures clairement définies pour l’identification et la séparation des éléments armés dans les situations de déplacements massifs de populations. Elle a par ailleurs salué les normes établies par les Nations Unies concernant les mécanismes de protection, de distribution de l’aide, et les mesures à prendre pour empêcher les sévices, l’exploitation sexuelle et les divers abus commis dans le cadre de l’assistance humanitaire.

Mme DESRA PERCAYA (Indonésie) a d’abord rappelé les principes de l’assistance humanitaire que sont l’humanité, la neutralité, l’impartialité, le consentement du pays concerné, le respect de sa souveraineté, de son intégrité territoriale et de son unité nationale. De plus, a-t-elle souligné, le pays concerné doit être le premier responsable de la coordination des efforts de secours. Dans ce contexte, la représentante a appuyé le renforcement du processus des appels consolidés, de la capacité régionale, de la transition des opérations de secours à l’action pour le développement, et de la protection des plus vulnérables. Dénonçant le déclin des ressources allouées au processus d’appels consolidés, la représentante a dit craindre que cela n’exacerbe les inégalités entre les crises.

Elle a donc plaidé pour plus de ressources en mettant en garde contre la tentation de réaffecter les fonds alloués aux autres objectifs tels que ceux du développement durable et contre celle de n’allouer les ressources qu’aux crises médiatiques. Pour elle, le renforcement du processus des appels consolidés et la réduction du bilatéralisme ne peuvent que résoudre les problèmes liés à l’assistance humanitaire. En matière de transition des opérations de secours à l’action pour le développement, la représentante a jugé utile de faire appel aux ONG compte tenu de la souplesse de leurs mécanismes de fourniture d’aide. En la matière, elle a aussi plaidé pour le renforcement des capacités locales. Quant à l’accès aux groupes vulnérables, elle a jugé important que la communauté internationale travaille étroitement avec les gouvernements concernés. Concluant sur la question des déplacés internes, la représentante a souligné le caractère interne de la question. En conséquence, a-t-elle insisté, l’assistance humanitaire doit être fournie avec le consentement et la coopération du pays concerné.

Mme IRMA E. LOEMBAN TOBING-KLEIN (Suriname) a souligné l’impact du réchauffement de la planète sur le déclenchement des catastrophes naturelles et évoqué les crises humanitaires dues à la progression de l’extrême pauvreté et de maladies comme le VIH/sida. Elle a insisté sur l’importance d’assurer l’accès de l’aide aux groupes les plus vulnérables dans le cadre des interventions humanitaires. Elle a estimé que des ressources financières additionnelles étaient nécessaires pour couvrir les besoins de ces groupes et a ajouté que la transition entre la phase de secours d’urgence et celle de développement doit faire l’objet d’un financement adéquat. Elle a souhaité par conséquent le doublement de l’aide publique au développement qui doit atteindre 0,7% du PNB des pays développés.

Mme MARY REINER BARNES (Ordre militaire souverain de Malte) a indiqué que la neutralité qui caractérise l’Ordre militaire souverain de Malte lui permet de déployer des actions humanitaires dans des situations où d'autres entités rencontrent des difficultés pour atteindre les personnes vulnérables. Dans la mesure du possible, l’Ordre militaire souverain de Malte déploie également des activités de reconstruction et de réhabilitation humanitaires. Dans les Balkans, ces activités sont menées en coopération étroite avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Des activités similaires sont menées dans la région des Grands Lacs.

Pendant de longues années, les actions humanitaires visant à éradiquer la lèpre ont constitué le domaine d’action privilégié de l’Ordre de Malte dans les pays en développement. Par le biais du Comité international de l’Ordre de Malte fondé en 1958, il a été possible de mener des programmes au Cambodge, au Sénégal et dans d’autres pays. Récemment, le Comité a intégré dans ses activités la lutte contre toute maladie ou handicap conduisant à l’isolement.

L’Ordre de Malte dirige en outre de nombreux centres médicaux à travers le monde, notamment au Liban et en El Salvador. Ces institutions, fondées alors que des conflits armés touchaient ces pays, font maintenant partie à part entière des systèmes de santé nationaux. Enfin, le représentant a mentionné l’existence de l’hôpital de la Sainte famille de Bethléem qui reçoit le soutien des membres de l’Ordre de Malte. L’objectif premier de cet hôpital est de fournir des soins obstétriques de haute qualité à toutes les patientes sans distinction de race, de religion, de culture ou de condition sociale.

M. DAVID HARCHARIK, Directeur général adjoint de l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), a fait valoir les mesures prises par la FAO pour venir en aide aux groupes vulnérables ainsi que pour renforcer les capacités dans le domaine de l’alerte précoce et assurer la réhabilitation des infrastructures. La FAO a mis l’accent sur les secours d’urgence au cours des cinq à six dernières années pour faire face à la détresse des populations rurales dans les pays qui ont été le théâtre de conflits, a-t-il expliqué. La pauvreté et la faible capacité de planification et d’organisation des zones rurales augmentent la vulnérabilité et l’on peut facilement constater que les 800 millions de personnes qui souffrent de la faim dans le monde vivent essentiellement dans ces zones.


S’agissant de la transition des secours d’urgence vers le développement, il a expliqué que pour la FAO, les secours d’urgence et les actions humanitaires doivent tenir compte des objectifs de reconstruction et de relance de l’activité de développement économique qui doivent intervenir immédiatement. La FAO a pour principe de prendre en compte les besoins des populations les plus vulnérables en terme de production agricole, le représentant donnant l’exemple des personnes déplacées et des réfugiés pour qui la FAO tente de mettre à disposition des lopins de terre. Il en est de même pour les ex-combattants démobilisés afin qu’ils renoncent définitivement à la guerre et embrassent une activité agricole productive.

M. Harcharik a toutefois regretté que, au cours des années 1990, les aides allouées à l’agriculture par la communauté internationale aient diminué de l’ordre de 50%. Il s’est inquiété de la baisse des contributions versées en réponse aux appels consolidés alors même que les interventions d’urgence sont de plus en plus complexes et exigent une coordination et une complémentarité accrue des activités des organisations. Il a mis en avant la nécessité de promouvoir les avantages comparatifs des diverses institutions et demandé la mise à disposition de fonds supplémentaires.

M. KENZO OSHIMA, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a constaté au terme de ce débat un large consensus sur les réponses à apporter aux catastrophes naturelles et aux situations humanitaires causées, entre autres, par les déplacements de populations. Il s’est dit déterminé à travailler avec les États Membres pour faire progresser certaines questions en rapport avec l’assistance humanitaire et il a notamment attaché une grande importance au cadre normatif et légal régissant l’accès aux groupes les plus vulnérables. M. Oshima a assuré qu’un canevas de propositions sur les normes à adopter concernant la protection des groupes vulnérables serait bientôt prêt. Il a admis qu’il fallait traduire le concept de «culture de protection» en réalité aussi bien aux échelons local et national, que régional, et a annoncé que des colloques régionaux seront organisés dès cette année afin de définir les normes régissant la protection.

M. Oshima a rappelé la nécessité d’obtenir l’accord de toutes les parties pour mener à bien les opérations humanitaires et a réitéré par ailleurs la détermination d’OCHA à remédier aux problèmes nés des abus et sévices sexuels dans le contexte d’interventions humanitaires en Afrique de l’Ouest. Il a fait part de l’engagement d’OCHA à travailler étroitement avec les organisations régionales pour renforcer les mécanismes d’alerte rapide et de réaction urgente aux crises. Il a souligné l’impact dévastateur du VIH/sida qui diminue les capacités des communautés locales, notamment en Afrique, et s’est engagé à faire en sorte que OCHA déploie tous les moyens pour lutter contre l’impact de ce fléau. Le processus d’appel global n’a pas permis de disposer de ressources adéquates pour répondre aux énormes besoins humanitaires, a regretté M. Oshima, souhaitant une plus grande participation et une meilleure coordination des donateurs.

Mme MARY ROBINSON, Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies, a évoqué les conclusions issues de la cinquante-huitième session de la Commission des droits de l’homme qui s’est tenue à Genève en début d’année. Un certain nombre d’initiatives positives sont ressorties de cette session. Un nouveau mandat sur le droit de la santé a été créé, deux groupes de travail ont été institués pour le suivi de la Conférence sur le racisme qui s’est tenue l’année dernière à Durban, y compris un dont les travaux seront centrés sur la situation des populations d’origine africaine. Une avancée constructive a été illustrée par la résolution de la Commission qui recommande la rédaction d’un protocole facultatif à la Convention contre la torture. Mme Robinson a déploré les restrictions budgétaires qui ont conduit à la suppression des séances de soir et de nuit et par conséquent à la réduction du temps de parole des Organisations non gouvernementales et de détenteurs de mandats de la Commission, experts et rapporteurs en particulier. Elle a dans ce contexte lancé un appel pour que ces réductions touchent équitablement les délégations et les autres participants.

En raison des événements tragiques du 11 septembre, la Commission a analysé en profondeur la question du terrorisme et des droits de l’homme. La résolution concernant cette question contient de nouvelles dispositions demandant au Bureau du Haut Commissaire de fournir une assistance technique aux pays qui en font la demande. Une autre question importante qui a été analysée cette année est celle de l’escalade de la violence dans les territoires occupés palestiniens. À cet égard, sept résolutions sur la situation des droits de l’homme dans cette région ont été adoptées.

Un aspect troublant de la session de cette année, a poursuivi Mme Robinson, a été la remise en cause du rôle de protection des droits de l’homme de la Commission sous la pression de certains groupes qui ne proposent en outre pas d’alternative crédible. Il est impératif qu’en cas de violations massives, la Commission des droits de l’homme ait la capacité et le courage de prendre la parole au nom des victimes, a affirmé la Haut-Commissaire qui a ajouté qu’elle était encouragée par le lancement de l’Union africaine et de la priorité qui a été donnée au renforcement de l’administration de justice, des droits de l’homme, de la démocratie et de la bonne gouvernance. Elle a souhaité que les délégations africaines abordent les travaux de la Commission l’année prochaine avec un nouvel esprit d’ouverture et de responsabilité et procèdent avec honnêteté à l’examen des situations chez leurs pairs. Elle a également fait remarquer que la Commission doit réfléchir à la place qu’elle occupe au sein du système international et être en mesure d’influencer de façon positive le travail des différents organes des Nations Unies. Les membres de la Commission doivent avoir des obligations, des responsabilités et des privilèges qui doivent être pris en compte par les Etats Membres.

En ce qui concerne l’attention que l’ECOSOC doit porter à certaines questions prioritaires, Mme Robinson a attiré l’attention sur la souffrance des personnes qui vivent avec le virus du sida, des personnes handicapées, des peuples autochtones et des victimes du trafic humain. Ces personnes sont souvent invisibles au sein de leurs propres sociétés et voient leurs droits négligés ou ignorés. Dans le contexte de la propagation du virus du sida, elle a souligné l’importance de la notion de droits de l’homme et l’existence d’un droit à la santé. Les obligations qui relèvent des droits de l’homme devraient davantage être intégrées aux réponses nationales concernant le VIH/sida. De même, elle a lancé un appel pour que les droits des personnes handicapées ne soit pas oubliés dans le cadre des mesures prises en vue de la mise en oeuvre des objectifs de la Déclaration du Millénaire.

Les populations autochtones, souvent exclues des systèmes de santé ou d’éducation et qui connaissent parfois une espérance de vie de 10 à 20 fois inférieure à celle du reste de la population, doivent avoir un accès privilégié au processus de prise de décision politique. A cet égard, la Haut-Commissaire a formulé l’espoir que le Sommet sur le développement durable de Johannesburg tiendra compte des problèmes rencontrés par ces peuples et s’est félicitée du lancement du Forum permanent sur les questions des populations autochtones en mai de cette année. Ce Forum permettra de fournir une expertise qui pourrait être le point de départ de la mise en place de projets de partenariats entre les communautés autochtones et le système des Nations Unies. Enfin, en ce qui concerne la question du trafic des personnes, Mme Robinson s’est félicitée de la définition de principes et de directives suite au besoin évident d’intégrer une perspective des droits de l’homme dans les politiques et les lois relatives à la lutte contre le trafic.








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