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Communiqués de presse

PLUS DE 200 MAIRES S’ENGAGENT A ACCORDER LA PRIORITE A LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE DANS LEURS VILLES

16 Mai 2001



Troisième Conférence des Nations Unies
sur les pays les moins avancés
16 mai 2001




Plusieurs accords de coopération ville à ville sont annoncés


Bruxelles, 16 mai -- Considérant que les pays les moins avancés sont confrontés à une urbanisation accélérée par l’exode rural et due à la paupérisation, à la désertification et aux guerres dans les campagnes, ainsi qu’à un manque crucial de ressources pour satisfaire les besoins sociaux de base, les maires, dirigeants et représentants de villes des pays les moins avancés (PMA) et de gouvernements locaux de tous les continents réunis à Bruxelles les 15 et 16 mai 2001, à l’occasion de la Troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA se sont engagés ce matin à faire de la lutte contre la pauvreté dans leurs villes la priorité de leur programme d’action. Dans une Déclaration sur la coopération « ville à ville » adoptée par plus de 200 maires, les élus locaux demandent à leurs gouvernements de tout faire au plan de la législation et de l’allocation de ressources pour, entre autres, assurer une décentralisation locale effective des responsabilités et des moyens d’établir un mécanisme de solidarité entre les villes riches et les villes pauvres dans chaque pays. Elles en appellent en outre à la communauté internationale et notamment aux pays les plus industrialisés, pour annuler la dette des pays les plus endettés; augmenter l’aide au développement en soutenant les programmes urbains du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et promouvoir le développement urbain durable et la coopération ville à ville.

Dans ses remarques de conclusion, M. Rubens Ricupero, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED), a déclaré que pour avoir une vision complète des défis auxquels font face les PMA, il faut absolument aborder la question des villes mais ne pas oublier qu’elles sont également un instrument merveilleux de collaboration humaine et de civilisation. M. Ricupero a rappelé qu’être citoyen signifie aussi participer activement au fonctionnement et aux décisions qui sont prises par la Cité. Evoquant son pays d’origine, le Brésil, M. Ricupero a expliqué que presque toutes les initiatives vraiment innovatrices en matière sociale y sont nées au sein des communautés et des villes, très rarement au sein du gouvernement central. Il a notamment cité l’exemple de la ville de Porto Alegre qui, il y a 12 ans, a inauguré un système de budget participatif sur lequel tous les citoyens peuvent faire des suggestions. Rappelant que l’apport des enfants au budget des familles peut s’élever jusqu’à 35 % dans certains pays, M. Ricupero a également cité des initiatives éducatives que les villes ont, les premières, imaginées en établissant un lien entre les familles et l’école grâce au versement de subsides publics afin de « subventionner » la scolarisation des enfants.


La Banque mondiale et le Programme des Nations Unies pour les établissements humains (HABITAT) ont lancé L’Alliance mondiale des villes contre la pauvreté en 1999, a rappelé une représentante de la Banque mondiale. Ce partenariat mondial vise à aider les villes à affronter les défis de l’urbanisation au XXIe siècle par l’adoption de politiques favorables aux pauvres grâce à la bonne gouvernance urbaine et en cherchant à créer des villes prospères et sans bidonvilles.

L’Alliance mondiale des villes contre la pauvreté vise aussi à améliorer la coordination entre les donateurs et à permettre une mise en commun, en les transposant dans chaque pays, des connaissances dont on dispose sur chaque activité. Elle rassemble tous les acteurs sur un pied d’égalité au sein de son conseil d‘administration. Le Plan d’action « Villes sans bidonvilles » vise l’amélioration des conditions de vie de 100 millions de personnes au cours des 20 années à venir mais cet objectif ambitieux ne pourra être atteint que si les partenaires bilatéraux et multilatéraux ainsi que le secteur privé lui apportent leur soutien. Sous le parrainage de M. Nelson Mandela, l’initiative « Villes sans bidonvilles » tend à améliorer les conditions matérielles, sociales, économiques ainsi que l’organisation et l’environnement grâce à des actions de coopération. Menée prioritairement au niveau local, cette initiative rassemble les citoyens, les groupes communautaires, les commerçants et les autorités locaux. En conclusion, la représentante a espéré que les 40 millions de dollars dont a besoin l’Alliance mondiale des villes seraient réunis.

Pour rendre plus efficace la lutte contre la pauvreté, qui frappe prioritairement les femmes et les personnes âgées, les Etats doivent doter les structures décentralisées des moyens humains et budgétaires nécessaires, a aussi déclaré Mme Anne-Marie Lizin, Maire de Huy (Belgique) et Experte indépendante de la Commission des droits de l’homme sur l’extrême pauvreté. Elle a noté que les autorités locales sont conscientes de cette nécessité mais que les instances internationales et les représentants des Etats estiment qu’une déperdition de pouvoir peut signifier une perte d’efficacité. C’est alors aux villes de démontrer qu’elles sont capables de faire aboutir des initiatives de lutte contre l’exclusion et la pauvreté, a conclu Mme Lizin. L’Experte a également fait part du débat mené dans le cadre de la Commission afin que les institutions financières internationales, au premier chef la Banque mondiale et surtout le FMI, soient amenées à considérer leur propre responsabilité dans la réalisation des droits socioéconomiques dans les pays où elles mettent en place des programmes. Mme Lizin a noté que la Banque mondiale considère cet aspect mais que le FMI ne considère toujours pas que le volet droits de l’homme fasse partie de son mandat.

L’un des objectifs de la réunion était aussi de mettre en relation les villes qui souhaitent s’engager dans une nouvelle coopération ville à ville, Sud-Sud ou Nord-Sud, afin de favoriser, durant la Conférence la conclusion d’accords de coopération ou le démarrage de discussions entre les villes intéressées, en vue d’accords ultérieurs. Les représentants de différentes villes ont annoncé de nouveaux accords de coopération et les Maires de Dhaka (Bangladesh) et Port-au-Prince (Haiti) ont présenté les programmes et les perspectives de leurs villes en matière de développement durable. Le Maire de Kampala (Ouganda) a pour sa part expliqué que, d’ici à 2020, 60% de la population ougandaise pourrait vivre dans des centres urbains. Dans ce contexte, il a estimé que le premier besoin de ces villes est de planifier leur croissance. Il a ainsi expliqué que les bidonvilles apparaissent lorsque de nouveaux arrivants s’installent dans des emplacements ou aucune planification urbaine n’a été entreprise. Les transférer ou les rendre
salubres coûte ensuite très cher et ne peut effacer le préjudice causé à la propriété d’autrui. Le Maire a ensuite noté que des pays développés entravent l’attribution de visas aux visiteurs des pays du Sud alors que la libre circulation est une condition sine qua non à l’échange de connaissances entre Nord et Sud. Le Maire de Cotonou, a également pris la parole pour présenter les activités de l’Association internationale des maires francophones (AIMF), fondée en 1979 par les Maires de Dakar et d’Abidjan et qui regroupe actuellement 99 villes. Il a expliqué que l’Association contribue a la promotion de la bonne gouvernance, une coopération de proximité, l’amélioration du bien-être des populations et la modernisation de la gestion municipale.

Présentant le rapport final de la réunion des Maires à ville, M. Mamadou Diop, Maire de Dakar (Sénégal), a noté une grande disparité entre les différentes expériences de coopération entre villes menées jusqu’ici. Cette coopération n’est pas une nouveauté et a été entamée dans les années 60, au moment des indépendances. Selon le rapporteur, toutes ces expériences obéissent à des motivations fort diverses et ne reflètent pas toujours un engagement fondamental d’œuvrer en faveur des populations locales. La diversité des mécanismes de coopération, la faiblesse des moyens financiers et humains et la faible autonomie dont ils disposent ont également été soulignés. M. Diop a relevé l’échec de nombreux programmes pouvant être attribué, entre autres raisons, au manque de concertation entre les acteurs. Notre monde s’urbanise et la ville représente une possibilité exceptionnelle de développer des initiatives économiques et sociales dans un contexte de mondialisation. La ville est également le lieu de toutes les exclusions mais on ne règlera par ce problème par des expériences isolées. Le rapporteur a appelé à une réflexion de fond sur les liens entre urbanisation et pauvreté. Cela étant, il faut absolument favoriser la coopération entre les villes du Nord et du Sud afin de lutter contre le phénomène de la pauvreté à l’échelle de la planète. M. Diop a également salué les suggestions faites pour la mobilisation de nouveaux moyens d’action, appui technique et institutionnel, programme de formation et programme des volontaires des Nations Unies.

A l’issue de la réunion des Maires, le Programme des volontaires des Nations Unies (VNU) a lancé une initiative visant à encourager la coopération de ville à ville dans les pays les moins avancés.


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