Skip to main content

Communiqués de presse

PMA ET DONATEURS APPELES A RECONNAÎTRE L’EDUCATION COMME INSTRUMENT DE DEVELOPPEMENT HUMAIN DURABLE DANS L’ECONOMIE ACTUELLE FONDEE SUR LES CONNAISSANCES

16 Mai 2001



Troisième Conférence des Nations Unies
sur les pays les moins avancés
16 mai 2001




Bruxelles, 16 mai -- La Troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés a poursuivi, cet après-midi, la série de tables rondes interactives en ouvrant un débat sur le thème du renforcement des capacités productives par «l’éducation pour tous ». Coprésidé par le Ministre de l’instruction publique du Burkina Faso et l’Administrateur adjoint de l’Agence d’aide des Etats-Unis pour le développement international, USAID, le débat a été ouvert par une déclaration de M. Koichiro Matsuura, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Il a mis l’accent sur le nouveau consensus qui s’est dégagé au Forum mondial de Dakar qui s’est tenu en 2000.

En effet, dans un contexte de mondialisation où l’économie est fondée sur le savoir, l’éducation a été reconnue comme la clef du développement humain durable. M. Matsuura a rappelé les recommandations du Forum mondial notamment l’invitation adressée aux Etats à élaborer ou à renforcer leurs plans d’actions nationaux avant 2002 conformément aux objectifs fixés concernant la scolarisation primaire universelle, l’augmentation des taux d’alphabétisme, l’élimination des disparités entre les sexes dans l’enseignement primaire et secondaire, et la parité dans le domaine de l’éducation d’ici 2015*.

La nouvelle conception de l’éducation ne se limite pas à apprendre à lire, à écrire, à compter ou à s’initier à un métier, a souligné M. Matsuura. Elle doit rendre l’individu capable de répondre à un environnement social, économique, technologique et culturel en constante évolution tout en respectant son identité propre. L’éducation est donc un processus et une arme puissante contre la pauvreté puisqu’elle devrait offrir désormais les capacités, les compétences, les attitudes et les valeurs qui aideront à surmonter les contraintes du monde actuel. C’est à ce prix que l’on pourra donner aux 113 millions de jeunes et aux 800 millions d’adultes analphabètes, dont la majorité sont dans les PMA, les moyens de devenir des acteurs productifs dans la lutte contre la pauvreté. De son côté, la représentante de Cisco Systems a invité les PMA à ne pas négliger la possibilité de l’éducation par moyens électroniques, tout en reconnaissant que le développement de tels systèmes peut être coûteux à cause du prix de l’équipement.

Comme l’a résumé l’Administrateur général de l’Agence de la francophonie et Modérateur du débat, les participants ont souhaité que le nouveau programme d’action en faveur des PMA qui doit être adopté par la Conférence reconnaisse l’éducation comme le pilier central dans la lutte contre la pauvreté. En la matière, il a été reconnu que les gouvernements des PMA détiennent seuls les moyens de définir les stratégies et leur mise en œuvre; les partenaires du développement ne pouvant qu’aider à cette mise en oeuvre. Partant, la volonté politique et la mobilisation des ressources ont été jugées comme des préalables.

A ce propos, la représentante de la Commission européenne a fait observer que les 7 milliards de dollars nécessaires à l’universalisation de l’éducation d’ici 2015 correspondent aux dépenses militaires que le monde consent, par an, et neuf minutes seulement de transactions financières. Malgré l’objectif fixé de consacrer 20% des budgets nationaux aux services sociaux de base, les PMA stagnent à un taux de 11%.

L’établissement de plans nationaux d’ici 2002 a été perçu comme d’autant plus important que l’ensemble des organisations internationales ont décidé de se mobiliser davantage et de mieux coordonner leur action. L’approche participative a été préconisée qui doit impliquer l’Etat, la société civile, en particulier les enseignants et le secteur privé. L’éducation des filles, l’éducation sexuelle, importante au vu de la pandémie du VIH/Sida, la formation formelle et informelle ainsi que la qualité des contenus éducatifs et des outils pédagogiques ont été qualifiés de domaines critiques.

Outre les Coprésidents, le Directeur général de l’UNESCO, l’Administrateur général de l’Agence intergouvernementale de la francophonie, les personnalités suivants ont été parmi les panélistes : la Ministre de l’éducation de la Gambie, le Représentant de la République populaire démocratique lao, le Directeur de la Division des programmes du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), la Directrice du Forum des éducatrices africaines (FAWE), la représentante de l’ONG « Internationale de l’éducation », le Conseiller principal pour l’enseignement du Département du développement international du Royaume-Uni, la Vice-Présidente de Cisco Systems, et la Coordonnatrice pour l’Afrique et les PMA du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies.

Développer les capacités productives: l’éducation pour tous

Déclarations liminaires

M. FIDELE M. KIENTEGA, Ministre de l’instruction publique du Burkina Faso et Coprésident de la session interactive, a rappelé que le Professeur Joseph Ki Zerbo, du Burkina Faso, a dans le passé déclaré que les pays en développement ne pourraient économiquement décoller tant qu’ils ne maîtriseraient pas les rouages de l’éducation. Dix ans après la Conférence mondiale de Jom-Tien consacrée à l’éducation, et organisée en 1990, la moitié des 113 millions d’enfants qui n’ont pas accès à l’école dans le monde se trouvent dans les PMA d’Afrique. Six de ces PMA d’Afrique – Mali, Niger, Sénégal, Guinée, Tchad et Burkina Faso - ont un taux de scolarisation inférieur à 50%. Les efforts pour la promotion d’un développement humain durable doivent donc être accentués dans ces pays. Au Burkina Faso, le gouvernement a lancé un plan décennal de l’éducation de base, et il participe aux cotés du Mali, du Sénégal et du Niger, avec le soutien du Centre de recherches pour le développement international (CRDI), à la mise en œuvre des programmes de la Fondation Karanta, dont le but est l’appui aux politiques de développement de l’éducation non formelle dans ces quatre pays du Sahel.

Prenant à son tour la parole, M. DONALD MACKENZIE, Directeur adjoint par intérim de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) et Coprésident de la session, a déclaré que les Etats-Unis se sont engagés à soutenir les programmes liés au concept de l’éducation pour tous. L’éducation des filles et l’éducation contre le VIH/sida sont nos priorités, a dit le représentant. Si le Président Bill Clinton était un grand partisan de l’éducation, le Président Bush est en train de démontrer qu’il sera un fervent défenseur de l’éducation pour tous. Cette éducation pour tous n’a cependant aucun sens si les pays concernés eux-mêmes ne prennent pas en charge l’avenir de leurs enfants. Le Burkina Faso, a par exemple, compris que les villages les plus reculés devaient bénéficier de structures et de programmes d’éducation pour tous, qui, pour réussir, doivent bénéficier de la participation de toute la société civile. Les plans d’action nationaux doivent être fondés sur un large consensus national, comme cela a été démontré au Burkina et dans quelques autres pays, et aux Etats-Unis, nous pensons que les femmes et les filles, qui sont des agents économiques essentiels, doivent être prises en compte dans ces programmes. Des femmes mieux éduquées assurent aux pays de meilleures pratiques sanitaires, agricoles et familiales.

Quant à la question du VIH/sida, notre expérience en Afrique nous a permis d’en voir l’impact sur les sociétés. Pendant longtemps on a cependant trop sous-estimé la pandémie et ses conséquences. L’éducation des filles permettrait de mieux les protéger de la contamination. La prévention s’impose. Le capital humain nécessaire à l’éducation est malheureusement en ce moment même, décimé par la pandémie. Il y a eu une augmentation du taux d’inscription scolaire primaire dans les PMA au cours des dernières décennies, et il est aujourd’hui de 80% en moyenne, mais 20% qui ne sont à l’école, et dont le nombre dépasse 100 millions, ainsi que les 800 millions d’adultes analphabètes dans les pays du Sud, sont des chiffres inacceptables. Les Etats-Unis pensent qu’il faut agir rapidement pour redresser cette situation.

M. KOICHIRO MATSUURA, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a souligné qu’au-delà de toutes les solutions que l’on pourra trouver au cours de cette Conférence, il en est une qui est la clé de beaucoup d’autres, c’est l’éducation. Il a rappelé, dans ce cadre, que le Forum de Dakar a validé le concept d’une éducation formelle et non formelle comme élément clé de toute stratégie d’élimination de la pauvreté. Soulignant que la mondialisation, qui place la connaissance au cœur de la croissance économique, rime avec marginalisation pour une majeure partie de la population du globe, le Directeur de l’UNESCO a estimé que l’éducation n’est plus seulement un droit fondamental mais une condition préalable à tout développement, à la réduction du chômage et de la pauvreté, au progrès social, à la promotion des valeurs démocratiques et à la promotion d’une paix durable.

Encore faut-il, a-t-il précisé, que toutes les garanties de qualité lui soient données. Car, la nouvelle conception de l’éducation ne se limite plus à savoir lire, écrire et compter ou à faire un métier. L’éducation doit rendre l’individu capable de répondre à un environnement social, économique, technologique et culturel en constante évolution et de créer chez lui des aptitudes à apprendre à apprendre, à apprendre à faire, à être et à vivre ensemble tout en respectant son identité propre laquelle passe par l’enseignement en langue locale. Ceci signifie, a expliqué le Directeur de l’UNESCO, que l’éducation s’adresse à tous, femmes, hommes, enfants et adultes. Il s’agit donc d’un processus et d’une arme puissante contre la pauvreté puisqu’elle offre les capacités, les compétences, les attitudes et les valeurs qui aideront à surmonter les contraintes.

Aujourd’hui, s’est félicité le Directeur de l’UNESCO, l’éducation de base pour tous est inscrite au plus haut niveau de l’ordre du jour international en faveur de l’élimination de la pauvreté. L’exemple des pays comme le Bangladesh, le Brésil et l’Egypte qui allouent plus de 6% du PNB à l’éducation montre que les choses sont possibles tout l’exemple du Sénégal qui vient d’achever son premier plan national. La situation des PMA, a insisté l’orateur, appelle à une mobilisation renforcée des ressources et des volontés.

En cela, le Cadre d’action de Dakar est clair. Il affirme la responsabilité des gouvernements des PMA qui doit travailler, au niveau national, avec la société civile, les communautés locales et le secteur privé, et au niveau international, avec les partenaires du développement dont les organisations multilatérales. Le cadre de Dakar souligne aussi l’urgence de préparer des plans nationaux pour l’éducation pour tous au plus tard en 2002 et encourage les partenaires de l’éducation pour tous à tirer parti de l’élan actuel en faveur de la coopération et du travail réseau.

Depuis le Forum de Dakar, l’UNESCO a multiplié les initiatives au titre desquels il faut citer la mise en place d’un observatoire pour distribuer les données nécessaires à l’établissement des priorités et coordonner la mobilisation des fonds. Mais la mission première de l’UNESCO est de faire en sorte que l’élan actuel ne faiblisse pas et que l’ensemble des partenaires maintienne les yeux rivés sur les objectifs fixés sur 2015. Le Directeur de l’UNESCO a terminé en soulignant, une nouvelle fois, le rôle de la société civile et des ONG.

M. RUBENS RICUPERO, Secrétaire général de la CNUCED, a remercié l’UNESCO pour son aide à l’organisation de ce débat interactif, qui est une innovation. Cette Troisième Conférence sur les PMA doit aboutir à des résultats concrets, a dit M. Ricupero, sur tous les thèmes qui ont été inscrits à son ordre du jour. Nous attendons que les discussions que nous tenons nous permettent de dégager des solutions aux problèmes qui se posent, c’est pourquoi nous demandons aux participants de réagir aux avis et aux points de vue qui sont avancés par les différentes délégations. L’éducation a estimé M. Ricupero, n’est pas seulement l’outil du développement, elle est aussi l’aboutissement d’un développement. L’éducation doit devenir permanente au cours de la vie de chaque être humain. L’idéal serait que l’on arrive à doubler le nombre des personnes éduquées d’ici à 2015 et que les filles et les femmes bénéficient des mêmes opportunités que les garçons et les hommes. Nous avons mis au point, avec le soutien de la Banque mondiale, l’UNESCO et les Gouvernements du Mexique et du Brésil, un cadre d’éducation que nous voulons mettre à la disposition de tous les PMA. C’est un programme appelé « MISA, qui s’attache à donner une éducation à tous les enfants d’une famille en récompensant les familles pour le soutien et l’assistance qu’elles apportent à leurs enfants. Au Mexique, c’est le Gouvernement qui verse cette prime aux familles. Dans les pays d’Afrique, nous comptons inscrire les fonds nécessaires à ce programme dans le cadre des initiatives de réduction de la pauvreté.

M. SADIG RASHEED, Directeur de la Division des programmes du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a déclaré que l’UNICEF voulait arriver à l’éducation de tous les enfants du monde. L’éducation des filles est cependant la priorité que s’assigne l’UNICEF pour les quatre prochaines années, a dit M. Sadig Rasheed. Dans cette optique, nous avons créé des partenariats avec des ONG et des mouvements de la société civile. Même dans les zones en conflit, nous nous efforçons de mettre en oeuvre ce programme. Il faut mettre fin aux discriminations dont sont victimes les filles. Il est anormal que deux tiers des enfants privés d’école soient des filles. L’UNICEF a estimé que 7 milliards de dollars sont nécessaires pour mettre fin aux inégalités garçons/filles et arriver à l’égalité des genres. L’UNICEF coordonne une campagne lancée après le Sommet de Dakar qui vise à intégrer la question de l’éducation des filles dans tous les programmes du système de l’ONU.

A son tour, M. ROGER DEHAYBE, Administrateur général de l’Agence intergouvernementale de la francophonie, a souligné qu’à Dakar, des pistes concrètes ont été définies dans le contexte de la mondialisation qui exige un repositionnement des problèmes d’éducation. La Francophonie et l’UNESCO, a-t-il dit, travaillent aujourd’hui ensemble à la réflexion sur la diversité culturelle au centre de laquelle se trouve l’éducation. Au moment où l’on s’interroge sur la maîtrise des contenus éducatifs par les Etats, le secteur privé a déjà fait de l’éducation et de la culture un produit commercial. La question est de savoir comment préserver la place de l’Etat quand la mondialisation offre la possibilité de diffuser des modules éducatifs stéréotypés.

Mme DINA CRAISSATI, Expert de l’Egypte, a présenté le document thématique sur l’éducation élémentaire non formelle et l’éducation scientifique et technique. Elle a ainsi estimé que l’éducation non formelle constitue la preuve de l’élargissement de la vision de l’éducation. Ce type d’éducation est important dans le sens où elle s’adresse aux exclus, aux désavantagés et aux groupes vulnérables. Elle est différente de l’éducation non formelle traditionnelle dans ce sens qu’elle part du postulat que l’individu représente une valeur en tant que tel et non en tant qu’être capable d’assumer des fonctions économiques. Dans ce sens, l’éducation non formelle touche à deux questions qui sont d’une importance cruciale pour le renforcement des capacités dans les PMA, à savoir la promotion de la femme et de la démocratie. Sur l’éducation scientifique et technique, Mme Craissati a expliqué de quelle manière elle doit traiter de deux problèmes, l’un lié à l’éducation secondaire et l’autre, au monde du travail.

Mme MONIQUE FOUILLHOUX, Représentante de l’Internationale de l’éducation, a déploré qu’à une époque où les enfants et les adolescents sont les victimes du VIH/sida, l’éducation sexuelle soit souvent refusée aux jeunes sous prétexte qu’elle les pousserait à multiplier leurs activités sexuelles. Or, a-t-elle dit, les chiffres d’ONUSIDA montre que cette éducation a l’avantage de retarder l’âge des premiers rapports sexuels et diminue ainsi le taux des grossesses précoces et le nombre des maladies sexuellement transmissibles. Pour la représentante, il est donc indispensable que l’école ne soit pas confinée à un rôle de formation de futurs travailleurs mais devienne également la créatrice d’hommes et de femmes égaux, autonomes, solidaires et critiques et aptes à prendre des décisions en connaissance de cause. Il est essentiel de former les enseignants et de mettre à leur disposition le matériel didactique nécessaire. A son tour, M. STEVE PARKER, Département du développement international du Royaume-Uni, a souligné cinq points dont le premier concerne la meilleure compréhension que l’on a du rôle de l’éducation comme élément de la réduction de la pauvreté. Il a cité en exemple l’Ouganda où l’éducation est un pilier du programme d’élimination de la pauvreté. Il a salué le fait que de plus en plus souvent la planification sectorielle de l’éducation couvre plusieurs problèmes liés à la pauvreté comme la lutte contre le Sida, la prévention des conflits ou encore l’accès aux technologies de l’information.

Mme CHRISTINE HEMRICK, Vice-Présidente de Strategy Technology Policy, Cisco Systems, a dit que l’éducation par des moyens électroniques pouvait être adaptée aux PMA. Ce serait une erreur pour ces pays de négliger les apports qu’ils peuvent recevoir des technologies d’information et de communications. Les programmes peuvent être adaptés aux besoins locaux et servir à une amélioration notable de l’enseignement. La flexibilité de la méthode laisse à chaque étudiant le loisir de moduler lui-même l’allure et le contenu de ses cours. Le développement du système peut être coûteux, mais ce n’est pas une raison pour totalement rejeter cet enseignement à distance. L’Institut d’enseignement en ligne lancé il y a quelques années par Cisco Systems fournit aujourd’hui gratuitement ses prestations à un certain nombre de pays. Les PMA pourraient en profiter.

Mme YVETTE STEVENS, Coordonnatrice spéciale pour l’Afrique et les PMA, a dit que le diagnostic de l’enseignement dans les PMA était posé. La science et la technique sont extrêmement importantes, a-t-elle dit, et les PMA doivent s’efforcer de les acquérir. Nous mettons à la disposition des participants à la Conférence un rapport sur la maîtrise des sciences et techniques qui pourra leur servir.

Débat interactif

Le représentant de la Banque mondiale a donc appelé la communauté internationale à être plus imaginative dans la mobilisation des ressources et à solliciter notamment le secteur privé pour financer des projets. Les 7 milliards nécessaires à l’universalisation de l’éducation correspondent aux dépenses militaires annuelles du monde et neuf minutes de spéculations financières internationales, a fait remarquer, pour sa part, la représentante de la Commission européenne. Constatant que les fonds sont là et que seul manque le consensus sur les moyens de réaliser les objectifs fixés, elle a souhaité que le monde sorte de l’inertie et apporte une solution mondiale au problème politique mondial qu’est l’éducation.

Les PMA doivent démontrer qu’ils restent attachés aux objectifs de Dakar, a dit la représentante des ONG travaillant sur les thèmes de la Conférence PMA III et son projet de plan d’action. Concernant l’éducation, cette question doit recevoir la place qui lui revient dans le nouveau programme d’action qui sera adopté à la fin de PMA III. La Conférence doit lancer un appel aux parties en conflit dans les zones en guerre pour qu’elles s’efforcent d’épargner les structures d’enseignement et de permettre aux enfants de recevoir l’enseignement dont ils ont besoin. Quant aux PMA qui ont des budgets de défense ou d’achat d’armes importants, nous leur recommandons de diminuer ces dépenses en faveur des structures d’éducation et recommandons que la Conférence l’inscrive dans le programme d’action, qui lui-même, doit respecter les grandes lignes et dates butoirs du Plan de Dakar. Intervenant à sa suite, le représentant de l’USAID a déclaré que l’information sur les techniques de sensibilisation des enfants à la question du VIH/sida était abondante, mais le coût des transports empêchait souvent la distribution ces brochures et ouvrages existants. La voie numérique semble la plus prometteuse, de par sa vitesse et la quantité d’informations qu’elle peut transmettre, aussi l’USAID fournira à des centres nationaux les moyens de recevoir ces informations numériques.

La représentante de la Fédération internationale des femmes universitaires a dit que le lien entre l’éducation et la mondialisation était l’objet de réflexions lancées au sein de l’Association à qui son statut consultatif auprès du Conseil économique et social de l’ONU (ECOSOC) permettra de partager le résultat de ses recherches. L’Association compte aussi lancer une étude sur la place des femmes dans les techniques d’enseignement et d’apprentissage en période de mondialisation. Il faut apprendre aux femmes à profiter des connaissances qui sont disponibles au grand public sur les réseaux numériques. Le représentant de la Confédération syndicale mondiale de l’enseignement a plaidé pour un meilleur respect du rôle des enseignants. La qualité de l’enseignement dépend souvent de l’environnement de travail. Il n’est pas normal que des enseignants soient obligés d’avoir un deuxième métier pour pouvoir survivre.

Le représentant d’un groupe ONG internationales a estimé qu’il fallait faire participer les jeunes eux-mêmes à la formulation de nouveaux programmes d’éducation. L’éducation entre égaux, surtout entre filles de différents âges et expériences, permet la transmission de connaissances dans une atmosphère détendue et peu coûteuse. Des expériences de ce type ont lieu en Afghanistan et dans certains pays d’Amérique centrale. La défense de l’environnement a permis de découvrir les capacités d’initiatives et d’action des jeunes, a-t-il estimé. Le représentant de l’Afghanistan a dit que des possibilités d’éducation devaient être offertes aux jeunes vivant dans des zones de conflit. L’ONU devrait utiliser tous les moyens de pression possibles pour qu’aucune autorité, même celle des Taliban, ne puisse priver les jeunes d’éducation. Parfois aussi, certains cadres ne peuvent terminer la formation qu’ils ont commencée du fait de conflits. Des possibilités de formation devraient leur être offertes à l’étranger par la communauté internationale dans la perspective de la reconstruction de leur pays une fois les guerres terminées. Le représentant de la République de Corée a appelé la communauté internationale à donner la priorité aux investissements dans le renforcement des capacités, but de l’éducation. L’aide peut être technique et humaine, notamment pour améliorer l’accès des PMA aux nouvelles technologies de l’information et de la formation.

Concluant le débat, M. RASHEED a relevé un consensus sur la nécessité de souscrire à des engagements à tous les niveaux, celui des PMA et des partenaires du développement. La priorité à l’éducation ne peut être assurée sans ce genre de solidarité et sans action décisive. Le consensus porte sur le fait que la communauté internationale a sous-investi dans l’éducation et l’objectif d’y investir 20% des budgets nationaux est loin d’être atteint puisque les PMA n’y consacrent que 11%.

De son côté, M. DEHAYBE a souligné le consensus a été celui qui s’est fait sur la nécessité de mettre d’urgence l’accent sur l’éducation des filles. Il y avait aussi une vue unanime quant au besoin de placer les jeunes à l’avant-garde des programmes d’éducation. Tous les intervenants ont souhaité des partenariats efficaces, au plus haut niveau.

__________
* Les recommandations du Cadre d’action de Dakar figurent dans un document de l’UNESCO en date du 16 mai 2001



* *** *

VOIR CETTE PAGE EN :